La mine Diavik a remis aux participants de son programme de formation un diplôme, une casquette et un polar à l’effigie de la mine de diamant. Treize jeunes sont maintenant prêts à passer l’examen du ministère de l’Éducation.
« Gardez vos valeurs. » La voix coupée par l’émotion, Patrick McBride, enseignant, a mis un point final le 8 juin dernier au programme de formation en construction de la mine de diamant Diavik offert à 13 jeunes en provenance de Wekwekti, Gameti et Wha Ti. Au cours de huit semaines, la communauté de Wekwekti s’est transformée en chantier pour donner naissance à une salle communautaire. Les apprentis plombiers, charpentiers et électriciens n’ont pas qu’élever des murs de bois ; ils ont accru leurs chances d’atteindre de nouveaux sommets.
« Mon travail maintenant est de vous présenter votre nouvelle équipe : Diavik. C’est votre propre décision d’y prendre part ou non », a annoncé aux nouveaux diplômés le gestionnaire du centre de formation de Diavik, Glenn Zelinski. Des rencontres individuelles étaient prévues au cours de la journée. Les dirigeants de la mine veulent jeter les fondations d’un métier pour ces étudiants qui, au départ, n’étaient pas outillés.
« Ces jeunes-là ne sont presque jamais sortis de leur communauté, explique Roger Pilon, plombier et enseignant dans le cadre du projet. Parfois on dirait qu’ils ont 7 ou 8 ans : ils font une erreur et ils sont mal à l’aise. Mais la plupart veulent apprendre. » Ce troisième programme de formation en construction mis sur pied par Diavik et le Collège Aurora, auquel s’est inscrit 20 étudiants, ne cherche pas à produire que des techniciens. « On prépare les étudiants pour l’examen d’entrée du gouvernement, indique Patrick McBride. La moitié de la journée est consacrée à la formation académique. »
Une combinaison qui semble porter fruit. « C’est une bonne expérience de travail, témoigne Justin Washie, 27 ans. Je vois d’où nous venons et où nous allons. Mais cette formation n’a pas servi que les participants, elle nous permet de devenir un exemple pour les générations futures. » Beverly Tsatchia, l’une des trois filles ayant graduées, veut travailler à la mine. « Je suis fière de ce que j’ai accompli. Je voudrais être électricienne ou charpentier. Mais je n’ai que 16 ans, alors je vais commencer par Diavik, puis je verrai si j’aime ou non. » Certains, comme Kevin Mantla, de Gameti, veulent mettre à contribution leurs connaissances au service de leur communauté. « J’ai travaillé durant trois ans pour une compagnie de construction à Gameti. J’aimerais éventuellement y retourner. Il y a beaucoup de besoins en construction dans ma collectivité. »
Selon Roger Pilon, le programme a atteint ses objectifs, mais il y a encore du chemin à faire. « Beaucoup d’entre eux ne savent pas lire et écrire. Mais au moins ils ont un métier et ils ont les outils pour aller plus loin. » Des possibilités que le plombier de 35 ans, originaire de l’Ontario, n’a jamais eues quand il a abordé la profession.
Une autre étape s’ouvre maintenant pour cette équipe de Wekwekti qui, comme les autres cohortes de Kugluktuk et de Yellowknife, a fabriqué beaucoup plus que des portes ou des fenêtres. « Je crois que toutes les personnes impliquées dans le projet ont eu une chance de grandir », exprime Patrick McBride. Roger Pilon abonde dans le même sens. « J’aime enseigner ce que je sais. Ça m’apporte autant qu’à eux. »