Comme le veut la tradition, la ministre des Finances, Caroline Wawzonek, portait d’élégantes chaussures neuves (achetées dans une boutique indépendante des TNO) pour présenter son budget, le 4 février. Elles étaient bien belles, certes, mais on ne voudrait pas se trouver dedans.
Le gouvernement est pris entre l’arbre et l’écorce avec la présente conjoncture économique. Le cout de l’administration des services publics ne diminue pas, mais les revenus, eux, dégringolent. Cette année, avec des mines en déclin qui ont été fermées une bonne partie de l’année et un secteur pétrolier réduit à une peau de chagrin, on a presque pas tiré de revenus des ressources. Ils représentent moins de 1 % des recettes de l’État. Par ailleurs, parce qu’on a voulu donner un peu de répit aux entreprises éprouvées par la pandémie, la diminution du taux d’imposition des sociétés fait en sorte que cette source de revenus est aussi à peu près inexistante.
Heureusement le grand frère fédéral, qui a longtemps profité des revenus tirés de nos ressources, comble le manque à gagner avec ses transferts, mais cette situation nous replonge dans l’état de tutelle fiscale qui prévalait avant la dévolution de responsabilités additionnelles au territoire. Ce n’est pas une situation enviable.
Alors que notre économie-ressource poursuit sa décroissance, la fameuse diversification de l’économie ne semble pas être prête de se concrétiser non plus. Et tant que nos frontières resteront fermées, il serait naïf de croire qu’on attirera ici les investissements dont nous avons tant besoin.
Alors que nous semblons foncer tout droit dans un mur économique, nous continuons d’emprunter. Il ne faut pas être un très fin planificateur financier pour constater que cette situation est intenable.
Or, si la problématique est facile à cerner, les solutions, elles, ne sont pas simples à élaborer. Hormis plaider sa cause au fédéral, le gouvernement territorial ne dispose pas de grands leviers pour augmenter ses recettes. Avec notre petite population, l’augmentation des impôts, une mesure qui déplairait à coup sûr, n’aurait qu’un faible impact sur les revenus et risquerait d’encourager les résidents à aller voir ailleurs si l’herbe y est plus verte. Des ajustements au régime de royautés sur les ressources naturelles auraient dû être réalisés des décennies plus tôt, mais dans le contexte actuel, cela ne ferait que faire fuir les investissements.
On aura beau s’efforcer de couper dans les dépenses, ce n’est pas comme si nous avions de bien grandes économies à réaliser, alors que nous ne faisons à peu près pas de dépenses frivoles. Mettre la hache dans le secteur public? C’est notre principal moteur économique, alors n’y pensons pas.
Le gouvernement se trouve dans une difficile posture et ce n’est pas de sa faute. Il a hérité d’un système qui a trop longtemps mis tous ces œufs dans le même panier et maintenant que nous trébuchons, la couvée est gâchée.
Décidément, ça ne doit pas être confortable de chausser les bottes de la ministre des Finances des TNO en ce moment.