Les élèves de l’école Allain St-Cyr discourent en public.
Un premier concours d’art oratoire s’est déroulé ce mardi 2 mars dans la rotonde de l’École Allain St-Cyr. Tour à tour, plusieurs élèves de l’école francophone de Yellowknife ont présenté leurs recherches, leurs opinions, leurs intérêts devant un public composé de parents, de professeurs, d’invités et d’un jury de trois pédagogues. Raymonde Laberge, Nicole Loubert et Brigitte Rivet ont entendu les prestations d’une quinzaine d’élèves de la 4e à la 11e année.
Si les élèves des classes de 2e et 3e année ont produit des discours collectifs présentés en après-midi devant le reste de l’école, ce sont deux élèves par classe, préalablement sélectionnés pour leurs habilités oratoires, qui ont participé au concours durant la soirée. Sur des thèmes variés qui leur tenaient à cœur, ces jeunes ont livré des discours dynamiques, instructifs et pour la plupart fluides, où la qualité du français, l’intonation et le vocabulaire étaient à l’honneur.
Lors du concours, les juges n’ont pu départager les six représentants du primaire. Ils ont tous été félicités pour leur travail, leur préparation et leur prestation. « Vous êtes tous des vainqueurs, d’expliquer Raymonde Laberge lors des résultats. Vous aviez tous de bons sujets et votre cheminement à chacun était celui d’un gagnant. Vous êtes tous venus nous chercher quelque part lors de votre allocution. »
Pour les classes plus élevées, les gagnants du concours Allain St-Cyr participeront à un concours oratoire territorial, porte d’entrée à un concours national. Il fallait donc que les juges tranchent en faveur d’un élève par niveaux. Pour les 7e et 8e années, c’est Bryan Tuyishime qui s’est démarqué. Ce dernier a conduit un exposé dénonçant une activité qu’il juge inadmissible : la déforestation de la forêt tropicale. « Chaque cinq secondes, c’est l’équivalent d’un terrain de soccer de forêt qui est transformé en terres d’élevage ou d’agriculture », affirme-t-il. Selon ces recherches, cette coupe profite aux industries de la confection de meuble, du papier ou du bois de chauffage et fait place à l’élevage du bétail ou la culture céréalière approvisionnant des compagnies nord-américaines. Pour freiner la disparition de l’habitat de la faune et population autochtone, Bryan Tuyishime propose de boycotter certaines compagnies, d’acheter des produits issus du marché équitable et de recycler davantage. Plus tard, cet élève de huitième a livré son truc contre le trac : « Je me dis que le public devant moi ne vas pas me tuer, et que je ne risque rien à dire ce que je veux ».
C’est Cliff Tuyishime qui a été sélectionné pour les classes de 9e et 10e année. À travers le récit d’une situation dont il a été témoin lorsqu’il avait dix ans, Cliff Tuyishime a développé son opinion sur la situation de l’immigration au sein des pays occidentaux et le retour des sans-papiers dans leur pays d’origine. « Renvoyer des gens chez eux de force et leur refuser le droit d’entrer et d’accéder à une vie meilleure est inacceptable. D’autant plus que l’on ne s’interroge même pas du pourquoi ces gens quittent leur pays », s’alarme-t-il. Pour lui, c’est la fluidité qui est importante lors d’un exposé oral. « Lorsque les mots coulent bien, le message, peu importe ce qu’il est, va bien passer également. Je me prépare en rédigeant mon texte. C’est une étape très importante pour m’approprier ces mots que je vais redire. Il est vrai que c’était un peu plus facile cette fois, vu que je racontais un souvenir, alors si je ne me rappelais pas exactement de tout, j’avais une bonne idée de ce que je devais dire. »
En 11e année, c’est la véritable performance oratoire d’Amber O’Reilly, qui a séduit le jury. Libérée de toute appréhension, Amber O’Reilly a livré sans une hésitation, un discours sur l’impact des médias sur les jeunes de son âge. Elle s’est insurgée contre l’emprise négative des médias sur les personnalités influençables des adolescents. « Ils nous forcent à porter plus attention à notre apparence extérieure qu’à nos qualités intérieures. […] Nous devrions obtenir une législation plus sévère pour nous dissocier de ces règles que les médias cherchent à nous imposer et pour mieux cibler nos intérêts sur une société plus tolérante, plus saine et plus en santé. »
À la clé de ce concours oratoire mis sur pied par l’association Canadian Parents for French, est une bourse de 20 000 dollars pour l’élève de 11e ou 12e année qui gagnera le concours national organisé à Ottawa avant la fin de l’année scolaire. Les élèves de l’école Allain St-Cyr ont avoué que ce prix était un incitatif qui les intéressait. Pourtant, plusieurs ont avoué n’être pas certains de vouloir en profiter à l’université d’Ottawa comme il est prescrit.
