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le Vendredi 3 août 2007 0:00 Environnement

Il n’y a pas de solution miracle Travaux de fermeture de Con Mine

Il n’y a pas de solution miracle Travaux de fermeture de Con Mine
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Lorsque l’Office des terres et des eaux de la vallée du Mackenzie (OTEVB) a approuvé en début d’année le plan final de fermeture et d’assainissement de Miramar Con Mine Ltd., les différents intervenants à la table savaient très bien qu’il n’y avait pas de solution miracle.

Après tout, le défi d’assainissement suite à la fermeture de la mine en 2003 s’avérait colossal étant donné que le site a été lourdement éprouvé sur le plan environnemental, résultat de 65 ans d’extractions minières.

Emery Paquin, directeur de la protection de l’environnement au ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, résume bien la situation. Selon lui, il est illusoire de penser qu’on peut effacer des décennies d’opération minière en un clin d’œil et que la population de Yellowknife n’a tout simplement pas le choix de vivre avec cette réalité industrielle comme c’est aussi le cas à Giant Mine.

Il précise cependant que l’approbation en janvier 2007 du plan de fermeture de Con Mine par l’OTEVB s’est quand même faite avec une certaine rigueur. À ce sujet, il rappelle que le premier plan de la mine déposé en 2003 avait été rejeté par les différents intervenants et que la nouvelle ébauche offre des mesures de protection de l’environnement qui sont beaucoup plus adéquates.

Ron Connell, responsable de l’environnement à Miramar Con Mine Ltd., concède que le plan initial faisait défaut, mais précise que la compagnie est revenue cette année avec un document beaucoup plus détaillé et qui allait plus loin en terme d’assainissement.

Il ajoute que ce nouveau plan de fermeture a nécessité la contribution d’un groupe de travail formé d’experts des gouvernements fédéral et territorial, la Ville de Yellowknife, l’hôpital régional Stanton et de groupes autochtones et locaux.

Kevin O’Reilly, un citoyen du secteur qui a toujours gardé un œil sur le dossier, croit pour sa part que le nouveau plan manque encore de détails et laisse de nombreuses questions sans réponse comme l’utilisation future du site après le départ de Miramar. Il dénonce aussi qu’aucune mesure n’ait été prise pour les terres situées tout juste en dehors du site loué à Con Mine et qui pourraient être aussi fortement contaminées.

Des normes industrielles qui ne font pas l’unanimité

M. O’Reilly fait également valoir que certains emplacements sur le site pourrait avoir un potentiel de développement résidentiel dans le futur et trouve dommage que l’OTEVB ait approuvé des mesures limitant la décontamination du site à des normes industrielles seulement.

David McCann, conseiller municipal à la ville de Yellowknife, partage le même avis. Selon lui, des secteurs deviendront inévitablement résidentiels suite à la fermeture du site et il se demande qui paiera la facture dans quelques décennies pour que ces terrains passent d’une norme industrielle à résidentielle. L’urbaniste de profession donne en exemple le secteur de Tin Can Hill qui deviendra éventuellement très attrayant, car situé au bord de l’eau.

« Avant d’occuper ces terrains, des mesures devront être prises. On va essayer le plus possible que l’industrie s’en occupe, mais ça va prendre le support du gouvernement », a raconté M. McCann qui ne croit pas que ce soit la responsabilité de la Ville.

Judy McLinton, représentante aux affaires publiques au ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, a pour sa part déclaré que c’est l’instigateur d’un projet résidentiel, par exemple un promoteur immobilier, qui devra éventuellement défrayer la note pour assainir les terrains selon des normes résidentielles.

Une situation que déplore David McCann qui croit qu’une telle mesure pourrait décourager des promoteurs à investir à Yellowknife en raison de ces coûts supplémentaires.

La grosse tour vouée à disparaître

En dépit de tous ces questionnements, les travaux de fermeture se poursuivent cet été sur le site de Con Mine. Selon les prévisions de Miramar, tous les résidus d’arsenic devraient être stabilisés sous forme de scorodite d’ici la fin de la présente année.

Parmi les travaux de la phase initiale du plan de fermeture qui devrait s’échelonner jusqu’en 2010, on retrouve la démolition des infrastructures, l’assainissement des eaux, la décontamination du site et le retour de la végétation.

Ron Connell explique que la grande majorité des infrastructures sur le site devraient avoir disparu d’ici la fin de l’année 2008, ce qui inclut aussi la grande tour Robertson qui surplombe Yellowknife depuis de nombreuses années. M. Connell affirme que le scénario de laisser intacte ce symbole historique de la ville a été envisagé par Miramar, mais la compagnie a finalement décidé de démolir la grosse tour rouge et grise, notamment pour des raisons d’assurance. L’autoclave et le compartiment de broyage (mill) seront aussi enlevés.

Une étape primordiale dans l’assainissement du site est la revitalisation naturelle des bassins de résidus dans lesquels a été accumulée au fil des années toute sorte de matière résultant de l’exploitation minière. Ces bassins sont parmi les secteurs les plus contaminés de Con Mine avec le site d’entreposage des déchets dangereux.

Le processus de revitalisation de ces bassins de résidus prévoit le revêtement d’une couche de terre et de roches concassées de 50 à 60 centimètres pour éviter que l’eau de surface entre en contact avec les résidus contaminés. Ensuite, on tentera de favoriser le développement d’une végétation sur cette couche.

Le plan de fermeture et d’assainissement de Miramar Con Mine Ltd. concède qu’aucun des six bassins de résidus présents sur le site pourra être propice à toute forme de développement dans le futur, pas même pour des fins industrielles. D’ailleurs, les intervenants sont encore à voir les différentes options pour restreindre l’accès de la population à ces bassins nouvellement revitalisés.

Le responsable de l’environnement chez Miramar indique qu’un processus d’assainissement des eaux du Middle Pud Lake sera aussi mis en branle à chaque printemps au cours des 15 à 25 prochaines années. Des tests pour déterminer le taux d’arsenic et autres métaux dans l’eau seront faits régulièrement.

À compter de 2010, la seconde phase du plan, plus axée sur le long terme, sera mise à exécution et prévoit la surveillance et l’entretien du site de Con Mine pour une période minimale de 50 ans. Le coût total de tous les travaux de décontamination est estimé à 12,5 millions $.