Après quelques brèves périodes non travaillées pour des raisons de santé, Mme Chassé, enseignante de la classe d’immersion à l’école élémentaire de Fort Smith, sera absente pendant une dizaine de jours, voire plus selon l’évolution de sa convalescence. Helen Lefebvre, monitrice de français dans cette classe, ne sait pas comment elle sera « utilisée » au cours des jours à venir. Lors des précédentes absences de l’enseignante, Mme Lefebvre a rempli des tâches de suppléante. Puis elle a dû, à son tour, s’éloigner durant une semaine de Fort Smith. À ce moment-là, par manque de suppléant francophone, c’est un anglophone qui a fait de la suppléance en anglais aux petits élèves de la classe d’immersion.
Comme le souligne M. Walsh, directeur de l’école, le manque de suppléance francophone en ville impose des contraintes incontournables. « Je fais de mon mieux pour trouver de la suppléance francophone et le recours à un suppléant anglophone pour une classe d’immersion de français était la solution extrême pour assurer les cours aux enfants », dit-il. Aujourd’hui, je ne sais pas combien de temps durera l’absence de Mme Chassé et je dois assurer deux programmes à la fois, l’un en immersion et l’autre en français langue seconde. Je voudrais que la monitrice puisse continuer sa tâche dans ces deux programmes selon son statut de monitrice. »
Face à la question de savoir si oui ou non Helen Lefebvre devra faire aussi de la suppléance, M. Walsh demeure réservé. « Vous savez, nous commençons tout juste notre programme d’immersion et nous sommes dans une nouvelle situation, explique-t-il. Nous savons qu’une personne francophone vient de revenir à Fort Smith et elle a une expérience de monitorat en français. On pourrait envisager de l’engager comme suppléante. Mais au moment où je vous parle, aucune décision n’a été prise par rapport au personnel. »
Mme Lefebvre doit fournir 38 semaines de monitorat jusqu’à la fin du mois de mai. Lorsqu’elle fait de la suppléance, c’est autant de jours de monitorat non réalisés qu’elle doit donner un jour ou l’autre à son employeur. « En suppléance, j’ai déjà 12 jours d’accumulés, donc je dois 12 jours de monitorat que je devrai faire en juin, dit-elle. Mais si je dois faire plus de suppléance, comment ça va fonctionner ? La coordonnatrice des moniteurs et monitrices à Yellowknife m’a expliqué que si je dépasse le mois de juin, on me coupera sur mon poste de moniteur, cela signifie en réalité qu’on me coupera sur mon salaire. Donc à un moment donné je travaillerai pour rien. »
