
« Au moment où s’ouvraient les mines de diamants aux TNO, on parlait déjà du corridor de la province géologique de l’Esclave », souligne Karen Costello.
La première cohorte est constituée par la production de gaz naturel liquéfié en Colombie-Britannique, un petit réacteur modulaire en Ontario, des mines en Colombie-Britannique et en Saskatchewan et l’agrandissement d’un port au Québec.
Le Corridor économique et de sécurité de l’Arctique, porté conjointement par les TNO et le Nunavut, fait néanmoins partie d’une courte liste de projets qui sont « encore à un stade précoce et doivent être développés davantage ».
Concrètement, de quoi est constitué ce projet ? Dans les grandes lignes, il correspond à l’ancien projet de route reliant Yellowknife au futur port de Grays Bay, dans le golfe du Couronnement, au Nunavut, en passant par la province géologique de l’Esclave. En 2018, le GTNO estimait la valeur de la production minière (cuivre, zinc, lithium, etc.) de cette formation géologique de 213 000 kilomètres carrés à 45 milliards de dollars.
En termes de sécurité, le corridor permettrait de renforcer les capacités des Forces armées canadiennes dans le Nord, avec, notamment, le port de Grays Bay. Celui-ci s’ajouterait aux infrastructures portuaires en expansion dans le passage du Nord-Ouest, au Groenland et en Alaska.
Quels impacts ?
La directrice générale de la Chambre des mines des TNO et du Nunavut, Karen Costello, dit percevoir dans la mention du Corridor par le premier ministre une reconnaissance du rôle qu’il pourrait jouer pour combler les besoins des communautés. Et également, libérer le potentiel minéral de la province.
Au Nunavut, selon elle, le travail est plus avancé. « L’Association des Inuits de Kitikmeot fait progresser le projet du port et de la route de Grays Bay par le biais de leur compagnie West Kitikmeot Resources, explique Mme Costello, et ils ont déjà reçu du financement de Transport Canada il y a deux ans. »
La directrice ajoute que la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions examine les impacts potentiels de ces infrastructures. Elle estime que le Corridor économique et de sécurité de l’Arctique devrait être examiné par l’Office d’examen des répercussions environnementales de la vallée du Mackenzie, malgré la promesse fédérale d’alléger les processus d’approbation.
« Le premier ministre avait précédemment annoncé que le bureau des grands projets respecterait les traités existants, rappelle la directrice de la Chambre des mines. Les TNO et le Nunavut ont des régimes de cogestion très modernes qui incorporent une participation autochtone dans leur processus. »
Mme Costello ajoute que le Bureau des grands projets s’est récemment doté d’un
comité consultatif autochtone, « qui sera capable de s’assurer que les exigences de consultation et d’implications soient rencontrées ». Le Nunavut, le Nunavik et le Yukon y sont représentés.
La prochaine génération de mines aux Territoires du Nord-Ouest tombe dans la catégorie des minéraux critiques.
Signes favorables
Les premiers ministres des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, R. J. Simpson et P.J. Akeeagok, considèrent également que l’annonce fédérale est de bon augure.
« Bien qu’aucun projet situé aux Territoires du Nord-Ouest n’ait été inclus dans la liste initiale, nous voyons d’un œil favorable les signaux qui laissent à penser que des corridors nordiques et des routes toutes saisons seront ajoutés aux prochaines versions de cette liste, a réagi M. Simpson. Il est également prometteur de voir le premier ministre mentionner le Corridor de sécurité de l’Arctique. »
Le Nunavut avait par ailleurs proposé que soient reconnus comme projets d’intérêt national un port en eau profonde à Qikiqtarjuaq, la liaison hydroélectrique par fibre optique du Kivalliq et le projet hydroélectrique d’Iqaluit.
La stratégie sur les minéraux critiques
Parmi la courte liste de projets à développer, auprès du corridor TNO-Nunavut, d’un train à grande vitesse Québec-Toronto, du port de Churchill, d’un projet d’oléoduc et de captage, d’utilisation et de stockage du carbone en Alberta et d’un autre d’éoliennes dans les Maritimes, se trouve la stratégie sur les minéraux critiques.
« Nous aimerions voir cette stratégie de minéraux critiques fonctionner pour tout le Canada, incluant le Nord, commente Mme Costello. Nous voulons être impliqués. […] La prochaine génération de mines aux Territoires du Nord-Ouest tombe dans la catégorie des minéraux critiques. »
31 des 34 minéraux critiques reconnus par le Canada peuvent être trouvés aux TNO et au Nunavut, soulève-t-elle.