Le 6 décembre dernier, la communauté francophone de Yellowknife a célébré le trentième anniversaire de l’école Allain St-Cyr. Si le 25e avait été souligné à l’étroit dans la rotonde, mini amphithéâtre de l’institution francophone, cette fois c’est dans le nouveau gymnase transformé en salle de gala que s’est déroulé l’évènement.
Allain St-Cyr, l’homme dont l’école porte le nom, était lui-même présent, en chair et en os. En entrevue en compagnie de la directrice générale de la commission scolaire, Yvonne Careen, ils ont rappelé que tout a commencé par un groupe de parents dont M. St-Cyr faisait partie. Ils voulaient une éducation en français de qualité pour leurs enfants en âge de commencer l’école. Des cours de français langue seconde qu’ils jugeaient inadéquats, ils ont obtenu de l’Administration scolaire de district no1 de Yellowknife un programme d’immersion qui a progressivement pris de l’ampleur.
Pour la petite histoire, les parents se sont divisé l’annuaire téléphonique en cinq, ont contacté chaque famille à Yellowknife et sont ainsi allés chercher les neuf premiers élèves de la première classe en français à l’intérieur de l’école J.H. Sissons, en 1989. Quand est venu le temps de prendre de l’expansion quelques années plus tard, ils ont entrepris la même cabale téléphonique et ont réussi à aller chercher assez d’inscriptions pour étendre le programme de la 3e à la 6e année.
Portée par cette vague d’ouverture d’écoles francophones partout au pays dans les années 80, c’est toujours grâce aux efforts des parents, cette fois avec l’aide de la Fédération franco-ténoise et de l’Association franco-culturelle de Yellowknife, qu’une école francophone a pu voir le jour à Yellowknife. À l’ouverture de la première école permanente, qui était en forme de clé, « on est passé de 45 à 64 élèves. On l’appelait la clé de la sagesse », se souvient Yvonne Careen.
Et maintenant, quelques vingt ans et une centaine d’élèves plus tard, la clé a ouvert d’autres portes, et plus d’espace pour accueillir plus d’élèves. Ce gymnase/salle de spectacle est certainement le fruit de luttes acharnées et fécondes et le symbole tangible de la ténacité francophone en milieu minoritaire.
L’enseignante doyenne de l’école Allain St-Cyr, Madame Martine, qui y œuvre depuis 22 ans, s’est exprimée devant l’assistance ainsi que Martin Deschênes, qui s’est dit très fier et très heureux de ne plus avoir à prendre l’autobus pour aller au gymnase du Multiplex pour les cours d’éducation physique !
Parmi les moments forts de la soirée : l’ouverture avec la performance des Yellowknives Dene Drummers, qui entraient pour la première fois dans l’établissement; les beaux moments musicaux en compagnie d’une chorale improvisée pour l’occasion et de Claude Cormier par la suite.
À retenir également l’élocution de reconnaissance de Vincent Gagné à l’endroit des enseignants de l’école. L’intervention spontanée de Serena Sévigny était aussi touchante. En béquilles, elle est montée sur scène pour remercier ses camarades d’école, tellement gentils, altruistes et aidants avec elle dans les circonstances.
Le chef Étienne Croteau et son équipe des Saveurs de l’artisan ont préparé un buffet alors que la soirée s’est étirée jusqu’à 21 h.