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le Vendredi 17 août 2007 0:00 Environnement

Environnement: Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Environnement: Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras
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Le 8 août 2007, sur les rives du fleuve Mackenzie à Fort Simpson, Stephen Harper accompagné du ministre de l’Environnement John Baird a annoncé l’agrandissement de la réserve de parc national Nahanni.

La réserve qui s’étendait sur 4 766 km2 depuis sa déclaration officielle en 1976 sera maintenant élargie sur une superficie totale de 28800 km2. Ainsi, le récent décret du cabinet fédéral approuve l’aliénation de 5400 km2 de terre qui s’ajoute aux 23000 km2 de protection provisoire prévue par le protocole d’entente entre Parcs Canada et les Premières nations Dehcho.

Dans son discours, le premier ministre a souligné l’aspect spectaculaire de la beauté naturelle de ce site. Il s’est enorgueilli que cette terre précieuse soit sous la protection d’une zone quatre fois plus grande que l’Île-du-Prince-Édouard. D’après les communiqués du cabinet, cette nouvelle superficie permet aux habitats du mouflon de Dall, des nombreux grizzlis et des trois troupeaux de caribous des forêts d’être compris dans un écosystème protégé. De plus, le relief étonnant du Karst de Nahanni Nord, qui est signalé comme une importance géologique internationale s’ajoute à des sources hydrothermales et à la chaîne des culminantes montagnes Ragged pour former la nouvelle réserve.

Lors des réponses aux médias, le premier ministre Harper a affirmé qu’un tout nouveau portefeuille avait été utilisé pour le parc Nahanni. Les 10 M $ alloués à la création ou l’agrandissement d’aires protégées aux TNO par le budget fédéral de mars dernier, ne sont donc pas inclus dans cette expansion de la réserve de parc national Nahanni.

La consultation se poursuit

C’est depuis 1984, que Parcs Canada a voulu augmenter la taille de la réserve. Puis en 2000, une équipe s’est constituée, celle du consensus Naha Dehé (rivière Nahanni Sud) formée de membres Dehcho et de Parcs Canada. Leur but a été de préparer un protocole d’entente sur l’extension du parc. Enfin, en 2004, le groupe de travail sur l’expansion de la réserve Nahanni s’est formé, et de leur travail a découlé le protocole d’entente qui permet de protéger la zone jusqu’à la fin de l’étude de faisabilité. Étude qui commencera à l’automne 2007 sous forme de consultations des divers intervenants. Lesquels, d’après le discours de Stephen Harper, sont les Premières nations Dehcho qui conserveront leurs droits, les gens d’affaires qui verront leurs investissements reconnus et respectés et finalement les écotouristes possédant devant eux un potentiel récréatif illimité.

Alors que la principale préoccupation de la réserve initiale a été de protéger la rivière des effets d’un projet hydroélectrique au niveau de la chute Virginia. Il est fort probable, que pour les prochaines décisions, les enjeux des ressources minérales et énergétiques volent encore la vedette au respect total du basin hydrologique de la Nahanni et de sa faune.

Demi-mesure?

Dès l’annonce effectuée et les séances de photos souvenirs achevées, diverses opinions se sont exprimées. Parmi les canoéistes (humains privilégiés qui eux seuls peuvent naviguer Naha Dehé), Keri Rutherford qui travaille comme guide depuis deux ans sur la rivière confie : « Je trouve que c’est une très bonne chose qu’ils agrandissent la réserve. C’est bête qu’ils ne l’agrandissent pas encore plus. Je trouve ça aberrant tout de même qu’ils donnent l’autorisation à la mine de continuer l’exploitation. C’est tellement un écosystème sensible, que je n’ose pas imaginer si une fuite de contaminant s’écoulait dans la rivière. Lorsque nous descendons, nous buvons à même la rivière! Mais bon, cet agrandissement est une étape ». En effet, sur le dossier de la mine Prairie Creek de la compagnie Canadian Zinc basée à Vancouver, le quiproquo est encore bien tangible pour le public. La future réserve ne fait qu’entourer la mine. Cette dernière pourra encore extraire le plomb, l’argent et le zinc à l’intérieur de ses limites actuelles jusqu’à épuisement, mais ne pourra plus s’étendre.

Lors d’un entretien téléphonique, Dennis Bevington expose son point de vue à ce sujet. « Plusieurs mines sont en place dans la région depuis plusieurs années. Cette question n’est pas la plus facile à traiter, alors qu’il faut établir les conditions pour le développement de ces exploitations.

L’enjeu le plus important est que la rivière Prairie Creek et un tributaire de la rivière Nahanni Sud. Alors il faut veiller à ce que la protection du basin hydrologique concorde avec les conditions établies au développement de la mine Canadian Zinc », dit-il. « Je suis heureux que plus de terres aient été ajoutées à la réserve du Parc. Je ne suis pas certain encore quelles sont les aires spécifiques qui sont touchées par cet agrandissement, j’attends le compte-rendu final qui sortira en 2008. » Le député fédéral du Western Arctic clame qu’il est souvent intervenu à la salle des communes pour encourager la totale préservation du basin hydrologique de la rivière Nahanni. « Avec cette récente annonce, je questionne simplement le gouvernement : est-ce que tout le travail à été fait? », ajoute-t-il.

Finalement, pour stimuler l’économie touristique, Dennis Bevington pense que plus de ressources pourraient être disponibles pour mieux interpréter la nature et sa faune dans la réserve, mais aussi dans les villages avoisinants. À cet effet, on pourrait employer des agents locaux pour tenir un deuxième bureau à Nahanni Butte. Pour conclure, le député néo-démocrate consolide ses orientations vers le futur en disant : « Le but, c’est de préserver ce magnifique trésor pour l’éternité. »