le Lundi 21 avril 2025
le Vendredi 26 février 1999 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Environnement

Attention poison! Environnement

Attention poison! Environnement
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Le trioxyde d’arsenic est un poison. Il est un composé d’arsenic pur résultant du processus qu’on utilise pour extraire l’or de son minerai. Comme l’indique l’article 11 de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, l’arsenic et ses composés sont considérés comme étant des agents toxiques.

Située dans la région de Yellowknife, la mine Giant a produit, en 1997, 100 779 tonnes de trioxide d’arsenic. Bien qu’entreposée dans les 15 réservoirs souterrains de la mine, cette substance toxique n’est pas moins inoffensive.

Lorsque l’eau souterraine atteint son niveau de saturation, elle s’infiltre dans les fissures des réservoirs d’arsenic, se contamine et retourne dans le sol. Pour éviter le contact entre l’arsenic et la nappe phréatique, la mine pompe l’eau souterraine afin qu’elle n’atteigne jamais son niveau de saturation. Mais, bien que la Giant ait pompé 573 396 m3 d’eau l’an dernier, l’Office des eaux soutient qu’une certaine quantité arrive toujours à s’infiltrer jusqu’aux réservoirs d’arsenic.

«Nous n’avons cependant aucune idée du temps que prend l’arsenic pour se répandre dans le sol. C’est ce qui est présentement à l’étude», confie un représentant du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Dave Nutter.

Depuis le milieu des années 50, la mine Giant a accumulé 260 000 tonnes métriques de trioxyde d’arsenic. Selon certaines estimations, il en coûterait 300 millions de dollars pour s’en débarrasser : somme considérable que la Royal Oak, compagnie propriétaire de la mine Giant, n’est pas prête à débourser. Une demande de subvention de la compagnie au gouvernement fédéral afin de développer le projet de gestion du trioxyde d’arsenic nécessaire au renouvellement de sa licence d’utilisation des eaux, porte à controverse.

«Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et la municipalité doivent cesser de subventionner la mine Giant. Cet argent ne leur sera jamais remboursé (…) Nous demandons au gouvernement de tenir la mine Giant responsable de ses actes et qu’il fasse en sorte qu’elle assume les coûts du projet de gestion du trioxyde d’arsenic», a exprimé le Chef de la Nation dénée, Bill Erasmus.

Si la compagnie Royal Oak s’entête et que le gouvernement refuse de subventionner le projet de gestion du trioxyde d’arsenic, l’Office des eaux ne pourra renouveler la licence d’utilisation des eaux de la compagnie. Si cette situation se produisait, la compagnie ne pourrait poursuivre ses opérations, fermerait ses portes et s’en laverait les mains.

«Si la mine ferme ses portes, il y a de fortes chances que le gouvernement assume la note pour dépolluer les lieux», explique Ken Hall, du ministère des Ressources, de la Faune et du Développement économique des Territoires du Nord-Ouest.

Santé publique…

À son état pur, l’arsenic ne présente aucun risque éminent ni pour l’environnement, ni pour la santé publique. Ce sont plutôt ses composés, comme le trioxyde d’arsenic, qui représentent un réel danger.

Dans une étude réalisée par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, en 1997, on énumère les effets du trioxyde d’arsenic sur l’environnement et la santé publique.

Le caractère cancérigène de la substance est sans doute le plus inquiétant. Chez les humains, les complications engendrées suite au contact du trioxyde d’arsenic peuvent se manifester par le développement de tumeurs cancéreuses sur la peau, dans les poumons, le foie et le système lymphatique. Quant à ses effets sur l’environnement, on les remarque par le développement de pathologies chez les poissons et les animaux terrestres.

Maintenant, puisqu’une quantité considérable de trioxyde d’arsenic est entreposée tout près de Yellowknife, la population et l’environnement s’en trouvent-ils menacés?

«À ma connaissance, aucun patient n’a été traité parce qu’il avait été en contact avec l’arsenic», indique Brad Colpitts, du Conseil de la santé et des services sociaux de Yellowknife.

Quant à Dave Nutter du MAINC, il soutient que la quantité de trioxyde d’arsenic qui est rejetée dans l’environnement respecte les normes.