Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) consacre jusqu’à 14 millions de dollars pour protéger les postes d’assistants de soutien en classe après les récentes modifications fédérales du principe de Jordan qui ont déstabilisé le système scolaire territorial.
La ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Emploi, Caitlin Cleveland, a annoncé le 28 aout le lancement de l’Initiative pour les assistants de soutien. Une mesure temporaire destinée à garantir la continuité des services au moment de la rentrée.
La mesure vise à ce que « les élèves de l’ensemble des Territoires du Nord-Ouest continuent de recevoir l’appui dont ils ont besoin à leur retour à l’école », a déclaré la ministre avant d’ajouter : « Cette initiative est une réponse directe aux récents changements au principe de Jordan. Des changements qui ont déjà eu de réelles conséquences pour nos écoles, nos enseignants et, surtout, nos élèves. »
Des mises à pied
Le principe de Jordan a longtemps permis de financer des services en milieu scolaire, particulièrement pour les élèves autochtones. Depuis 2018, plus de 211 millions de dollars ont été obtenus par les instances éducatives des TNO grâce à ce programme et à l’Initiative de l’enfant d’abord pour les Inuits. Les postes d’assistants de soutien représentaient la plus grande catégorie de demandes acceptées.
Mais les nouvelles procédures mises en place par Services aux Autochtones Canada ont eu des effets immédiats, obligeant certaines écoles à abolir des postes dès ce printemps. « Dans les derniers mois, des écoles à travers le territoire ont dû mettre à pied des assistants de soutien pourtant indispensables, a rappelé Mme Cleveland. Leur travail est essentiel, pas facultatif. »
« Pas une solution à long terme »
Le GTNO affirme intervenir pour éviter une rupture de services en attendant la révision fédérale. « Bien qu’Ottawa ait récemment indiqué que ses procédures étaient réexaminées, les élèves retournent à l’école maintenant et ils ont besoin de certitude. C’est pourquoi nous intervenons avec un financement intérimaire de 14 millions de dollars », a dit la ministre.
Elle a tenu à préciser : « Ce n’est pas une solution à long terme. Les ressources territoriales sont limitées. Nous agissons aujourd’hui parce que les élèves ne peuvent pas attendre. Mais ce financement est temporaire. Le gouvernement fédéral doit s’engager à mettre en place un modèle permanent, entièrement financé et adapté aux réalités de l’éducation nordique. »
Interrogée par Médias ténois sur le nombre de postes concernés, Mme Cleveland a indiqué que le principe de Jordan avait permis de financer le salaire d’environ 205 assistants de soutien en classe l’an dernier dans l’ensemble du territoire. Elle a précisé que l’initiative territoriale visait à maintenir ce niveau afin d’assurer la stabilité du système éducatif pour l’année en cours.
Appuis et inquiétudes
Les directions d’école accueillent favorablement la mesure, tout en réclamant une solution durable. Shirley Zouboules, surintendante du district scolaire YK1 et présidente de l’Association des surintendants des TNO, a qualifié l’initiative de « réponse importante » aux changements fédéraux. Elle a affirmé qu’elle contribuera à maintenir la continuité pour les élèves qui dépendent d’un soutien quotidien.
Postes sauvés à Allain St-Cyr
La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest considère l’annonce du GTNO comme « une excellente nouvelle ». À l’école Allain St-Cyr de Yellowknife, trois postes de soutien n’avaient pas été renouvelés en juin dernier en raison des incertitudes entourant le financement du principe de Jordan.
« Au cours de l’été, nous avions informé ces employés que le financement disponible permettait de les maintenir en poste seulement jusqu’au début du mois de novembre. Grâce à cette nouvelle enveloppe, nous pouvons désormais confirmer leur maintien pour toute l’année scolaire 2025-2026 », a expliqué à Médias ténois François Rouleau, nouveau directeur général de la Commission scolaire.
Il a ajouté que des précisions sont encore attendues pour certains services, comme l’orthophonie, mais se réjouit que l’essentiel de la demande – les salaires et avantages sociaux des adjoint.e.s – soit couvert. M. Rouleau souligne que cette annonce apporte une stabilité précieuse aux services de la Commission scolaire et renforce sa capacité à soutenir élèves et familles. « Nous sommes donc très reconnaissants envers la ministre et son équipe pour cette décision », conclut-il.