Cynthia Durand rêve de compléter un baccalauréat en éducation. Mais pour l’instant, son projet est en suspens.
Après avoir flirté avec l’idée de s’inscrire à deux ou trois cours à distance avec la Télévision universitaire du Québec, elle s’est finalement ravisée quand elle a vu la facture. « Puisque je suis résidente des TNO, je dois m’inscrire comme étudiante étrangère. Cela implique que les frais de scolarité sont beaucoup plus élevés. Ça me coûte environ 600 $ par cours. »
À contrecœur, Cynthia a choisi de ne s’inscrire qu’à un seul cours lors de la présente session. « Je comprends qu’il y ait des frais supplémentaires pour les gens qui viennent des provinces où il est possible de suivre les cours sur place, dans les institutions locales. Mais aux TNO, on n’a pas le choix : il ne se donne pas de cours universitaires ici, encore moins en français. Je pense qu’on devrait être exemptés des frais vu notre situation », dit-elle.
La jeune femme affirme avoir fait des recherches auprès du service d’aide financière aux études du ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, mais n’a pas rempli de demande de prêt. « J’ai lu la documentation et ça ne semblait pas s’appliquer à ma situation. Les programmes sont pour les gens qui ont complété leurs études aux Territoires. »
Lors d’un atelier du Colloque sur l’éducation postsecondaire, la question de l’aide aux études a été abordée. Selon, Isabelle Salesse, directrice du Sofa, le pendant yukonnais du futur Formacentre, cette question pause des difficultés au Yukon. D’après elle, la grande majorité des étudiants à distance du Sofa qui ont fait des demandes de prêt au Yukon se sont butés à un refus.
Aux TNO, la situation est un peu différente. Il existe bel et bien un programme de prêt accessible aux étudiants ayant complété leurs études secondaires à l’extérieur du territoire et qui souhaitent poursuivre des études postsecondaires à temps partiel. Il s’agit du Programme de remboursement de cours (le formulaire en ligne n’est disponible qu’en anglais). Ce programme offre une aide d’au plus 500 $ par cours, jusqu’à concurrence de 5 000 $.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’un programme de remboursement des frais, il faut donc engager des frais avant de pouvoir faire une demande. Mme Durand, par exemple, pourrait tenter de se faire rembourser, grâce à ce programme, une partie de ses frais déjà engagés. Sa demande sera évaluée en fonction de son lieu de résidence et de son revenu familial annuel. Si elle vit seule, à Yellowknife et qu’elle gagne plus de 47000 $ par année, elle ne sera admissible à aucun remboursement.
À noter qu’il s’agit d’un programme de prêt et non de bourse. Il n’est pas possible d’obtenir des bourses si l’on n’a pas complété au moins cinq années d’études primaires ou secondaires aux TNO, à moins d’être un indien inscrit issu d’une communauté nordique.
Pour les finissants du système scolaire ténois qui souhaitent poursuivre des études en français, il existe aussi un programme bourses taillé sur mesure pour eux. Le programme de « Bourse d’études postsecondaires en français » offre à un nombre limité de demandeurs des bourses d’au plus 1000 $ par session. Ce programme vise plus particulièrement les étudiants inscrits à des études à temps plein, ce qui élimine de facto une bonne part de la clientèle naturelle des études à distance. Il faut, enfin, être âgé de 25 ans ou moins pour être admissible.
Questionné sur les perspectives d’aides financières aux études pour les futurs clients du Formacentre, le directeur général de la Fédération franco-ténoise, Léo-Paul Provencher admet ne pas avoir épluché la question. « On a à voir à ça », dit-il. Il estime néanmoins qu’il est important que les étudiants franco-ténois aient accès aux mêmes avantages que la majorité anglophone.
Quant à Cynthia Durand, elle se dit encouragée par la création prochaine du Formacentre. Si un service d’orientation lui avait été offert pour l’aider dans ses démarches, elle n’aurait pas hésité à en bénéficier.