J’aurais adoré parler d’autres choses que du temps, mais la vie étant ce qu’elle est, je me précipite pour vous en parler. En effet, ces jours-ci, la nature est tellement en colère contre nous, alors pourquoi parler d’autres choses? Ça va me faire du bien, ça va peut-être vous en faire et… qui sait, le jour où vous allez lire cet article, tout ça ne sera peut-être que du passé. C’est ce que je nous souhaite de tout c¦ur. En attendant, je regarde les flocons se bousculer pour arriver au sol au plus tôt. Charmant… en cette fin du mois de mai.
En général, au Canada, on est particulièrement vulnérables au temps qu’il fait. Les Québécois, en particulier, ont une propension à orner leurs conversations de fioritures concernant ce qu’il tombe dehors, que ce soit de la pluie, de la grêle, de la neige, de la m… ou peu importe. Les sourires sont fonction de l’état du temps provoqué par mère Nature. Et si les Québécois sortent du Québec, pas question de sortir le Québec du Québécois pour cette facette qui leur est propre. Non pas que les autres ne sont pas touchés par ça. Je connais des Français, des Acadiens, des Belges qui sont fortement touchés par la maladie du temps, mais je crois que chez les Québécois, c’est tellement profondément ancré, que c’en est comique. Les salutations se font autour de ça : « Comment ça va? » « Ça pourrait aller mieux s’il faisait plus beau!» « Qu’est-ce que tu fais de beau? » « Ne m’en parle pas! Ça irait bien mieux s’il faisait beau, ou encore s’il ne pleuvait pas ou encore s’il arrêtait de neiger ou encore s’il faisait soleil ou encore s’il ventait moins, etc » La vie est truffée d’événements tournant autour du temps. Et nous, pauvres humains devant l’Éternel, comme des pantins, nous laissons tout bêtement influencer notre vie par ces impondérables! Pauvres de pauvres de nous. Ainsi, en cette longue fin de semaine de la fête de la Reine (Dieu la sauve d’ailleurs), nous sommes enfermés dans nos maisons, n’osant pas regarder dehors de peur qu’un cafard infini s’empare de nous pour nous saper le moral à jamais. Amen! Pour ma part, j’ai béni le ciel et ce qui en tombe pour ne pas avoir dû aller revirer la terre de mon jardin communautaire. Vous imaginez, retourner la terre avec la neige d’un pauvre petit jardin. Je les comprends, les vers de terre, d’avoir migré vers une terre moins hostile, moins froide et un climat plus clément. Ceux qui sont nouveaux arrivants ou même les anciens arrivés qui ne le savent pas, ne cherchez plus les vers de terre. Il n’y en a jamais eu, ici, en raison du pergélisol. Qu’est-ce que ça mange en hiver, le pergélisol? Le pergélisol, c’est le nom poétique et savant pour ce qu’on appelle communément en anglais le permafrost. Donc, pas de petits vers de terre pour aller à la pêche, à moins d’en acheter…ou d’en mettre dans votre compost où ils seront bien à la chaleur dans vos décompositions.
Mais pour en revenir à notre temps, j’ai communiqué avec une de mes amies du Québec, cette semaine, pour lui faire connaître mes humeurs. Elle m’a répondu que son frère était né un 15 mai, dans une grosse tempête de neige…au Lac St-Jean. Par contre, quand je lui ai réécrit le 18 mai pour me plaindre à nouveau, elle n’a pas eu d’autres exemples à me donner. Et que dire du proverbe : « En avril, ne te découvre pas d’un fil, mais en mai, fais ce qu’il te plaît! » Je voudrais bien voir ceux et celles qui en feront à leur guise pour se découvrir, ne serait-ce que d’un fil. Tellement facile de chopper la crève par les temps qui courent. D’ailleurs, courent-ils vraiment les temps…et pour aller où? Par contre, nous, pauvres de nous, on court à qui mieux mieux pour essayer de rattraper l’été. Est-ce que vous l’avez vu, vous autres, l’été? Pour ma part, les idées de déménagement me sont vraiment passées par la tête cette semaine. Déménager dans un endroit plus chaud qu’ici, ce ne sera pas difficile. Je dirais que la majorité des endroits sur la terre sont plus chauds qu’ici. Donc, le choix est grand. Même à Grande Prairie, aujourd’hui, il fait 19 degrés. Ce n’est tout de même pas si loin que ça! Ça ne me donne tout de même pas envie d’y déménager, mais qui sait?
Je chiale, je chiale, et je m’en fais une gloire. Je passe toutes les rancoeurs que je peux avoir, les miennes, et même les vôtres, tant qu’à y être, j’en fais un paquet que je mélange bien avec une bonne dose d’amertume, d’humour, de patience, sans oublier une bonne pincée de sucre (pour en enlever le goût amer). En brassant le tout, on se retrouve avec un bon espoir de lendemains plus chauds. En attendant, partez avez vos jumelles observer les milliers d’oiseaux qui nous visitent pour une courte période, dans leur long périple pour se rendre sur la mer Arctique. Il y a vraiment pour tous les goûts et de toutes les couleurs. Un vrai spectacle réjouissant pour l’oeil. L’autre jour, j’observais ainsi et j’ai découvert que le lac Prosperous abritait un monstre. Un animal énorme (à mes yeux!) plongeait dans les eaux ouvertes du lac. Son derrière était aussi large qu’un phoque; sa tête plus grosse que la mienne. Un vrai monstre. Après avoir observé de loin, jumelles en main, on s’est rapproché pour voir le plus gros castor qu’il m’ait été donné de voir. Le mythe était rompu, mais pour ce qui est du plaisir à l’observer, il était entier. Si vous avez la chance de le voir, je vous souhaite autant de plaisir que j’ai pu en avoir. La saison offre malgré tout certaines activités qui lui sont propres. Il faut savoir en profiter! En attendant de repartir bottes aux pieds et jumelles en main, je vous souhaite tout de même un bon printemps, ou ce qui peut lui ressembler.