Vous savez sans doute, comme tout le monde que le printemps arrive aux environs du 21 mars. Cela peut être le 20 mars, c’est selon. Ça dépend de tout un ensemble de données dont je vous priverai ici. Le jour du printemps, tout comme le jour de l’automne, nos journées égalent nos nuits en heures : douze heures de clarté, par rapport à douze heures de noirceur. On appelle ça l’équinoxe, signifiant nuit égale, nox, signifiant nuit, en lapin, oups, je m’excuse, en latin, et equi, égal. Donc la nuit égale le jour, donc, youpi, c’est le printemps. Du calme, je vous prie! Cela ne signifie pas pour autant température qui se réchauffe, vous avez dû le constater cette année. Ici, dans le nord, même si les journées ont rallongé considérablement, que le soleil est souvent au rendez-vous, la chaleur n’y est pas elle, à ce rendez-vous auquel tout le monde se prépare depuis quelques petits mois.
Je vous jure, quand l’expression Cabin Fever (ou la psychose de l’enfermement, expression mal traduite, à mon sens, mais enfin) a été créée, il devait s’agir d’un hiver comme cette année, et qu’en plein mois de mars, fin de mars, plus exactement, le mercure était descendu à –35 et qu’avec le facteur éolien, la sensation du froid sur la peau donnait un –47, tout comme ça été le cas au cours de plusieurs nuits de la semaine dernière. Et là, vous avez envie de hurler, pas à la lune, mais au printemps. Vous avez envie que d’un coup, la neige fonde, le temps s’adoucisse, les feuilles poussent, les oiseaux se mettent à chanter, vous avez envie du printemps, quoi! Comme le printemps est défini dans les livres, et je cite : L’une des quatre saisons qui s’étend du 20 ou 21 mars au 21 ou 22 juin, dans l’hémisphère nord (c’est bien connu que dans l’hémisphère sud, les saisons sont inversées par rapport à nous). Et vous avez envie que le printemps se manifeste, comme c’est écrit dans votre livre à vous : réchauffement de la température, fonte de la neige, etc. Mais détrompez-vous, chers amis. C’est peut-être ce qui est écrit dans les livres en général, et dans votre livre, en particulier, mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent, alors là pas du tout, ici, au nord du soixantième parallèle. Ici, dans notre coin de pays, lequel recouvre un bon périmètre du Canada, pour ne pas dire de la terre, ici, donc, c’est le frette qui prévaut. Oui, oui, j’ai bien dit, et je le répète, c’est le frette qui s’impose. Donc, voulez-vous bien ranger votre linge de printemps, votre petit manteau printanier, ce n’est pas encore arrivé, même si officiellement, c’est ce qu’on tente de nous faire croire. Je me souviens d’une autre époque de ma vie, quand j’habitais à Montréal, le calendrier allait de pair avec le climat. Souvent, pour ne pas dire quasiment tout le temps, à cette époque de l’année, tous les signes de la nouvelle saison étaient dans l’air. Même si les nuits étaient encore froides, les journées étaient plutôt chaudes et oui, c’était le printemps, à partir du 21 mars.
L’important, ici, c’est de ne pas avoir d’attentes, face aux saisons, car cette attente pourrait durer toujours. En fait, ici, il y a deux saisons, l’hiver, qui dure de septembre à juin, et l’été, soit juillet et août. J’exagère à peine, messieurs, dames. Le printemps et l’automne, pour ce qui est du temps, oubliez ça! Ces deux saisons sont vraies pour la journée de l’équinoxe, that’s it, si vous me passez cette expression chinoise bien connue pour avoir été beaucoup utilisée par Confucius à tort et à travers. Mais il ne faudrait surtout pas que je m’éloigne trop de mon sujet, soit le printemps. Vous voyez, la fin de semaine du Caribou Carnival, on ne sait jamais à quoi s’attendre d’une année à l’autre. J’ai vu des années où il faisait tellement chaud que ça fondait et que la glace était une belle patinoire recouverte d’une couche d’eau. Périlleux! J’ai vu d’autres années où il faisait tellement froid, que juste attendre le départ de la course de chiens et on était congelé. Donc, pas de règles, mais en général, il fait encore très froid à cette époque-ci.
Vous en avez assez de m’entendre déblatérer sur le temps qu’il fait. Vous n’avez qu’à faire comme moi. Je m’habille (comme un ours) et je m’en vais jouer dehors. Après tout, on n’est pas en chocolat. Ce n’est pas le froid qui va nous faire mourir. Allez, courage et hop, dehors. Allez en profiter. Après tout, si vous avez décidé de venir habiter dans le nord, vous deviez bien vous douter qu’il y avait quelque chose de froid dans le décor. Si vous ne le saviez pas, tant pis pour vous. Il faut se renseigner un peu avant de déménager dans un endroit qu’on ne connaît pas.
Allez, bon printemps quand même et ne désespérez pas, un bon matin, il fera chaud… enfin plus chaud.