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le Vendredi 27 octobre 2006 0:00 Environnement

« L’équivalent de 400 000 nouvelles voitures »

« L’équivalent de 400 000 nouvelles voitures »
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La construction et l’opération du Projet gazier du Mackenzie feront doubler les émissions de gaz à effet de serre des Territoires du Nord-Ouest.

C’est probablement le seul point sur lequel tant les promoteurs du gazoduc que les membres de l’organisation non gouvernementale Ecology North ont pu s’entendre, eux qui se sont livrés à un véritable duel rhétorique lors d’une session consacrée aux changements climatiques qui s’est déroulée à Yellowknife.

Selon les estimations présentées par chacun des groupes, exhumer le gaz naturel du delta du Mackenzie enverra dans l’atmosphère environ 3,7 millions de tonnes de gaz carbonique chaque année, faisant ainsi doubler les émissions du territoire. Ce chiffre ne tient pas compte de l’usage qui sera fait du gaz naturel.

Comme l’a relevé le directeur des programmes d’Ecology North, Doug Ritchie, il s’agit d’une augmentation drastique qui vient s’ajouter à l’augmentation importante provoquée par le développement des mines de diamants. Selon le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles des TNO, entre 1996 et 2001, les émissions territoriales de gaz à effet de serre ont augmenté de 60 %.

Pour donner une image plus nette de ce que signifie une telle augmentation, Ritchie l’a comparé avec l’augmentation du parc automobile. « C’est l’équivalent d’une augmentation de 400 000 voitures dans le parc automobile canadien. Je ne pense pas qu’à proprement parler on puisse nommer cela ‘’un impact négligeable‘’ », a-t-il lancé, faisant référence à une expression employée à toutes les sauces dans l’étude d’impact préparée par les promoteurs.

Ritchie a également présenté ce que l’augmentation signifiait quant au tonnage d’émissions de gaz à effet de serre par habitant. Dans le monde entier, a-t-il expliqué, les émissions annuelles de gaz à effet de serre sont d’à peu près cinq tonnes par habitant. Au Canada, le rapport grimpe à 24 tonnes par habitant. Aux territoires du Nord-Ouest, on émet en moyenne 31 tonnes par habitant. Si le Projet gazier du Mackenzie va de l’avant, la proportion franchira le cap des 80 tonnes par habitant.

« À notre avis le projet qui est proposé et le gazoduc vont empirer les changements climatiques. Cela peut paraître une bien mince contribution [au problème] aux yeux de certaines personnes, mais nous croyons qu’en bout de ligne l’impact est très significatif. Ça se produit à un moment où le Canada en entier continue d’augmenter ses émissions [de gaz à effet de serre], alors que tous les scientifiques de la planète nous pressent de les réduire », a lancé le directeur des programmes d’Ecology North.

Trop cher

Ecology North propose aux promoteurs de racheter leur conscience écologique en rendant le projet gazier « neutre en carbone ». Essentiellement, l’organisation demande que les promoteurs réduisent leurs émissions de gaz carbonique d’autant de tonnes que ce que le projet émettra. Ils peuvent le faire en achetant des crédits d’émission à la bourse du carbone, a suggéré Ritchie.

Pour le compte d’Imperial Oil, Michèle Laplante, a expliqué pourquoi les promoteurs n’avaient pas l’intention de « rendre le pipeline vert », pour reprendre l’expression utilisé par Ecology North. « Nous sommes en désaccords avec la recommandation d’Ecology North à l’effet que ce projet devrait être neutre en carbone. Le Projet gazier du Mackenzie a réduit ses émissions de gaz à effet de serre par la sélection de l’équipement et en améliorant l’efficacité énergétique de nos opérations », a-t-elle répondu. Elle ajoute que la facture serait trop élevée et mettrait la viabilité économique du projet en danger.

Doug Ritchie a, à son tour, rétorqué aux promoteurs que l’efficacité énergétique seule n’allait pas résulter en des réductions d’émissions. Il a donné en exemple un programme offert par son organisation qui offre un rabais aux résidents des TNO qui veulent changer leur vieux réfrigérateur pour se procurer un modèle moins énergivore. « La première règle que l’on pose pour l’obtention du rabais, c’est que le vieux réfrigérateur doit sortir de la maison », a-t-il dit. Sans cette règle, a-t-il expliqué, les vieux réfrigérateurs se retrouveraient vite dans la cave du propriétaire à servir de réfrigérateur à bière.

« Le calcul est assez simple. Est-ce que la consommation d’énergie diminuerait si le vieux réfrigérateur restait branché. Bien sûr que non ; elle augmenterait. »