L’école de la communauté de Wha Ti a été construite en 1984, regroupant des élèves de la maternelle à la 10e année; on est à agrandir le bâtiment afin d’y ajouter une classe de 11e année dès septembre prochain.
Cent dix-huit enfants fréquentent l’école communautaire de Wha Ti. Dès l’an prochain, avec l’ajout de la 11e année qui aidera, on espère en accueillir entre cent trente-deux et cent cinquante.
Engagé comme conseiller scolaire en 1992, Mike Nitsiza constate une baisse significative du taux d’absentéisme depuis son arrivée. «Avant mon arrivée, entre 70 et 80 % des élèves se présentaient en classe, alors qu’aujourd’hui, ce sont entre 80 et 90 % des élèves qui fréquentent notre établissement», explique-t-il.
M. Nitsiza ajoute qu’il se réjouit aussi de l’amélioration de la qualité de l’ambiance qui règne à l’intérieur de l’école.
«Au tout début, cet endroit était sens dessus dessous. Il y avait des jeunes qui couraient partout et criaient à tue-tête dans les corridors.
Maintenant, c’est un environnement paisible qui rend leur apprentissage beaucoup plus agréable.»
Pour en arriver là, le personnel de l’école a dû se serrer les coudes et exécuter un travail d’équipe exemplaire. Le résultat obtenu se veut le fruit de plusieurs réunions, de plusieurs rencontres avec les parents et de plusieurs heures consacrées à réfléchir à une approche adéquate qui permettrait de capter l’attention d’un public plutôt distrait.
«Il faut intéresser les parents à l’éducation de leurs enfants. Trop souvent, ils sont plus intéressés à aller pêcher et chasser», raconte M. Nitsiza qui a été l’instigateur d’une approche à la fois confrontante et responsabi-lisante.
«Si les jeunes ne veulent pas travailler qu’est-ce qu’on peut bien faire?
Il a fallu leur faire comprendre que leur attitude était complètement inacceptable. Pour ce faire, je me suis mis à les imiter, alors là, ils se sont bien rendus compte du ridicule de leur comportement. Aussi, a-t-il fallu faire venir quelques parents qui s’assoyaient tout simplement dans la classe et qui assistaient aux cours.»
Cette approche est d’autant une réussite qu’elle a eu le mérite de faire d’une pierre deux coups. Elle aura à la fois discipliné les enfants et réussi à sensibiliser davantage les parents à l’importance de l’éducation.
Par ailleurs, l’agrandissement de la bâtisse permettra non seulement d’intégrer une classe de 11e et de 12e l’année suivante, mais permettra aussi d’accueillir les adultes intéressés à retourner sur les bancs d’école.
Selon M. Nitsiza, le manque d’attention envers leurs besoins spécifiques serait une des causes de la démotivation et du désintérêt des élèves. Dans le meilleur des mondes, il faudrait accorder une attention particulière à chaque élève à problèmes. C’est un travail laborieux, méticuleux qui ne peut malheureusement pas être fait à la perfection.
«Il est fréquent de devoir changer un élève de niveau parce qu’il ne correspond plus au bon groupe d’âge. Mais cette une arme à double trachant puisque bien que le jeune se retrouve entouré de camarades de son âge, il se sent diminué parce qu’il ne peut suivre la matière enseignée», indique M. Nitsiza.
D’ailleurs, les connaissances des jeunes qui fréquentent les établissements scolaires des commuanutés du nord sont en général inférieures à celles des jeunes résidants du sud. Cela constitue un problème, entre autres, lorsque les jeunes quittent leur communauté pour aller étudier à Yellowknife ou tout autre ville canadienne. La plupart du temps, ces jeunes se découragent et reviennent dans leur communauté.
Mary Anne Gauthier, conseillère en drogue et alcool, indique que l’an dernier seulement une étudiante a obtenu son diplôme d’étude secondaire.
Lorsqu’elle a quitté la communauté pour aller étudier à l’extérieur, elle a tenu le coup seulement deux mois.
«C’est difficile pour eux. Non seulement parce que la matière est plus poussée, mais aussi parce qu’ils s’ennuient énormément. Les jeunes se sentent perdus dans une grande ville. Ils trouvent que c’est bruyant. Ils veulent donc retrouver le calme et surtout la sécurité de leur communauté», explique-t-elle.
Néanmoins, le bateau semble se diriger dans la bonne direction. Plus d’élèves se présentent à leurs cours, l’école grandit et l’ambiance y est agréable.
«Il ne faut pas être trop exigeant. Il faut voir ce qui a été accompli et non pas ce qui reste à faire», conclut M. Nitsiza.