Ecology North aurait voulu avoir Al Gore pour présenter le film An Inconvenient Truth sur les changements climatiques. Mais, a expliqué le directeur de l’ONG, Doug Ritchie, avant la projection spéciale de lundi dernier, Gore demandait un cachet de 100 000 dollars. « Alors on a demandé au Al Gore des TNO de le remplacer », a-t-il lancé avant d’accueillir Michael Miltenberger sur la scène.
Et là, celui qui est devenu le politicien des TNO le plus enragé contre les pollueurs depuis qu’il a perdu son job de ministre de l’Environnement suite à une sombre affaire de menaces a dit des mots graves : « Les changements climatiques et le réchauffement planétaire sont les dossiers les plus cruciaux de cette époque… Ceux qui ont des doutes vont être convaincus. » Les lumières se sont éteintes et le film a commencé.
Sous-titré « de loin le film le plus effrayant que vous ne verrai jamais», le documentaire de Davis Guggenheim cherche bien à donner la frousse. Pendant deux heures on y voit un presque-président des États-Unis prédire un futur proche marqué d’ouragans, d’inondations, de sécheresses d’épidémies et de vagues de chaleur meurtrières. Et il a des études scientifiques pour le prouver, Al Gore. Une histoire de réchauffement qui donne la chair de poule.
Malgré un format plutôt austère (c’est plus un Powerpoint qu’un film, si vous voulez mon avis), je vous pari un crédit d’émission d’une tonne de CO2 à la bourse du carbone qu’il va remporter l’Oscar du meilleur documentaire. C’est écrit dans les bulles d’air des carottes de glace.
Mais passons un peu sur le film qui raconte des choses mille fois répétées et parlons plutôt de la partie la plus excitante de cette soirée cinéma : la discussion.
Faire jaser, c’était bien l’objectif de Al Gore et de Davis Guggenheim. Alors, après le film, la salle – où s’entassaient des jeunes, des vieux et des entre-les-deux, des Blancs, des Dénés, des Inuits et des Autres, des politiciens, des étudiants et des trappeurs – s’est mise à parler.
« Les gens se demandent souvent :qu’est-ce que je peux faire pour sauver la planète ? Eh bien la planète va être correcte, mais c’est nous qui allons avoir un problème », disait l’une. « Quand les ressources viennent à manquer, c’est là que ça devient fou. Les gens font la guerre. C’est ça qui me chicote le plus », faisait l’autre.
Un étudiant se demandait si ça valait vraiment la peine de faire la promotion du biodiesel – comme le fait Al Gore dans le film – alors qu’il faut plus d’énergie pour produire les plantes qui seront transformées en carburant que le carburant fournit d’énergie. Ça a réveillé l’auteur Jamie Bastedo. « Oh vous savez, Arnold Shwarzenneger possède six Hummer dont un qu’il a reconverti au biodiesel et on dit que c’est un gouverneur vert… Alors c’est vraiment juste un coup politique, rien de plus. »
Une femme, constatant que les TNO ont déjà été une contrée tropicale il y a de cela plusieurs millénaires, s’est dite séduite par l’idée de voir la température grimper. « Je suis tout a fait pour que les TNO redeviennent tropicaux, et si ça pouvait se produire durant ma vie ce serait super. » C’est à ce moment là qu’un gars a lancé le punch final : « Vous, si vous pensez que les mouches sont nombreuses aujourd’hui… ».
Et tout le monde, les politiciens, les trappeurs les jeunes, les vieux, les écolos et les pas sûr, tout le monde a ri…. malgré tout.
An Inconvenient Truth de Davis Guggenheim mettant en vedette Al Gore est en nomination pour l’Oscar du meilleur documentaire et est maintenant disponible en DVD.
