La tragédie des inondations dans le Dehcho a grandement secoué les Ténois. C’est déchirant de voir les images du joli village de Jean Marie River en bonne partie détruit par la crue et celles des résidents de Fort Simpson sous les tentes. Nos pensées accompagnent toutes les familles éprouvées par le sinistre.
Bien entendu, les collectivités disposent toutes de plans d’urgence, mais il semble que l’ampleur de la catastrophe n’ait pas été complètement anticipée. En témoigne l’évacuation du cœur villageois de Fort Simpson et l’absence de matériel adéquat pour recevoir les déplacés hors de l’ile. À l’évidence, on ne prévoyait pas que ce secteur en entier puisse faire l’objet d’une évacuation et une certaine désorganisation a pu transparaitre. Deux jours après que les sirènes aient retenti dans le village, le site Web du ministère des Affaires municipales et communautaires demandait toujours aux déplacés de s’enregistrer au centre récréatif, lui-même évacué.
Pourtant nous savions que le niveau des lacs et rivières du bassin versant du Mackenzie était nettement plus élevé que la norme. Déjà l’an dernier, on avait eu un aperçu du péril qui nous guettait avec les inondations dans certains secteurs de trappe du Slave Sud et l’évacuation de la vieille ville de Hay River. Bien que l’ampleur de la catastrophe à Jean Marie River et à Fort Simpson ait éclipsé ces drames parallèles, il n’est pas anodin de préciser que ces deux situations se sont produites à nouveau cette année. Encore plus de résidents de Hay River et pour une plus longue période ont dû quitter leurs logis et les inondations au sud de Fort Resolution ont notamment affecté le parc territorial Little Buffalo River Crossing.
Si, comme le prévoit le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, les eaux hautes sont là pour rester et que ce débit constitue notre nouvelle donne, alors il faut anticiper que le genre de catastrophe que nous avons vécu dans le Dehcho cette année se reproduira et, peut-être, à une fréquence plus soutenue. Il ne suffit donc pas de rebâtir ce que cette crue a emporté, il faut également se préparer pour les prochaines. Si des quartiers et des collectivités entières doivent être réaménagés, voire déplacés, il faut le savoir et mettre en place les travaux dès que possible.
Alors que le dégel se poursuit dans la vallée du Mackenzie, notre attention se porte maintenant vers les collectivités riveraines plus au nord, notamment Fort Good Hope et Aklavik que l’on sait sujettes aux inondations. Nous espérons que la tragédie du Dehcho servira d’avertissement et que les autorités de ces localités s’affairent à réviser leurs plans d’urgence. Dans les circonstances, errer du côté de la prudence apparait comme un zèle nécessaire.