Un autre legs abandonné, voire trahi, du père par le fils. Non, il ne s’agit pas d’une histoire de l’Ancien Testament ni d’une tragédie de Shakespeare. Il s’agit de la saga familiale de la über-pragmatique famille Trudeau, plus spécifiquement le défunt Pierre-Elliot et son fiston Justin. En adepte de la réalpolitique fédérale, faisant face aux pestes séparatistes, Trudeau père a élaboré une approche visant à transformer, ne serait-ce qu’esthétiquement, le Canada en un pays officiellement bilingue. Que reste-t-il de cette belle et noble philosophie ? Ohhh, les groupes minoritaires restent et persistent, subventionnés tant par leur province/territoire que par le fédéral. Mais en termes de statut officiel, seul le Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue, le reste du territoire étant officiellement anglais (hormis, bien sûr, le Québec, où règne le français). Il est à signaler que le Nunavut compte trois langues officielles, soit l’inuktitut, l’anglais et le français !
Sous la gouverne du non-moins realpolitiker Justin Trudeau, le pragmatisme linguisticopolitique en prend pour son rhume. Sous sa gouverne, des institutions nationales comme Air Canada décident d’opter pour un PDG unilingue anglophone, Michael Rousseau. Là où le bât blesse est de constater que M. Rousseau habite depuis longtemps en banlieue de Montréal, son épouse et sa fille parlant la langue de Gabrielle Roy, mais lui n’a jamais eu le temps d’apprendre les rudiments du français… et qu’il se débrouille parfaitement comme unilingue anglophone à Montréal.
Et Chrystia Freeland, en bonne vice-première ministre, de demander officiellement que M. Rousseau apprenne le français. Mais nous en sommes déjà à la deuxième prise pour ce gouvernement. N’oublions pas la nomination de Mary Simon à titre de gouverneure générale. Une autre non-francophone sommée à plus ou moins long terme à apprendre le français.
En apparence, les liens entre les TNO et ces nominations peuvent paraitre tirés par les cheveux. Mais inversons simplement la donne. S’il est facile pour un unilingue anglophone de vivre sans soucis aucun dans l’une des métropoles du pays, donnerions-nous cher pour la peau d’un unilingue francophone vivant à Yellowknife ? Qui n’apprendrait aucune phrase, aucun mot dans la langue de Shakespeare au fil des ans, vivant en totale autarcie linguistique ? Poser la question, c’est y répondre d’emblée. Deux poids deux mesures dans ce Canada « coast-to-coast ».