La dernière réunion 2008 de la Commission scolaire francophone a eu lieu le 15 décembre. L’équipe s’est penchée sur des questions administratives ou des questions relatives à la gestion du personnel et des étudiants ainsi que sur la santé financière de l’organisme. De ce point de vue, tout semble aller pour le mieux et les sujets ont été abordés l’un après l’autre à un rythme régulier.
En revanche, la réunion à huis clos tenue par l’équipe de la CSF, qui a duré une heure, était sûrement la plus intéressante, mais interdite au public ainsi qu’aux journalistes. Il est courant, pour un organisme public, de faire appel au principe du huis clos lorsqu’il aborde des questions qui relèvent d’une stratégie ou d’une politique interne, lorsque la confidentialité des données paraît indispensable pour mener à bien une action. Cependant, M. Brûlot avait déjà évoqué à plusieurs reprises la nécessité de revoir la politique des admissions et Sophie Call, directrice de l’école Boréale, a confirmé au journal que cette question était au cœur de la réunion privée.
Comme l’a expliqué Suzette Montreuil, commissaire de la CSF à Yellowknife, il est certain que la nouvelle politique d’admission passera trois fois en lecture publique lors des réunions mensuelles de la CSF. Mais, d’ici là, l’équipe se réserve le droit de garder sa stratégie secrète.
Une revue des archives 2008 du journal L’Aquilon et du journal anglophone The Hub, de Hay River, permet cependant de retracer la suite des événements qui obligent à présent la CSF à revoir sa politique des admissions.
En décembre 2007, le ministère de l’Éducation du GTNO a recruté la firme DK Consulting pour aider la CSF à élaborer le plan d’agrandissement de l’école Boréale. Le consultant Don Kindt a procédé à une consultation publique auprès des francophones, mais aussi auprès des représentants du district scolaire anglophone. Ces derniers ont souligné que la bonne entente entre eux et l’école Boréale pour éventuellement créer des partenariats dépendait de la volonté de la CSF de changer sa politique d’inscription envers les non- ayants droit. Le consultant déclare au journal que « 20 pour cent des nouveaux inscrits pourraient ne posséder aucun antécédent francophone. »
En février, André Légaré, président de la CSF, déclare que la visite effectuée auprès du ministre de l’Éducation du GTNO quelques jours plus tôt n’aboutit sur aucune promesse d’engagement de la part du ministère concernant le problème de l’espace à l’école Boréale. En mars le ministre de l’Éducation déclare par courrier à la CSF que « selon les documents fournis par l’école, 65 pour cent des élèves de l’école Boréale n’étaient pas des ayants droit. Le directeur de l’époque rétorque qu’après vérification des données tous les élèves peuvent se prévaloir de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés et peuvent prétendre être des ayants droit. À ce moment-là, la politique des admissions de la CSF autorise 20 pour cent d’inscriptions d’élèves qui ne possèdent pas d’antécédent francophone.
Fin avril, la CSF apprend que le ministère n’inclut pas l’agrandissement de l’école Boréale dans son plan quinquennal et la commission scolaire se décide à intenter un recours judiciaire. Quelques jours plus tard, une bombe saute à la figure des lecteurs de The Hub avec des statistiques fournies par les écoles anglophones de Hay River : en deux ans, elles ont perdu 70 étudiants, dont 27 pour l’école secondaire Diamond Jenness.
Soudain, la machine s’emballe. En juin, le ministère de l’Éducation demande à la CSF de revoir sa politique des admissions et, à la fin de ce mois, le GTNO et la CSF se retrouvent au tribunal. Début juillet, le ministre s’appuiera sur l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés pour limiter les droits d’inscription dans les écoles francophones des TNO. Le directeur de la CSF s’interroge sur la validité de cette remise en question d’une politique d’admission mise en place par la CSF en 2002 et acceptée alors par le GTNO. Le journal cite ses propos : « Nous pensons que, dès lors qu’une commission scolaire est créée, elle a plein pouvoir pour déterminer ses critères d’admission… » et, il ajoute plus loin, « 90 pour cent de nos élèves ne sont pas concernés. » En tout cas, fin juin, la justice ne retient pas le caractère d’urgence de l’agrandissement de l’école Boréale.
L’été se poursuit dans l’attente d’une résolution de cette question d’espace limité pour l’école. Par la suite, au mois d’août, une sorte de communiqué de presse a été distribué dans les boîtes à lettres des habitants de Hay River. Rédigé par la commission scolaire locale, le texte accuse l’école francophone de ne pas respecter l’article 23, d’accepter des non-ayants droit et souligne la perte d’étudiants dans le système anglophone.
L’année se termine sur ce chantier et la CSF marche sur des œufs. La révision de la politique actuelle d’admission de la CSF va requérir beaucoup d’expertise et de diplomatie.
