Dans les pires situations, avec 70 années passées dans la ville de Yellowknife ou dans le parc de maisons mobiles près de Con mine, on évalue les risques de développer un cancer des poumons à une sur un million à cause de l’arsenic. Pour ce qui est du secteur de Con Mine en général, les chances sont de trois sur un million. Santé Canada considère que les risques sont négligeable à moins de dix sur un million.
Lorsque l’on parle de pire situation, selon le Dr Mark Richardson, on parle de données conservatrices. C’est à dire que l’on considère l’arsenic dans son état le plus toxique (alors que l’arsenic que l’on retrouve à l’état naturel à Yellowknife est sous une forme relativement stable), que l’on se tient près d’une route en gravier durant deux heures et demie, chaque jour entre la mi-mai et la mi-octobre, que l’on mange des produits du jardin à chaque jour, etc.
Pour ce qui est du risque de développer un cancer de la peau (1,1/1000), les risques sont plus grands que dans le reste du Canada, selon le Dr Richardson. « Mais ce n’est pas relié à la pollution industrielle », croit-il. Selon Santé Canada, le maximum de risque acceptable est de 1,5 sur 1000.
On parle d’absorption de l’arsenic lorsque l’on respire de l’air contenant de cette substance, ou que l’on mange des produits en contenant (provenant du jardin ou des petits gibiers). Dans l’étude effectuée par le spécialiste, on considère que les jardins sont faits seulement à partir de terres provenant de la région de Yellowknife. « La plupart de ceux qui font un jardin apportent des modifications à leur sol, en ajoutant du compost ou de la terre pour fertiliser, ce qui réduit le taux d’arsenic », de faire valoir le Dr André Corriveau, responsable de la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O.
Ce dernier qualifie de « rassurant » le rapport ayant été déposé le 23 avril dernier. « On part d’une base conservatrice. On assume que les gens sont exposés beaucoup plus qu’ils ne le sont en réalité. Les risques sont de beaucoup sur-estimés par rapport à la réalité », dit-il.
Le Dr Corriveau croit que ce rapport aidera à établir les priorités pour ce qui est des éventuels changements à apporter aux différents terrains. Par exemple, pour diminuer le taux d’arsenic sur une propriété privée, ou pourra recommander de mettre un gazon, ou de paver une rue de gravier ayant un haut taux de contamination. « Nous émettrons des recommandations aux différents intervenants. Par exemple, pour la ville, on pourrait suggérer de zoner un secteur commercial, plutôt que résidentiel », explique-t-il.
Dans ses recommandations le Dr Richardson, suggère qu’une propriété privée ne devrait pas avoir un taux d’arsenic de plus de 160 parties par millions. Pour ce qui est du projet de descente de bateaux, près de la mine Giant, on devrait remédier à la situation pour que les sols ne contiennent pas plus de 220 parties par millions. Enfin, les propriété minières ne devraient pas dépasser 340 parties par millions.
En moyenne, le sol de Yellowknife contient 153 particules par millions. À titre comparatif, l’Ontario a une moyenne de 6 particules par millions. « L’arsenic, sous forme naturelle, est indicateur d’or. Le sol de la région de Yellowknife contient le plus haut taux d’arsenic que j’ai pu observer », a souligné le Dr Richardson.
Malgré tout, celui-ci n’hésiterait pas à déménager sa famille dans la capitale ténoise. « Je n’hésiterais pas du tout, mais je tiendrais mes enfants loin des propriétés minières. Les taux d’arsenic dans les endroits habités ne me préoccuperait pas du tout », dit-il.
Un secteur plus à risque
Avec des taux de contamination pouvant atteindre les 5000 parties par millions, le secteur près du Grand Lac des Esclaves, lorsque l’on part du parc de maisons mobiles près de Con Mine, est un endroit « où il semble y avoir un excès de concentration. C’est un secteur ouvert où les enfants peuvent aller. Si un enfant fréquente ce secteur à chaque jour, son exposition peut être plus élevée », d’indiquer le Dr Richardson.
Celui-ci recommande donc aux autorités concernées de procéder à une évaluation plus poussée des sols à cet endroit et d’informer le public sur les secteurs à éviter.
L’étude du Dr Richardson ne comprenait pas le secteur de la mine Giant, qui fait l’objet d’une autre étude dans le cadre du projet d’y construire une descente de bateaux et du projet de restauration des sols.