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le Vendredi 2 septembre 2005 0:00 Environnement

Une motion anti-pipeline sur le plancher

Une motion anti-pipeline sur le plancher
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En octobre, les délégués de la Nation dénée devront se prononcer sur une motion qui demande, ni plus ni moins, de refuser le Projet gazier du Mackenzie tel que proposé par ses promoteurs.

La motion a été présentée par l’organisme jeunesse Arctic Indigenous Youth Alliance (AIYA) lors de l’assemblée générale annuelle de la Nation dénée qui se tenait à Déline, du 15 au 19 août. Elle n’a cependant pas été débattue, faute de temps. Elle sera présentée à nouveau aux membres lors d’une assemblée spéciale, en octobre.

« La date exacte de l’assemblée spéciale et l’ordre du jour ne sont pas encore fixés », précise le directeur du territoire et des affaires environnementales de la Nation Dénée, Chris Paci.

La proposition est clairement un rejet du projet de gazoduc. Elle demande que la Nation dénée appuie l’AIYA dans son opposition au mégaprojet afin «d’assurer un environnement durable, équitable et sain aux générations présentes et futures du Denendeh [le territoire des Dénés]. »

Elle affirme que le Projet gazier du Mackenzie augmentera les problèmes sociaux dans les communautés, qu’il accentuera les changements climatiques, qu’il s’agit d’une « continuité de la colonisation et de l’oppression des peuples indigènes » et, qu’en définitive, « aucune somme d’argent ne sera suffisante pour compenser la perte de nos territoires et de notre culture ».

Si la motion est votée, ce sera la première prise de position officielle de la Nation dénée concernant le Projet gazier du Mackenzie, depuis l’an 2000. En raison d’une trop grande divergence d’opinions au sein de ses membres, l’organisation fondée en 1970 en opposition au premier projet de gazoduc a été plutôt silencieuse sur l’actuel projet.

Notons cependant que la position prise il y a près de cinq ans était beaucoup plus conciliante et favorable au projet de 7 milliards de dollars que ce que proposent aujourd’hui les jeunes Dénés. « Nous, autochtones des TNO, nous entendons sur le principe de créer une alliance d’affaires afin de maximiser les bénéfices du Gazoduc du Mackenzie », avaient alors résolus les membres de la Nation dénée, réunis à Fort Liard.

Jeunes dissidents

L’AIYA a officiellement pris position contre le projet gazier dès son premier sommet annuel, en juillet 2004, à Fort Simpson. Elle a depuis réitéré cette position lors de son second sommet tenu à Fort Good Hope du 12 au 15 août derniers.

Bien qu’elle ne soit pas affiliée à la Nation dénée, l’AIYA siégeait cette année à son assemblée générale. Les jeunes autochtones ont fait une présentation devant l’assemblée durant laquelle ils ont explicité leur vision pour l’avenir. « Je veux pouvoir emmener mes enfants sur le territoire et leur expliquer nos traditions, comme mes grands-parents l’ont fait avec moi. On ne peut pas manger du pétrole. On ne peut pas manger du gaz naturel. On ne peut pas manger de l’argent », a lancé à l’assemblée Michael Francis, de Fort McPherson.

Inspirés par le sommet de Fort Good Hope où ils ont rencontré des aînés du Sahtu qui les ont, apparemment, confortés dans leur position anti-pipeline, les délégués de l’AIYA ont indiqué une préférence pour le développement d’une économie fondée sur les énergies renouvelables, plutôt sur que des ressources limitées comme le gaz naturel. « Les jeunes et les aînés désirent une économie qui reflète notre culture et nos valeurs », a déclaré la co-fondatrice de l’AIYA, Jennifer Duncan.

Lors de l’assemblée spéciale d’octobre, l’AIYA fera une présentation sur les énergies renouvelables.

AIYA compte également prendre une part active lors des audiences publiques sur le Projet gazier du Mackenzie qui débuteront probablement cet automne. « Nous allons faire des ateliers de formation dans différentes communautés pour expliquer aux jeunes comment ils peuvent participer aux audiences et pour les préparer à témoigner », annonce d’ores et déjà Jenn Sharman, une organisatrice de l’Alliance.