Un comité spécial de développement et de la sécurité publique de la ville d’Iqaluit a été saisi d’un projet industriel d’envergure au cours des dernières semaines. Il s’agit de la construction à Iqaluit d’un incinérateur de BPC.
Cet incinérateur aurait la capacité de détruire 4 tonnes de BPC ou de sols contaminés à l’heure. Selon le conseiller municipal, Matthew Spence, qui préside aux travaux du comité municipal, les travaux de nettoyage entrepris sur les anciens sites de radar de la ligne DEW produiraient dans les prochaines années jusqu’à 100 000 tonnes de matériaux contaminés au BPC d’une façon ou d’une autre. Ces matériaux proviendraient de plusieurs sites de la région du Nunavut, du Labrador, du Nunavik et des Territoires du Nord-Ouest.
L’usine projetée à Iqaluit mettrait près de 10 ans avant de complètement venir à bout de ces déchets toxiques. Selon Philippe Guérin, le représentant de la compagnie Sintec dont le siège social se trouve à Ville LaSalle en banlieue de Montréal, l’usine pourrait créer 35 emplois pour Iqaluit. La compagnie gère déjà les opérations d’un incinérateur de même type dans la région de Sherbrooke au Québec.
Les matériaux contaminés seront projetés dans un immense cylindre en rotation, maintenu à une température d’au moins 1000° C. Les molécules de BPC seront ainsi brisées et transformées en produits dérivés inoffensifs comme le calcium. Très peu d’émissions toxiques retourneraient dans l’atmosphère, au dire du représentant de Sintec.
Le comité de la ville a donné un appui conditionnel au projet, soit que celui-ci obtienne le feu vert des agences environnemen-tales concernées, principalement de la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions (Nunavut Impact Review Board) et qu’aucun matériau contaminé ne provienne d’en dehors des régions nordiques prescrites.
Toujours selon le conseiller Spence, si les émissions toxiques ne semblent pas présenter de menace pour l’habitat urbain, le niveau de bruit lié à ce procédé de nettoyage est incompatible avec le voisinage de quartiers résidentiels ou même industriels. La suggestion du comité de la ville serait donc d’établir l’usine sur des terrains longeant la 40 Nord, à l’autre bout du chemin Federal, tout près de l’ancien dépotoir de métal, un peu passé le Centre correctionnel de Baffin.
« On ferait d’une pierre, deux coups d’expliquer Matthew Spence, car nous avons encore beaucoup de BPC à détruire à Iqaluit même. Il semble qu’on aurait pour au moins $10M de dollars de nettoyage autour de la ville surtout du côté de l’ancienne piste d’atterrissage américaine. On peut encore voir les anciens dépotoirs militaires du côté de la rivière Sylvia Grinnell. En ayant l’incinérateur ici, le nettoyage coûterait moins cher!»
Les promoteurs du projet ont choisi Iqaluit à cause de la facilité de l’accès tant par la voie des airs que par la mer. La société inuit Qikiqtaaluk de la région de Baffin aurait été approchée par Sintec pour devenir partenaire dans l’aventure. On sait que Qikiqtaaluk est déjà impliquée dans le nettoyage des anciens sites de la ligne DEW. Selon l’ingénieur de Qikiqtaaluk, M. Michael Brown, qui s’exprime dans un excellent français, la société inuit ne s’impliquera pas dans ce projet sans avoir la complète assurance qu’il ne met pas en danger l’environnement ou la santé de la population avoisinante.
« Il y a beaucoup de compagnies qui se spécialisent dans l’élimination des produits toxiques au Canada, utilisant différentes technologies et nous devons vraiment trouver la meilleure solution avant d’arrêter notre décision, a commenté Michael Brown. »