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le Vendredi 7 mars 2008 0:00 Éducation

Éducation à Fort Smith: La communauté choisit l’immersion française

Éducation à Fort Smith: La communauté choisit l’immersion française
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Après une concertation centrée sur les besoins de la communauté en matière d’éducation en français, les parents ayants droit de Fort Smith ont opté pour l’immersion française plutôt qu’un programme de Français langue première. Dès septembre 2008, les enfants francophones et tous les autres intéressés pourront ainsi intégrer une classe d’immersion combinée de maternelle et 1re année. Ce projet pilote sera le premier programme d’immersion instauré au sud du Grand lac des Esclaves.

Laura Aubrey qui est la présidente des Parents ayants droit de Fort Smith a expliqué à L’Aquilon les raisons de cette décision.« Pour nous il n’y avait pas assez de familles ayants droit dans la communauté. Même s’il y avait eu un nombre suffisant d’enfants pour lancer un programme de Français langue première, nous avons trouvé qu’il n’y avait que deux ou trois enfants pour alimenter le programme dans les années subséquentes. Ce n’était vraiment pas assez! Au niveau du gouvernement, même si nous avions fait valoir nos droits, il aurait été difficile d’obtenir des fonds avec de si petits effectifs pour un programme de Français langue première. Nous avons préféré nous diriger vers une solution qui nous permettait d’avoir quelque chose dès la rentrée 2008 », déclare la porte-parole d’une dizaine de familles.

Laura Aubrey assure qu’elle tenait pourtant mordicus à une école française pour ses trois enfants, mais la réalité de sa communauté l’a rejointe et elle assure maintenant que l’immersion est la meilleure des choses pour Fort Smith. « Je suis très contente de cette décision, elle fait l’unanimité et il va en découler un programme qui fonctionne. »

Selon elle, Fort Smith est très différent des autres communautés, du fait de sa population de 2500 habitants et de son petit nombre de francophones. Laura ajoute que la division qui a marqué la communauté de Hay River lors de l’établissement son école francophone était une chose que sa collectivité ne voulait pas expérimenter.

Tout le monde est heureux

Au sein du système scolaire de la ville, ce projet pilote est perçu comme une expansion des services offerts par l’école élémentaire Joseph Burr Tyrrell. Craig Walsh, le directeur de l’école anglophone, déclare qu’il est très heureux d’avoir le privilège d’agrandir la diversité de ses programmes. Il souligne aussi l’aspect incertain de cette classe d’immersion. « Si les inscriptions vont bon train alors le programme sera reconduit pour les années subséquentes avec sensiblement la chance de l’étendre aux classes supérieures », commente-t-il. Ce dernier attribue cette prise de position à un travail de concertation au sein de la collectivité. « Nous avons travaillé ensemble, pour moi c’est le plus important, dit-il. L’école, les parents et le district, nous avons identifié qu’il y avait assez d’engouement positif pour établir une classe combinée. Pour cela nous avons ciblé les personnes susceptibles de s’inscrire à ce programme. C’est-à-dire ceux qui sont déjà en liste pour l’école, les familles avec des enfants âgés entre 1 et 3 ans, mais aussi les femmes enceintes. L’idée n’est pas seulement d’offrir un programme à une certaine cohorte d’élèves, mais de soutenir une ou plusieurs classes dans le futur. Il faut ainsi s’assurer que des élèves intéressés seront toujours présents pour alimenter le contingent de la classe. »

D’autre part, le directeur de l’école JBT se veut ouvert, et rappelle à tous les ayants droit et autres parents combien il est souhaitable qu’ils fassent connaître leur intérêt envers ce programme d’immersion. En effet, si la décision est prise d’aller de l’avant avec un programme d’immersion, il faut encore tout mettre en place pour la rentrée 2008. « La balle est en mouvement. À l’heure actuelle, nous sommes activement à la recherche d’un enseignant pour cette classe. » La sélection du candidat idéal se fera elle aussi en collaboration avec les organismes. C’est un comité chapeauté par la direction de JBT qui conduira les entrevues, avec la participation de francophones et de parents ayants droit. Au dire de Laura Aubrey, il est bien clair pour tous que l’enseignante devra être francophone, car ce critère de sélection est sans aucun doute le pilier de la réussite du programme.

