Les Premières nations Akaitcho auraient consenti à écarter le bassin de la rivière Thelon de la liste des terres qui leur reviendront en vue de la conclusion d’une éventuelle entente de revendications territoriales. L’objectif de cette concession serait de permettre le développement minier de la zone.
C’est à tout le moins ce que laisse entendre un mémo préparé pour le ministre des Affaires indiennes en août 2006 et dont des copies ont été coulées aux médias du Nord.
Le document, obtenu par le Nouveau parti démocratique en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, annonce la conclusion d’une entente intérimaire d’inaliénabilité des terres (land withdrawal) avec les Premières nations. « Dans cette entente, les Akaitchos ont consenti à exclure la région du bassin de la Thelon, peut-on lire dans le mémo. Cela répond à l’intérêt marqué du Canada de permettre la poursuite des travaux de prospection uranifère dans le bassin. »
Un peu plus loin, on ajoute que l’entente intérimaire « facilitera grandement la conclusion d’une entente sur l’émission de permis d’exploration durant le prochain cycle [de négociations] ».
Or, l’Office d’évaluation environnementale de la vallée du Mackenzie a récemment rejeté une demande de permis de prospection uranifère dans le bassin de la Thelon. Selon l’agence, le bassin de la Thelon est « une région d’une très grande valeur spirituelle pour les autochtones » et, de ce fait, « le développement ne peut pas être justifié ». Ultimement, c’est au ministre des Affaires indiennes et du Nord, Jim Prentice, que revient la décision d’accorder ou non le permis d’exploration.
Aux audiences publiques tenues à Lutselk’e, plusieurs membres des Premières nations avaient signifié leur désaccord avec les travaux. La région est un site de chasse traditionnel et abrite également un cimetière ancestral.
Des organisations environnementalistes se sont aussi opposées aux travaux de prospection, affirmant qu’ils mettraient en péril l’intégrité du sanctuaire faunique Thelon et de la rivière. Prisée des amateurs de canot, la Thelon est une des trois rivières patrimoniales des Territoires du Nord-Ouest.
Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, qui a fait circuler le mémo dans les médias, estime que les Akaitchos se sont fait forcer la main pour plaire aux demandes du gouvernement. « Je suis frustré et fâché que le gouvernement ait joué les gros bras avec les Akaitchos pour que ces derniers cèdent leur droit à des terres sacrées », a-t-il déclaré dans un point de presse, la semaine dernière.
Le néo-démocrate enjoint le ministre Prentice de respecter la décision de l’Office d’évaluation environnementale de la vallée du Mackenzie et la volonté des Premières nations. « Si les gens du Nord ne veulent pas que l’extraction minière de l’uranium se fasse dans le bassin de la Thelon, j’exhorte le ministre à respecter leur position. »
Mais, dans une entrevue accordée à la CBC, la chef négociatrice des Akaitchos, Sharon Venne, a réfuté les conclusions de Dennis Bevington. Selon elle, le document présenté aux médias est vieux et ne reflète pas l’état actuel des négociations. Elle affirme que, depuis, les Premières nations ont clairement signifié leurs intérêts pour conserver le bassin.
Selon elle, le mémo présentait davantage les espoirs du gouvernement fédéral que leurs gains.
