Sitôt les trop courtes vacances de Noël terminées, Robert Hornal et sa troupe d’examinateurs de projet gazier se sont posés – encore une fois ! – sur la piste d’atterrissage d’Inuvik pour entamer une deuxième année d’audiences publiques. Douze mois après le lancement de cette immense entreprise de démocratie participative, dans les témoignages des citoyens on entend toujours les mêmes inquiétudes, les mêmes interrogations, le même attachement indéfectible à la terre nourricière.
« Il n’y a plus de lièvres, il n’y a plus de lagopèdes, il n’y a plus d’oies. Ils sont tous partis dans les collines », a ainsi lancé Rita Allen accusant les coupes sismiques opérées par les compagnies gazières lors de leurs travaux d’exploration d’être responsables de la désertion du gibier.
« Il n’y a plus de caribous de ce côté-ci. On ne les retrouve plus qu’à Aklavik et à Fort McPherson. C’est là que les compagnies gazières ne font pas de coupes sismiques et c’est là que les caribous ont déménagé. »
Celle qui a dit aimer son travail avec les compagnies gazières s’est dite inquiète des conséquences de ces travaux sismiques qui accompagnent inévitablement toute exploitation gazière. « Quand ils passent, ils plument le territoire et les ruisseaux. Il n’y a plus d’animaux là-bas. Nous, nous vivons sur le territoire en hiver, en automne et au printemps. Nous habitons là ! »
Pour le trappeur James Pokiak de Tuktoyaktuk, la possibilité que le territoire et le gibier soit affecté par le projet est une source d’angoisse. « En tant que chasseur-trappeur, aucune somme d’argent ne pourra jamais compenser la perte de ma viande de caribou, d’ours polaire ou de grizzly. Il n’y a rien qui peut compenser ça. » « Nous savons bien que [les promoteurs] ont de très bons forfaits de compensation à nous offrir, mais, à long terme, je pense que ce qui nous préoccupe le plus, nous les chasseurs-trappeurs, nous les usagers du territoire, c’est ce que nous allons laisser aux générations futures. »
Formation
Un autre refrain entendu des dizaines de fois par la Commission d’examen conjoint sur la Projet gazier du Mackenzie a été répété : les résidents du Nord doivent recevoir les formations adéquates si on veut qu’ils puissent profiter des emplois que promettent les promoteurs.
William Koe, un étudiant du collège Aurora, s’est dit confiant des bénéfices qu’un tel projet peu apporter pour les gens du Nord, et surtout pour les jeunes. « Je sais que cela représente une grande occasion pour les jeunes s’ils ont la chance de participer dans ce mégaprojet, comme on l’appelle. Il y a beaucoup d’argent en jeu. »
Mais a-t-il ajouté, sans formation, les résidents du Nord ne seront pas embauchés et la main d’œuvre sera recrutée dans le Sud. Même si certaines personnes comme lui suivent présentement des formations pour se préparer à travailler sur le pipeline, il pense que trop de personnes n’y ont pas accès et ne seront pas en mesure de profiter de la vague d’emplois.
« Quand l’Office national de l’énergie aura donné le permis, tout va commencer et nos jeunes ne seront jamais prêts en temps », prédit-il.
Une route, pas un aéroport
Le président du Comité des trappeurs et des chasseurs d’Inuvik, Sammy Lennie, a affirmé que son organisation était opposée à la construction d’une piste d’atterrissage près du lac Parsons ou se trouverait un des puits gaziers. Le Comité de trappeurs préférerait qu’on y construise plutôt une route quatre saisons.
Lennie a aussi indiqué que son organisation s’opposait à l’exploitation gazière sur sur l’île Kendall, comme le proposent les promoteurs du Projet gazier. Cette île abrite un sanctuaire d’oiseaux. « La raison est simple : c’est une aire de nidification d’oiseaux et nous l’utilisons aussi pour la chasse aux bélugas », a-t-il dit. Allen Kisoun, 71 ans, s’est aussi prononcé contre le développement sur l’île Kendall. « Ma maison est située sur l’île Kendall et c’est là qu’ils veulent faire commencer le pipeline ! »