Les commentaires se ressemblent au niveau du Conseil scolaire de division du Slave Sud. Le superintendant met aussi en valeur le bon travail de collaboration entre le regroupement des parents francophones, l’école et le SCDSS. « Nous sommes heureux de pouvoir offrir plus d’options aux parents de Fort Smith. C’est vraiment une chose positive. Pour l’instant, nous ciblons une quinzaine d’élèves pour la rentrée prochaine. L’avenir de ce projet pilote dépend des inscriptions au fil des années. Nous sommes à la recherche d’un programme viable qui pourrait se développer dans le futur. Prochainement, l’école recevra des personnes du ministère pour qu’ils présentent l’ensemble du curriculum ainsi que les ressources requises pour le fonctionnement du programme. En ce moment nous avons une sensible idée de l’intérêt pour l’immersion, mais nous aimerions que les parents intéressés contactent l’école rapidement. Je ne sais pas si ce serait pour le pire ou le meilleur, mais il pourrait même y avoir une liste d’attente », déclare Curtis Brown.

Les strates administratives

Graig Walsh affirme que le projet de répondre à la demande des parents francophones à Fort Smith est dans l’aire depuis longtemps. Mais que les choses concrètes et officielles n’ont pris forme que depuis le mois de janvier. Selon lui, après la réunion du 16 janvier avec les deux intervenants du ministère venu expliquer les différentes options qui s’offraient à la communauté en matière d’éducation en français, il y a eu concertation, enquête et décision. Ensuite, le superintendant du district d’éducation du Slave Sud aurait informé les autorités du ministère de l’Éducation, il y a de cela une semaine. Le Conseil scolaire de division du Slave Sud aura attendu à la dernière minute pour présenter la demande au ministère, car pour être prise en compte dans les prochaines planifications budgétaires, la demande devait être soumise avant le vendredi 29 février. En date du mardi 26 février, le représentant du ministère de l’Éducation n’avait signalé aucun développement dans ce sens. Don Morrison assure pourtant que lorsqu’il en sera avisé, le ministère offrira le support nécessaire pour la mise en place de ce nouveau curriculum.

L’avis de la CSF

Pour André Légaré, président de la Commission scolaire francophone, l’immersion à Fort Smith c’est une vielle nouvelle. « Il y a déjà un mois et demi que Paul Thériault, le directeur général de la CSF, m’en avait avisé. Nous avions fait des démarches en janvier pour les informer sur leurs droits, sur le fait qu’aussi petit soit le nombre d’enfants ayants droit, il leur était possible d’avoir une école francophone. Mais nous ne fermons jamais la porte à une école. À Fort Smith, le bassin de francophone n’est pas le même, il y a une forte rotation au niveau de la population. C’est plus difficile d’instaurer une école, mais ce n’est pas dit que la donne ne peut changer. Il est compréhensible que les parents préfèrent des classes dynamiques de 10 à 12 enfants plutôt que d’isoler leurs enfants dans une classe de trois ou quatre. Les parents sont souvent plus confortables avec ça. Le passé nous l’a montré et c’est vrai encore de nos jours que faire respecter notre droit à l’éducation en français est une véritable lutte. Il faut que les parents soient en permanence au front pour soutenir cette cause, sans eux nous ne pouvons rien. Tout part d’un regroupement de parents qui devient ensuite un comité de parent pour ensuite s’affilier à la commission scolaire francophone », résume-t-il.

Dans les territoires, il y a déjà trois programmes d’immersion. Un premier sous l’administration du district scolaire no 1 de Yellowknife, un autre sous la Commission scolaire catholique de Yellowknife et un autre sous le Conseil scolaire de division de Beaufort-Delta.