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le Vendredi 12 mai 2000 0:00 Environnement

Le voyage des polluants organiques persistants Santé et Environnement

Le voyage des polluants organiques persistants Santé et Environnement
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Quelque part en Afrique, au Mexique ou en Asie, un agriculteur est en train d’arroser ses cultures avec le pesticide DDT. L’objectif consiste à éliminer la mouche causant la source de paludisme, un virus frappant entre 300 et 500 millions de personnes par année et créant plus d’un million de victimes.

Pourtant, ce geste de l’agriculteur pour se protéger d’une maladie dangereuse a un impact cumulatif non seulement aux T.N.-O., mais dans l’ensemble des pays circumpolaires. Le DDT fait partie d’une catégorie de pesticides qu’on appelle des polluants organiques persistants (POP), également connus sous le nom de polluants organiques rémanents. Les POP appartiennent à trois grandes catégories : les pesticides comme le DDT, les produits chimiques industriels comme les BPC et les sous-produits et les contaminants comme les dioxines et les furanes. Aucun POP n’est produit dans l’Arctique canadien et leur utilisation est strictement limitée.

« Nous octroyons environ cinq permis annuellement pour le déploiement de pesticides », a indiqué Emery Paquin, le directeur de la division de la protection envi-ronnementale du ministère de la Faune, des Ressources et du Développement économique. « Avant, on se servait de pesticides pour limiter la reproduction de maringouins. Maintenant, on se sert de produits chimiques surtout pour contrôler la végétation ».

Les POP peuvent voyager des milliers de kilomètres et se retrouver dans l’Arctique. Les chances que ces produits s’évaporent dans l’atmosphère augmentent lorsque les températures sont élevées. Dès qu’il y a un refroidissement, les POP ont plus tendance à se condenser et à se retrouver sur le sol. Le voyage ne se fait pas directement, mais par bonds d’évaporation et de condensation. C’est ce qui s’appelle « l’effet sauterelle ».

Ils sont plus omniprésents à la surface de l’eau qu’en profondeur. Néanmoins, ils remontent la chaîne alimentaire et affectent la santé des animaux et des êtres humains. Après la fonte des neiges et de la glace, les POP s’évaporent de nouveau pour continuer leur trajet. Toutefois, certains restent pris dans la glace, surtout vers les pôles.

« La configuration des vents font en sorte que la majorité des POP proviennent de la Russie et de l’est de l’Europe », selon Steve Hart, le directeur des question atmosphériques transfron-talières pour Environnement Canada. En effet, les vents poussent les POP au dessus du Pôle Nord et ils finissent par se retrouver dans les zones arctiques des T.N.-O et du Nunavut. Un autre vent du sud transporte ces contaminants du sud de pays comme le Mexique et les États-Unis.

Le gouvernement fédéral encourage certains pays à abandonner l’utilisation de certains POP. Pourtant, dans les pays sous-développés, les agriculteurs possèdent ni l’argent, ni la technologie pour limiter l’utilisation de POP. Le Mexique s’est engagé à interdire le DDT d’ici 2002. Pourtant plus de 200 000 POP sont présentement sur le marché. Le gouvernement fédéral n’a aucun répertoire pour quantifier l’utilisation de ces produits au Canada. Le DDT est présent dans l’eau et dans la glace arctiques même si ce composé n’est plus employé au Canada depuis 1985.

Une banque de données devrait être prête d’ici la prochaine année. Bien que certaines émissions de POP tel le DDT soient aujourd’hui moins nombreuses à l’échelle internationale, les effets des nouveaux POP sont rarement examinés dans le Nord. Cela laisse la question à savoir si la situation est pire que dans le passé. Aucune source n’a pu répondre à cette question.