Après toutes ces années de loyaux services, Michael McLeod n’a toujours pas été nommé à la tête d’un ministère quelconque. Ni à celui des Services aux Autochtones (détenu par Patty Hajdu), ni aux Affaires du Nord (Dan Vandal), ni aux Relations Couronne-Autochtones (Marc Miller). Comme quoi l’adage de Vladimir Nabokov, qui stipule que l’on ne confie pas des cours de biologie sur les pachydermes à des éléphants, s’applique ici avec force… même si les plumes virtuelles dont s’est paré Marc Miller avec son discours en Mohawk à la Chambre des communes il y a quelque temps a dû faire larmoyer et tournoyer Kateri Tekakwhita elle-même…
Du lot de nouveaux ministres, seul Marc Vandal semble représenter légitimement les Autochtones. D’origine métisse, en provenance du Manitoba, saura-t-il défendre adéquatement l’ensemble des Nations dans ce conseil des ministres nettement en manque de représentativité autochtone ? On l’espère et on lui souhaite bonne chance.
Sinon, un autre conseil des ministres qui ressemble plus à un brassage de cartes qu’à un renouveau du visage politique du gouvernement, du pouvoir. Un exercice de cochage de case, ratio homme-femme, minorités visibles et invisibles, le tout sanctionné par la rectitude politique érigée en valeur absolue.
Parlant d’héroïnes en pleines pirouettes, une qui a dû faire quelques saltos arrières dans l’au-delà est certainement… Aline Chrétien. Son tristement célèbre époux en a fait sourciller plus d’un lors de son passage à Tout le Monde en parle, dimanche dernier (pour les curieux, voici le lien : https://ici.radio-canada.ca/tele/tout-le-monde-en-parle/site/segments/entrevue/376047/livre-mes-nouvelles-histoires). Lors de son entrevue, il a comparé son passage dans une résidence scolaire (un pensionnat huppé pour petits-bourgeois bienpensants) à l’internement de jeunes Autochtones dans les tristement célèbres pensionnats indiens, disant qu’il en avait mangé, lui aussi, des « bines » (mais ses fèves au lard étaient servies chaudes et appétissantes, alors que celles offertes aux Autochtones étaient de nature punitives…). Ceci de la bouche de l’ancien ministre aux affaires indiennes (de 68 à 74), ex-ministre de la Justice, et rien de moins que le premier ministre du Canada de 93 à 2003. Lorsque l’on est déconnecté de la réalité, le pays des illusions est fort tentant.
Comment va réagir Michael McLeod face à ce nouvel affront, ce nouveau rejet ? Va-t-il se représenter aux prochaines élections, pour se faire encore une fois damer le pion par des arrivistes du sud, des membres du club des copains de Justin (s’il est réélu, bien entendu) ? Le premier ministre Trudeau commence à mener sa barque tel son autocrate de père, tout en se pliant aux diktats de l’opinion publique. L’image prime sur la substance. Est-ce la voie rêvée vers la Réconciliation ? Pas sûr qu’un vieux de la vieille comme M. McLeod soit équipé pour faire face à cette génération de politiciens ironiques. Peut-être lui faudra-t-il tendre le flambeau à la nouvelle génération, Kevin Kotchilea en tête de liste…