le Vendredi 28 novembre 2025
le Vendredi 17 novembre 2006 0:00 Environnement

En péril l’eau du Mackenzie?

En péril l’eau du Mackenzie?
00:00 00:00

À en croire une étude publiée cette semaine par le World Wildlife Fund, l’expression populaire qui veut que les droits ancestraux des Dénés sont protégés « aussi longtemps que le fleuve coulera », pourrait bien ne plus vouloir dire grand chose d’ici quelques décennies.

D’après le rapport rédigé par les climatologues James Bruce et Tina Tin, les pétrolières albertaines puisent tellement d’eau fraîche dans la rivière Athabasca pour raffiner les sables bitumineux que les Territoires du Nord-Ouest, situés en aval, pourraient un jour manquer d’eau potable.

Les sables bitumineux utilisent bon an mal an quelque 359 millions de mètres cubes d’eau par année, soit deux fois la quantité utilisée par la ville de Calgary. La majorité de cette eau potable est souillée et ne retourne pas dans le bassin versant du Mackenzie, le bassin versant qui irrigue la majeure partie du territoire. Les auteurs de l’étude prévoient que, pour mener à bien les travaux d’expansion prévus par l’industrie des sables bitumineux, on devra pomper 50 % plus d’eau qu’aujourd’hui dans la rivière Athabasca, augmentant ainsi la pression exercée sur le bassin versant.

Autre facteur aggravant, les changements climatiques (que les auteurs n’hésitent pas à attribuer aux émissions de gaz effet de serre dont l’industrie pétrolière est une grande productrice) contribueraient eux aussi à assoiffer le Nord. Les chercheurs ont constaté qu’entre 1958 et 2003 le débit de la rivière Athabasca a chuté de plus de 20 %, un assèchement qui serait d’après eux attribuable aux changements climatiques.

« L’impact combiné de l’exploitation des sables bitumineux et des changements climatiques aura des conséquences sérieuses hors des régions exploitées », mettent en garde les chercheurs qui suggèrent que les gouvernements territoriaux et provinciaux s’entendent dès maintenant pour assurer la pérennité de la ressource commune. Lors de la dernière rencontre du Conseil des ministres de l’Environnement du Canada qui a eu lieu à Yellowknife en octobre, la nécessité de négocier de telles ententes avaient été soulevées par les ministres des Territoires du Nord-Ouest et de la Saskatchewan. Une bonne partie des réserves d’eau douces de la Saskatchewan se trouvent aussi en aval de la rivière Athabasca.

Le problème de la conservation de l’eau avait aussi été soulevé par les Premières nations du Deh Cho qui ont organisé un grand rassemblement sur cette question, à Fort Simpson, en août dernier. Les auteurs de l’étude publiée par le World Wildlife Fund suggèrent moratoire sur de nouveaux projets d’exploitation des sables bitumineux dans le nord de l’Alberta.