Les trois territoires nordiques réclament que des actions concrètent soient prises par le gouvernement fédéral pour outiller les populations du Nord afin qu’elles puissent faire face aux impacts des changements climatiques.
C’est la position commune qu’ont adopté les premiers ministres Dennis Fentie (Yukon), Joe Handley (Teritoires du Nord-Ouest) et Paul Okalik (Nunavut), réunis à Iqaluit, le 7 novembre, à l’occasion du quatrième Forum des premiers ministres du Nord.
« Notre position est que nous sommes de très petits émetteurs de gaz à effet de serre, mais que nous devons vivre avec les impacts les plus sévères des changements climatiques. C’est pourquoi nous estimons qu’il est essentiel que nous ayons les moyens pour nous adapter à ces changements », explique à L’Aquilon le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Joe Handley, qui ajoute que le gouvernement fédéral doit faire sa part vu l’incapacité financière des territoires.
« Nous avons besoin d’un plan d’action pour les impacts des changements climatiques, insiste-t-il. Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer. Ce n’est pas nous qui sommes responsables des émissions de gaz à effet de serre et nos moyens limités ne nous permettent pas d’assumer seuls les coûts des actions qui s’imposent. »
Un tel plan devrait, selon le premier ministre Handley, être d’abord axé sur le renouvellement des infrastructures. Il cite en exemple la construction de routes quatre saisons pour remplacer les routes hivernales dont on craint la fonte prématurée ainsi que le remplacement d’édifices fragilisés par la fonte du pergélisol par des immeubles adaptés à la nouvelle donne climatique.
Les trois premiers ministres suggèrent qu’une partie des fonds alloués dans le cadrent de l’Année polaire internationale, un événement scientifique qui débutera en 2007, pourraient être affectés à des projets de recherche dont l’objectifs serait d’identifier des mesures concrètes et pratiques d’adaptation aux changements climatiques. Le gouvernement fédéral doit investir 150 millions de dollars dans la recherche nordique à l’occasion de l’Année polaire internationale.
Ces derniers mois, les changements climatiques ont souvent défrayé la chronique de l’actualité nordique et plus souvent à la rubrique des faits-divers que dans les colonnes environnementales. L’hiver dernier, une saison de routes de glace écourtée a fait augmenter sensiblement le coût de production dans les mines de diamants des Territoires du Nord-Ouest et retardé la livraison de biens de consommations essentiels dans certaines communautés tlicho. Récemment, plusieurs immeubles de la communauté gwich’in de Tsiigetchic ont été abandonnés en raison de l’érosion provoquée par l’affaissement du pergélisol.
S’il est vrai que l’Arctique subit de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, il est moins évident d’affirmer que le Nord ne contribue pas au problème. En chiffres réels la contribution du Nord au total des émissions de gaz à effet de serre canadiennes est dérisoire. En 2004, les Territoires du Nord-Ouest – le seul des trois territoires qui déclare ses émissions à Environnement Canada – émettait un peu plus de 300 000 tonnes de gaz carboniques, soit 0,1 % du fardeau national.
Par rapport à sa population cependant les Territoires du Nord-Ouest émettent bien davantage que le reste du pays. La moyenne d’émissions s’y élève à 31 tonnes de CO2 par habitant, contre 24 tonnes par habitant à l’échelle nationale.
Et la tendance n’est pas à la baisse. Selon le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest, les émissions territoriales de gaz à effet de serre ont augmenté de 60 % entre 1996 et 2001, une augmentation surtout attribuée à l’essor des secteurs énergétique et minier. En outre, les promoteurs du gazoduc du Mackenzie prévoient qu’une éventuelle ouverture de la mer de Beaufort et du delta du fleuve Mackenzie au développement gazier fera doubler les émissions annuelles de gaz à effet de serre du territoire.
