La vieille mine de Port Radium, un des sites miniers les plus contaminés au Canada, sera finalement restaurée à l’été 2006.
Le 20 décembre, le ministère des Affaires indiennes et du Nord a annoncé l’attribution d’un contrat de 6,8 millions de dollars à la firme Aboriginal Engineering de Yellowknife pour des travaux de restauration du site minier situé sur la rive est du Grand lac de l’Ours. Conformément à l’entente de revendication territoriale Sahtu, 76 % des travailleurs et contractuels embauchés pour la durée des travaux devront être recrutés dans la communauté de Déline.
Déjà les matériaux nécessaires aux travaux de nettoyage ont commencé à être acheminés par route de glace jusqu’à Déline. Les travaux de restauration en tant que tels devraient commencer immédiatement après la fonte des glaces.
La priorité de ces travaux sera la fermeture des souterrains de la vieille mine et le remblaiement des sites de dépôt de résidus et des zones radioactives. Tour à tour mine de radium, puis mine d’uranium, Port Radium compte six sites dépassant le niveau acceptable de radiations gamma. « Les déchets seront enterrés et couverts d’une pellicule qui réduit les radiations », explique Julie Ward du ministère des Affaires indiennes. La technique rendra le site parfaitement sécuritaire pour la santé humaine, assure les Affaires indiennes.
Il n’est pas question de sortir du site les déchets radioactifs – du minerai d’uranium surtout. « tout va rester sur place », confirme Ward. En fait, Julie Ward annonce que des démarches ont été entreprises par le ministère pour faire désigner la vieille mine comme « site d’entreposage» des déchets industriels.
Il n’est pas question pour l’instant de nettoyer l’autre témoin toxique de la vieille mine : le monticule de déchets radioactifs de Tulita. Après qu’on ait procédé à une décontamination préliminaire de la rivière Great Bear dans les années 1990, qui servait de voie de transport du minerai d’uranium dans les années 1940, le minerai recueilli a été stocké à Tulita dans un « dépôt temporaire » qui, dix ans plus tard, n’a pas bougé d’un poil.
« C’est Ressources naturelles Canada qui s’occupe de ce dossier-là. Des discussions ont cours pour voir comment on pourrait nettoyer ce site. Nous aimerions que ça évolue plus rapidement, mais nous ne sommes pas responsables », explique Julie Ward.
Elle précise que le plan pour le dépôt de Tulita est d’acheminer les déchets dans le site de Port Radium.
Un lourd passé
Découvert dans les années 1930 par le prospecteur Gilbert Labine, le gisement de Port Radium a un lourd passé qui hante depuis des décennies la communauté de Déline.
Mine de Radium dans les 1930, puis mine d’uranium dans les années 1940, Port Radium a été réquisitionnée par le gouvernement canadien durant la seconde Guerre mondiale pour soutenir l’effort militaire. La petite histoire veut que l’uranium qui ait servi à atomiser Hiroshima le 6 août 1945 ait été exhumé sur la berge du Grand lac de l’Ours.
Les Dénés de la région, aujourd’hui résidents de Déline, ont été employés par le gouvernement canadien pour le transport du minerai d’uranium. Contre un salaire de trois dollars par jour, ils transportaient le minerai radioactif dans des poches de jute, sans aucune protection adéquate. Trente-cinq Dénés travaillaient au transport d’uranium. Selon la tradition orale de Déline, quinze de ces travailleurs seraient décédés du cancer dans les années 1960.
En 2005, un rapport d’enquête produit conjointement par le ministère des Affaires indiennes et le Conseil de bande de Déline a conclu que 10 anciens travailleurs dénés de la mine sont décédés du cancer et qu’il n’est pas possible d’établir de lien entre ces décès et le travail effectué par ces individus à Port Radium.
