Le premier accord bilatéral découlant de l’Entente cadre sur les eaux transfrontalières du bassin Mackenzie vient d’être signé entre le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. L’accord sur la gestion transfronta-lière des eaux du bassin de la rivière Peel prévoit la protection des écosystèmes aquatiques et la surveillance de la qualité et de la quantité des courants qui traversent la frontière.
Négociée par les gouvernements du Canada, du Yukon et des T.N.-O., cet accord permettra aux deux territoires adjacents de gérer l’eau qui passe d’un territoire à l’autre. « Le Yukon, en signant l’accord avec les T.N.-O., s’engage à ne pas polluer l’eau qui se dirige avec le courant vers les T.N.-O », explique David Milburn, gestionnaire de la division des ressources en eaux du ministère des Affaires indiennes et du Nord.
Le Yukon, en amont de la rivière, doit surveiller de près ses émissions de polluants car ils poursuivent leur course vers les communautés des T.N.-O. John VanCamp, directeur exécutif de la Commission du bassin du Mackenzie, dresse un portrait du bassin hydrographique. « Contrairement aux autres systèmes majeurs de rivières où la plupart des développements et des populations sont en aval du bassin, près de l’océan et des lacs, la plupart des populations du bassin du Mackenzie vivent dans le cours supérieur de la rivière, en amont. »
Près de douze ans ont été nécessaires à l’aboutissement des négociations entourant la rivière Peel, qui traverse la communauté de Fort Macpherson, aux T.N.-O. Les travaux ont été interrompus en 1994 par la signature de l’Entente cadre sur les eaux transfrontalières du bassin du Mackenzie, qui chapeaute tous les accords bilatéraux. Cette entente a mis plus de 20 ans pour parvenir à concilier ensemble toutes les juridictions reliées au bassin Mackenzie. « Ce qui se passe en Colombie-Britannique affecte l’Alberta et c’est pourquoi ils négocient un accord bilatéral, indique le directeur exécutif. Tant qu’ils n’y arriveront pas, ce sera difficile pour l’Alberta de négocier ensuite un accord avec les &nb sp; T.N.-O. »
Les dimensions du bassin Mackenzie, le dixième en importance au monde, qui s’étend sur 1,8 millions de kilomètres carrés, explique également la lenteur entourant les négociations de l’Entente cadre. « Le bassin est énorme, ce qui fait qu’il traverse plusieurs frontières et juridictions », explique John VanCamp, ajoutant que les nombreux joueurs voulaient tous tirer leur épingle du jeu. « La juridiction en amont a d’autres priorités qu’en aval, mais ce qui est en notre faveur, c’est que nous sommes tous dans le même pays, alors que d’autres bassins dans le monde sont divisés entre plusieurs pays. »
L’Entente cadre soumet la Colombie-Britannique, le Yukon, les T.N.-O., l’Alberta et la Saskatchewan aux mêmes critères de gestion de l’eau, qui seront définis par un accord bilatéral au cours des prochaines années. C’est à la suite du développement de certaines industries le long des cours d’eau, telles les usines de pâtes et papiers, que les discussions ont été lancées.
Le gouvernement du Canada, qui espère parvenir d’ici quelques années à une gestion saine du bassin Mackenzie, ne pourra toutefois contrôler les émissions polluantes provenant de l’extérieur de ses frontières, ce qui en fait réfléchir certains. « C’est un point important et tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a une forte influence provenant de l’extérieur du bassin et du Canada », explique le directeur exécutif de la Commission du bassin du Mackenzie, qui analysera l’an prochain, dans le cadre de son travail, les polluants organiques rémanents et les pesticides provenant de l’extérieur du pays.