le Mardi 2 septembre 2025
le Vendredi 22 juillet 2005 0:00 Environnement

Des audiences publiques cet automne

Des audiences publiques cet automne
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Les audiences publiques sur le Projet gazier du Mackenzie et ses impacts environnementaux et sociaux débuteront vraisemblablement cet automne.

Lundi, la Commission d’examen conjoint (CEC), l’organisme chargé d’évaluer la pertinence du mégaprojet, a annoncé qu’elle considérait qu’assez d’information avait été fournie par les promoteurs pour que le gazoduc soit débattu sur la place publique. À compter du 30 septembre, la CEC estime qu’elle sera en mesure de présenter un horaire pour ces audiences, lesquelles devront débuter au moins 45 jours après leur annonce formelle.

Trois types d’audiences seront menés : des audiences communautaires, des audiences générales et des audiences techniques.

Les audiences communautaires se dérouleront dans les communautés de la vallée du Mackenzie, celles qui seront directement affectées par le projet. Lors de ces audiences, la priorité de parole sera réservée aux résidents et organismes de ces communautés.

Les audiences générales seront ouvertes à tous, pour autant que les personnes intéressées à y prendre part signifient leur intérêt 30 jours à l’avance. Les parties intéressées devront également présenter une version écrite de leur présentation 10 jours avant les audiences, et ce, en 15 copies.

Les audiences techniques, enfin, seront réservées à la centaine de parties enregistrées comme « intervenants » et aux experts qu’ils embauchent. Ces audiences porteront sur des questions spécifiques désignées par la CEC.

Dans tous les cas, le nombre et la fréquence des audiences restent à déterminer. Les frais encourus pour prendre part aux audiences devront être assumés par les participants.

Temps limite

Les personnes intéressées à prendre part aux audiences devront ménager leur vocabulaire. Chacun d’entre eux ne disposera que de quelques minutes par session pour faire valoir son point de vue.

Dans le cas des audiences communautaires et générales, les participants auront 15 minutes, top chrono, pour s’exprimer. Pendant les audiences techniques, les intervenants et leurs experts seront limités à une demi-heure de babillage. Dans l’éventualité probable qu’un groupe veuille présenter les travaux de plusieurs experts, aucun délai supplémentaire ne sera accordé. Ils devront se séparer le temps mis à leur disposition.

Kevin O’Reilly, un vieux routier des audiences publiques en environnement dans le Nord et intervenant enregistré à titre individuel, considère que cette façon de faire est pour le moins inusitée. « En règle générale, les procédures des audiences sont déterminées suite à une consultation des parties. Dans ce cas-ci, c’est la CEC toute seule qui les a fixées », note celui qui travaille pour l’Independent Environmental Monitoring Agency, un organisme sis à Yellowknife.

Il indique qu’il serait plus courtois de tenir des « pré-audiences » pour déterminer la nature et l’importance des présentations qui seront faites, en vue de départager au cas par cas le temps alloué à chaque présentation. « Je suis seul en tant qu’individu, dit-il. Une demi-heure devrait être amplement suffisant pour moi. » Mais, ajoute-t-il, pour les intervenants qui devront présenter le travail de plusieurs chercheurs le temps risque d’être un peu serré.

Prêt, pas prêt…

L’annonce que des audiences auront lieu dans les mois à venir tiens de la prémisse que les promoteurs ont déjà présenté assez d’information sur leur projet et ces impacts anticipés. Or, pour certains intervenants, ce n’est pas encore le cas.

« Nous nous intéressons principalement aux impacts sociaux du projet sur les jeunes résidents des communautés, explique Jenn Sharman, une organisatrice pour l’Arctic Indigenous Youth Alliance. À notre connaissance, et malgré nos demandes répétées à cet effet, les promoteurs n’ont présenté aucune information sur cette question-là. »

Kevin O’Reilly, lui, estime que plus de données doivent être présentées au chapitre des effets cumulatifs du projet, l’impact du projet combiné aux autres développements qu’il suscitera. « Ce projet, c’est plus que quatres puits d’ancrages dans le delta du Mackenzie », insiste-t-il. À l’instar de nombreux intervenants issus du secteur non gouvernemental, O’Reilly affirme que le Projet gazier du Mackenzie ne pourra être économiquement viable que si d’autres puits s’y ajoutent, notamment dans la mer de Beaufort et dans la région des monts Colville. Selon lui, l’impact de ces projets futurs doit aussi être pris en compte.

Comme pour donner raison à ses détracteurs, la CEC a joint à l’annonce qu’elle considérait la quantité d’information fournie satisfaisante une kyrielle de nouvelles demandes d’information aux promoteurs. La plupart d’entre elles reflètent les préoccupations exprimées par les intervenants.

« Quant à moi, il s’agit d’un double language, affirme Kevin O’Reilly. D’une part, on dit qu’il y a assez d’information et, en même temps, on demande plus de précisions. C’est ridicule. »

Les promoteurs auront jusqu’à l’équinoxe d’automne pour fournir des réponses à ces demandes d’information. Hart Searle, un porte-parole pour Imperial Oil et les promoteurs du Projet gazier du Mackenzie, affirme que les réponses seront fournies dans les délais prescrits.

Pour sa part, Kevin O’Reilly doute que toutes les zones grises soient éclaircies au moment où les audiences débuteront. « Quand on se fie aux réponses – ou devrais-je plutôt dire les non-réponses – que les promoteurs nous ont fournies lors des précédentes rondes de demandes d’information, et qui portaient sur des questions tout à fait similaires à celles qui leur sont posées maintenant, il est raisonnable de penser que les réponses ne seront pas entièrement satisfaisantes », déclare O’Reilly qui ajoute que seul le temps pourra permettre d’en juger.