Cette semaine, les leaders des communautés des territoires du Nord-Ouest se sont réunis à Yellowknife pour aborder une question que personne dans le Nord ne peut encore se permettre d’esquiver : les changements climatiques.
Le sommet organisé par l’organisation non gouvernementale Ecology North a réuni des leaders autochtones et inuit, des politiciens du gouvernement territorial et des représentants de différents ministères fédéraux.
En réunissant un tel groupe, les organisateurs cherchaient d’abord et avant tout à inciter les décideurs du Nord à agir des actions pour, d’une part, réduire les émissions de gaz à effet de serre du territoire et, de l’autre, se préparer aux inévitables conséquences des changements climatiques. « Nous savons qu’il y a de nombreux dossiers sur lesquels vous devez vous pencher. Mais ce dossier-là est un dossier majeur et un dossier qui influencera les autres dossiers qui vous préoccupent, a lancé en introduction la modératrice du sommet Lois Little. Nous avons besoin de leadership et d’engagements de votre part. »
Le représentant canadien du Conseil inuit circumpolaire, Duane Smith, a lui aussi lancé un appel à l’action. « Nous devons établir des partenariats. C’est l’enjeu le plus important. Des partenariats avec le gouvernement fédéral, le gouvernement territorial, les communautés, l’industrie et les groupes de pression», a martelé le leader inuit.
D’après lui le gouvernement canadien a la responsabilité d’écouter le message des résidents du Nord qui vivent les changements climatiques et de les inclure dans la solution du problème. « La stratégie canadienne devrait être centrée sur l’Arctique. Les Inuit et les Autochtones doivent être consultés », a-t-il dit.
Il a aussi critiqué le rôle des médias qui, d’après lui, n’accordent pas assez d’importance à l’aspect humain des changements climatiques. « À la télé, nous avons vu des glaciers se briser, des glaces polaires rétrécir, du pergélisol se gondoler, on a fait grand cas des ours polaires qui se noient, mais on a très peu parler de l’impact sur les gens. » Avec la banquise, c’est aussi la culture d’un peuple qui fond, a-t-il rappelé.
L’Inuvialuit a enfin indiqué que les solutions qui seront mises de l’avant ne devront pas nuire à l’économie des peuples du Nord. Avec les activités traditionnelles, le principal moteur de l’économie inuvialuit est l’exploration gazière.
Le chef de la Nation déné, Bill Erasmus, a quant à lui profité de son tour de parole pour faire de la politique. « Il est clair qu’une nouvelle élection [fédérale] sera déclenchée cette année. Comme vous le savez le nouveau leader libéral, Stéphane Dion, a fait des changements climatiques sa première priorité », a-t-il indiqué avant de dénoncer la Loi sur l’assainissement de l’air proposée par le gouvernement Harper qui, dit-il, « ne va pas assez loin ».
« Nous devons dès maintenant faire pression pour des cibles plus strictes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Il faut commencer à réduire », a déclaré le chef déné.
Le ministre de l’Environnement des Territoires du Nord-Ouest, Michael McLeod, a pour sa part indiqué qu’il se trouvait dans cette assemblée « pour écouter, pas pour diriger la discussion ». Il a aussi annoncé que son ministère allait publier prochainement une version révisée de la stratégie gouvernementale en matière de réduction des gaz à effet de serre. La dernière version date de 2001.
La rencontre de trois jours devait prendre fin mercredi soir – c’est-à-dire après la tombée de ce journal – et était largement fermée au public. Les présentations préliminaires cependant étaient ouvertes aux médias. Au moment de mettre sous presse, on ignorait toujours si les délégués réunis à Yellowknife allaient émettre une déclaration commune.
