Lors d’une audience technique de la Commission d’examen conjoint pour le Projet gazier du Mackenzie tenue à Inuvik, le docteur Antoni Lewkowicz, spécialiste du pergélisol, a mis en garde la commission des dangers liés à l’installation d’un gazoduc sur du pergélisol discontinu.
Le Dr. Lewkowicz a cité comme un exemple à éviter certains projets de gazoduc de Sibérie. Il a choisi la Sibérie en raison des similarités géographiques et climatiques. Le pergélisol qu’on y retrouve est discontinu, c’est-à-dire que des zones de sols gelés sont alternées par des zones de sols dégelés. C’est un type de pergélisol typiquement plus instable et c’est là-dedans qu’on compte ériger la majeure partie du gazoduc du Mackenzie.
Des pipelines de Sibérie ont connu une quantité importante de bris, spécialement dans les endroits où le tuyau traverse une rivière. « Dans une zone particulière de l’est de la Sibérie, on a rapporté 28 avaries pendant une période de 20 ans », signale le spécialiste.
Quand un gazoduc trop chauffé rencontre une zone de pergélisol discontinu riche en glace, les cas de bris sont également nombreux, a-t-il expliqué. Il a cité en exemple un bout de pipeline sibérien qui a été arraché par les éléments et envoyé 400 mètres plus loin.
« Je pense que le cas-type de la Sibérie est tout simplement un exemple de ce que nous ne devons pas faire », a-t-il résumé. Il a aussi cité en exemple un gazoduc construit en Alaska qui présentait des similitudes avec le gazoduc du Mackenzie. Dans ce cas-là, les évaluateurs environnementaux avaient exigé par deux reprises que les promoteurs détaillent davantage les risques liés au pergélisol avant de finalement approuver le projet. « C’était en 1982 », a-t-il noté, laissant entendre qu’il ne verrait pas pourquoi les évaluateurs devraient être plus souples dans leurs évaluations 25 ans plus tard.
Le Dr. Lewkowicz a suggéré que les promoteurs soumettent des études exhaustives des conditions de pergélisol le long du trajet du pipeline. Ces études devraient selon lui tenir compte de l’érosion possible créée par la déforestation du trajet, la chaleur dégagée par le gazoduc, les conditions de température du sol de même que les changements climatiques.
« Le pergélisol est un milieu plus sujet aux dérangements humains, il est donc primordial qu’on y évalue plus minutieusement les impacts de tels projets », a indiqué le spécialiste qui avait été invité à faire cette présentation par le Sierra Club du Canada.
