Dans la baie arrière de Yellowknife, une dizaine de monticules de glace s’élèvent de la surface du lac gelé. Certains de ces igloos sont complétés, d’autres ont encore une ouverture sur le dessus et plusieurs jeunes s’affairent à achever ces habitations temporaires. Depuis trois ans, l’entreprise Narwal propose aux écoles d’apprendre aux élèves les techniques de base pour construire des igloos. Les jeunes de l’école francophone, heureux de tailler des blocs de neige et de les assembler en équipes, ont passé deux après-midi sur la baie glacée avec pour but de bâtir ces abris arctiques.
« Dans ma jeunesse, explique Titus Allooloo, nous construisions des igloos lorsque nous chassions aux alentours de Pond Inlet. On dormait dedans une nuit ou deux, et nous repartions en le laissant sur place. Parfois il nous arrivait de réutiliser des igloos que nous avions construit quelques semaines auparavant. » M. Allooloo et sa femme Cathy expliquent aux jeunes l’importance de savoir fabriquer un bon abri dans le grand Nord. « Parfois c’est une question de survie, argumente Mme Allooloo. Il faut savoir rester au chaud quand on est dans le Nord. Deux hommes expérimentés peuvent se construire un igloo en 20 minutes, l’efficacité est d’importance en situation d’urgence. »
Les élèves ont découvert que sous nos latitudes, il fallait que la neige soit très compactée pour qu’elle puisse être découpée en bloc. Alors que dans le cercle arctique le vent et le froid compactent naturellement la neige sur la glace, les jours précédents le site a été consciemment tapé à la motoneige et piétiné en raquettes, pour offrir aux francophones une surface facile à découper. « C’est la partie la plus longue, affirme Jamie Cannell, nous avons passé toute la première séance à découper les blocs de neige. » Cet élève et son équipe ont réussi à compléter leur igloo. Il leur a fallu 42 blocs, sculptés pour former leur abri de 1 m 80 de hauteur. Francis Keating et René O’Reilly estiment qu’ils réussiraient à rester au moins une nuit dans cet igloo. Marie-Laurence Desaulniers explique qu’elle a essentiellement aidé à boucher les interstices car les blocs pour les murs étaient trop pesants à transporter. Ces quatre coéquipiers ont qualifié cette expérience d’amusante et d’intéressante. Ils ont également décrit que le moment le plus critique de la construction avait été celui de la fermeture du haut de l’igloo alors qu’ils devaient tenir le bloc et le tailler en même temps.
Pour cette première rencontre avec les élèves de l’école Allain St-Cyr, M. et Mme Allooloo ont été surpris par la facilité qu’avaient ces jeunes à travailler ensemble. « Ils se sont vraiment bien comportés et j’ai trouvé cela remarquable le fait que de la 7e à la 12e année ils coopèrent autant », a noté Titus Alloolloo.
