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le Vendredi 1 février 2008 0:00 Éducation

Un gros déficit à combler partout au pays Conférence sur la littératie à Yellowknife

Un gros déficit à combler partout au pays Conférence sur la littératie à Yellowknife
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Pas moins de quatre personnes sur dix au pays ont une littératie, c’est-à-dire un ensemble de connaissances de base rattachée à la compréhension et à l’utilisation de l’information écrite, sous le seuil acceptable pour bien fonctionner dans la société d’aujourd’hui selon les dernières études dans ce domaine.

L’enjeu de la littératie et les conséquences de ces résultats peu enviables, qui sont ressortis d’une enquête internationale menée en 2003, étaient au centre des discussions de la conférence sur la littératie qui a eu lieu à l’hôtel Explorer de Yellowknife les 29 et 30 janvier et qui a réuni une soixantaine de délégués provenant de divers secteurs d’activité aux TNO.

La littératie représente plus que l’alphabétisme ou la simple capacité de lire ou d’écrire. Le concept n’a aussi rien à voir avec les connaissances littéraires comme pourrait le suggérer la nature même du mot. Selon le dictionnaire de l’éducation Legendre, la littératie « est l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités ».

Cette aptitude peut aller de la compréhension d’un manuel d’emploi au calcul d’un pourboire au restaurant en passant par l’orientation sur une carte géographique.

Scott Mitchell, président de la firme de recherche stratégique DataAngel et qui a œuvré pendant plus de 30 ans à différents postes à Statistique Canada, était le conférencier vedette de l’événement organisé conjointement par le NWT Literacy Council et le réseau de formation professionnelle Wwestnet. Celui-ci a effectué plusieurs recherches dans le domaine de la littératie au fil des années.

Il a expliqué qu’une augmentation de la littératie permet à l’individu d’aspirer à de meilleurs salaires et à de meilleures conditions de vie. De plus, toujours selon ses recherches, les personnes avec un niveau élevé de littératie sont plus propices à rester en santé et ont une meilleure capacité d’adaptation face à des situations nouvelles.

« Les gens qui ont seulement un niveau 1 ou 2 de littératie vont avoir besoin en moyenne de 38 semaines pour se trouver un nouvel emploi suite à une mise à pied. Les personnes au niveau 3, 4 et 5 vont avoir besoin de neuf semaines », a-t-il notamment illustré lors de l’une de ses présentations.

Le lien ne semble pas naturel, mais littératie rime aussi avec prospérité économique, indique M. Murray. À l’heure de la mondialisation où de nombreuses manufactures et usines canadiennes ferment leurs portes pour aller s’établir en Chine et ailleurs à l’étranger, un plus haut niveau de littératie chez le personnel accroîtrait la productivité des entreprises et éviterait des relocalisations dans d’autres pays.

« Ma grosse déclaration politique, c’est qu’avant d’investir de l’argent massivement dans ces entreprises pour qu’elles puissent survivre pendant un certain temps, pourquoi ne pas mettre un petit programme en place pour augmenter les capacités des travailleurs, ce qui serait beaucoup plus bénéfique à long terme pour l’économie », a-t-il déclaré.

Selon ses recherches, il en coûterait 5,6 milliards $ au gouvernement pour éliminer la catégorie d’adultes qui ont un faible niveau de littératie et les ramener au seuil minimal requis. « Les bénéfices économiques, sociaux et de santé seraient si énormes que cet investissement serait rentable sur une période de cinq ans. Il y aurait moins de chômage, des taux de salaire plus élevés à cause des croissances dans la productivité des travailleurs. […] Le calcul économique est rentable »

Le chercheur demeure consterné que l’enjeu ne soit pas pris au sérieux par les gouvernements. Selon lui, les politiciens font la sourde oreille, car ils ont peine à croire qu’une proportion aussi importante de Canadiens soit sous un niveau acceptable. « Ils se disent que ce n’est pas possible », résume M. Mitchell.

Les TNO dans la moyenne

Selon les mêmes recherches de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes, 42 % des adultes aux TNO se situent dans la catégorie à risque. C’est au Nunavut qu’on retrouve le plus de gens sous le niveau minimal de capacité de littératie (72 %) alors que le Yukon a la plus petite proportion (32 %). Les TNO se situent dans la moyenne canadienne.

La constatation la plus préoccupante aux TNO, et qui a grandement été discuté à la conférence cette semaine, est l’écart significatif entre le taux des autochtones et des non autochtones. Si seulement 30% de la population blanche se trouve avec des connaissances de base sous le niveau requis, cette proportion augmente à 69 % chez les Autochtones.

Helen Balanoff, chercheuse au Conseil d’alphabétisation des TNO, est d’avis que la situation des Autochtones est le principal enjeu de la littératie aux TNO. « C’est un écart significatif, mais il y a plusieurs raisons rattachées à cela. Ils ne sont pas allés à l’école assez longtemps et l’anglais est possiblement la langue seconde chez plusieurs d’entre eux. C’est un problème significatif et nous avons besoin d’y jeter un coup d’œil », a-t-elle révélé.