À Inuvik, les élèves sont gâtés. En effet, ils ont le choix entre trois langues secondes à l’école : le français, l’inuvia-luktun et le gwich’in. À l’école Sir Alexander Mackenzie, l’école primaire, environ 125 élèves de la première à la sixième année choisissent le français comme langue seconde et à l’école secondaire Samuel Hearne, environ une cinquantaine en font autant, de la septième à la onzième année.
Pour la plupart, leurs parents en ont décidé ainsi. D’autres suivent leurs amis ou choisissent ce qu’ils pensent être la classe qui exigera le moins de travail. En effet, les élèves ont la possibilité de changer de langue seconde à chaque année.
Cette très grande liberté de choix peut sembler idéale à prime abord, mais soulève un problème de taille pour les professeurs : la grande diversité des capacités et des connaissances entre les élèves d’une même classe. On se retrouve avec une classe composée d’élèves très familiers avec la langue française côtoyant des novices en la matière. Adapter le cours pour un groupe aussi peu homogène peut parfois sembler un vrai casse-tête. M. Denis Ouellet, professeur de français à Samuel Hearne et M. Steve MacFadyen, de l’école Sir Alexander Mackenzie, semblent bien se débrouiller et peuvent compter sur l’aide d’un moniteur ou d’une monitrice à chaque année. J’ai eu la chance de remplir cette fonction l’année dernière et encore cette année, et je peux apprécier le défi que cela représente.
Il y a encore beaucoup de travail à accomplir à Inuvik afin de populariser le français, surtout à l’école secondaire. Souvent quand on pose la question « Pourquoi avez-vous choisi le français? », la réponse automatique est : « Mes parents m’ont obligé ». Par contre, le fait d’avoir le programme des moniteurs de langues officielles et l’émergence de l’association des francophones du delta du Mackenzie contribuent grandement à changer la perception de la population face au français.
Bien sûr, ce n’est pas toujours bien vu de converser en français dans un endroit public, mais les changements s’amorcent dès l’école primaire. En aidant les enfants et les adolescents à être fiers de pouvoir parler français, il est possible de garder notre langue bien vivante même ici dans le Nord.