le Vendredi 28 novembre 2025
le Jeudi 20 août 2009 22:20 Éducation

École Boréale Quatre refus d’admission et perte d’élèves

École Boréale Quatre refus d’admission et perte d’élèves
00:00 00:00

À la veille de la rentrée scolaire 2009-2010, quatre nouveaux élèves ont été refusés à l’école Boréale et le départ des deux jeunes de 11e année est fort possible.

Plus tôt cette semaine, le Ministère a annoncé à quatre familles de Hay River que l’accès à l’éducation en français était refusé à leurs enfants.

Pour la famille Blackman-Larkin, la nouvelle tombe comme une brique. Ces derniers, arrivés de la Nouvelle-Écosse il y a environ deux ans, ont choisi de s’établir à Hay River parce qu’il y avait une école francophone. Pour eux comme pour les trois autres familles refusées, ce sont des années d’efforts qui s’envolent. « C’est très frustrant, s’attriste Mme Larkin. Tate est habituée à l’école Boréale, tous ses amis y sont et elle connaît déjà les professeurs. » La famille n’a pas tardé à réécrire au ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, Jackson Lafferty, pour que la décision soit reconduite. « Nous espérons que cette demande soit entendue. Tate ne le sait pas encore, nous attendrons le verdict final pour lui dire quoi que ce soit », partage-t-elle. Les deux parents préparent la petite depuis deux ans déjà à sa rentrée scolaire francophone. La fillette a fait son préscolaire en français. Elle était aussi inscrite au camp d’été francophone à Hay River. Craig Blackman, le père de l’enfant, est né au Québec, il a cependant perdu tout son patrimoine langagier au cours des années.

Au courant de la semaine, le Ministère a envoyé une courte lettre aux parents dans laquelle il stipulait que l’article 23 de la Charte (voir encadré : La saga des admissions) justifiait ces refus. Pour Jennifer Larkin, mère de Tate Blackman, un des quatre enfants refusés, « c’était une lettre très simple, très courte, sans plus d’explication… ».

Le droit de gestion scolaire, habituellement réservé au conseil scolaire, a été retiré à ce dernier par le gouvernement, au printemps. Philippe Brûlot, directeur général de la Commission scolaire francophone (CSF), explique que le gouvernement des TNO est rigide par rapport aux autres provinces où les admissions sont moins réglementées. La CSF est en cour depuis un peu plus d’un an afin de revoir les politiques et regagner le droit de gérer les admissions. « Dans les autres provinces, le droit de réparation (voir encadré) existe et a été confirmé dans quatre Cours différentes. Ici, le gouvernement ne veut pas le reconnaître », poursuit M. Brûlot. Il précise que la CSF doit appliquer la loi, mais qu’elle la combat en Cour. Celui-ci croit que tout cela « va déboucher en Cour Suprême, d’ici un an ou deux. » En attendant, il y a peu d’espoir, selon lui, que les deux familles refusées ayant été en appel soient admises cette année.

Sophie Call, directrice de l’école Boréale, ne croit pas non plus voir les quatre bambins entrer dans son établissement pour la rentrée 2009-2010. « Au courant de l’année peut-être, si les parents ont encore le goût et ça, j’ai l’impression que oui! », confie-t-elle cependant. Selon elle, la situation est « extrêmement désolante pour ces familles qui s’impliquent et créent des liens avec le milieu francophone ».

Départ des élèves de 11e année?

Une autre rumeur persiste au sein de la communauté francophone. Selon des informations reçues par L’Aquilon, il se pourrait bien que les deux élèves de 11e année quittent l’école Boréale pour aller vers l’école anglophone. Interrogée à ce sujet, Mme Call n’a pas démenti la rumeur. « Rien n’est officiel tant que les dossiers ne seront pas transférés, donc pas avant le 31 août. », explique-t-elle.

Elle ajoute par contre s’être entretenue avec les deux jeunes. « À la suite de mes rencontres personnelles avec les élèves concernés, j’ai l’impression que c’est ça qui va se passer », admet la directrice. Mme Call reconnaît les efforts que ces élèves ont faits au courant des dernières années. Elle salue aussi leur engagement et précise qu’ils feront toujours partie de la communauté.

Il a été impossible de s’entretenir avec les deux jeunes intéressés. Sophie Call explique que ce sont les besoins sociaux des deux adolescents les pousseraient à vouloir fréquenter l’école anglophone de Hay River. « Ils ont besoin de se retrouver avec leurs pairs, ce n’est pas vrai qu’un besoin est plus grand qu’un autre, je respecte énormément leur décision », a-t-elle conclu.

Le directeur de la CSF n’était pas au courant des détails de l’affaire lorsque L’Aquilon l’a contacté. Il s’est cependant rangé derrière l’avis de Mme Call, ajoutant qu’il respectait qu’un jeune puisse cibler ses propres besoins. Il a d’ailleurs ajouté qu’une nouvelle enseignante allait entrer en poste à la rentrée automnale. « Une dame très forte en sciences, une grande sportive qui a l’habitude de s’impliquer énormément dans les milieux communautaires », a-t-il décrit. M. Brûlot ne s’inquiétait donc pas pour les élèves du secondaire à Hay River.

 

 

La saga des admissions

Depuis le printemps dernier, la Commission scolaire francophone (CSF) connaît des démêlés importants avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (TNO). D’abord pour les demandes d’agrandissement de leurs établissements scolaires faites depuis les dernières années et ensuite, au sujet des admissions d’élèves dont les parents ne sont pas des parents ayants droit.

Concernant ce dernier point, le gouvernement des TNO est catégorique : seuls les élèves faisant partie des critères de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés peuvent être admis dans les établissements francophones. Ces critères sont les suivants :

« Les citoyens canadiens :

a) dont la première langue apprise et encore comprise est celle de la minorité francophone ou anglophone de la province où ils résident,

b) qui ont reçu leur instruction, au niveau primaire, en français ou en anglais au Canada et qui résident dans une province où la langue dans laquelle ils ont reçu cette instruction est celle de la minorité francophone ou anglophone de la province. » (Extrait de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés : Droits à l’instruction dans la langue de la minorité.)

Or, un droit de réparation a récemment été reconnu possible par quatre Cours différentes, notamment dans l’affaire Doucet-Boudreau (Nouvelle-Écosse). Par exemple, on propose que les familles francophones ayant été assimilées en raison de l’absence d’accès à une éducation dans la langue française soient dédommagées par un droit de réparation. Le gouvernement des TNO refuse d’envisager ce droit.

La CSF est donc en Cour avec le gouvernement pour revendiquer des politiques plus souples et permettre un droit de réparation aux familles qui veulent intégrer la communauté francophone.