Chaque mois de mars, dans les bourrasques tardives de l’hiver ténois, un drapeau s’élève, discret mais tenace : le flocondelisé. Inspiré par la neige et enraciné dans un environnement on ne peut plus nordique, il affirme la couleur de la francophonie. Son apparition donne à ces terres septentrionales une résonance toute particulière, car comme un flocon isolé, fragile et poétique, la francophonie ne prend véritablement sa force que lorsqu’elle se rassemble.
Lors des multiples spectacles offerts aux Territoires, mais aussi durant la conférence Francophonie en résonance dans le hall de l’Assemblée législative, cette fierté francophone s’est pleinement exprimée. Dans les mots d’Audrey Fournier, dans les engagements du Collège nordique, dans les revendications juridiques de Me Roger Lepage, une idée revenait : parler français aux TNO n’est pas une évidence, c’est un choix. Un choix exigeant, mais profondément porteur.
Ici, au cœur du territoire, la langue française ne se replie pas sur elle-même. Elle tend la main. Elle s’ouvre aux cultures autochtones, elle se laisse transformer par les parcours migratoires, elle dialogue avec le wiiliideh, le tłı̨chǫ, l’anglais du quotidien. Elle ne survit pas, elle danse pleinement, à travers ceux et celles qui enseignent, traduisent, racontent, chantent et rêvent en français.
Sous le flocondelisé, nous cultivons nos racines, et nous semons aussi pour demain. Il n’y a pas de petit territoire pour de grandes ambitions. La francophonie ténoise est bien vivante, plurielle, inventive, participative. Elle le sera tant que nous continuerons à l’animer, à l’investir, à la faire résonner dans les institutions, les écoles, les foyers et les sentiers.
Alors que mars se termine et que le vent veut trouver le printemps, le flocondelisé flotte dans le ciel du Nord. Non pas comme un étendard figé, mais comme une promesse en mouvement.