le Vendredi 3 octobre 2025
le Vendredi 3 octobre 2025 16:01 Environnement

Écoanxiété : quand l’angoisse climatique gagne le Nord

Selon l’Association psychologique de l’Ontario, l’écoanxiété n’est pas une condition actuellement diagnostiquable. — iStock
Selon l’Association psychologique de l’Ontario, l’écoanxiété n’est pas une condition actuellement diagnostiquable.
iStock

Des ressources supplémentaires sont nécessaires pour traiter l’écoanxiété, selon plusieurs intervenants ayant témoigné pour la mise au point du Plan d’action sur le changement climatique 2025-2029.

Écoanxiété : quand l’angoisse climatique gagne le Nord
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Pour Carl Jr Kodakin-Yakeleya, l’acceptation de la réalité des changements climatiques et des structures adaptées aide à lutter contre l’écoanxiété. 

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Peur chronique d’une catastrophe environnementale imminente. C’est la définition de l’écoanxiété véhiculée par la Commission de la santé mentale du Canada provenant de l’Association américaine de psychologie.

Selon l’Association psychologique de l’Ontario, l’écoanxiété n’est pas une condition actuellement diagnostiquable. Cependant, on peut la caractériser par de la colère ou de la tristesse ressentie à cause de la perte d’espèces animales ou d’environnements. Elle occasionne des sensations d’impuissance, de désespoir et des troubles du sommeil.

Un impact sur la santé mentale

« Un des thèmes les plus constants dans la rétroaction des participants était l’impact des changements climatiques sur la santé mentale, peut-on lire dans Plan d’action sur le changement climatique 2025-2029. Les participant.e.s ont exhorté le gouvernement à fournir des ressources pour aider les gens […] avec des solutions accessibles […] Les services de santé doivent aussi s’aligner plus étroitement avec les pressions climatiques émergentes. »

Ils et elles ont souligné que des infrastructures résilientes face aux changements climatiques pourraient jouer un rôle central dans la protection de la santé mentale et physique. Parmi les actions suggérées : rendre les purificateurs d’air plus accessibles, créer des espaces communautaires avec de l’air propre et des capacités de refroidissement pour aider les citoyens durant les feux de forêt et les vagues de chaleur.

Si [la nature] change, nous devons changer avec elle parce que si nous restons coincés dans nos anciens schémas, nous allons ressentir plus d’anxiété. 

— Carl Jr Kodakin-Yakeleya, président du Conseil des jeunes sur les changements climatiques

Évoluer en parallèle des changements

Carl Jr Kodakin-Yakeleya, 32 ans, est depuis quelques semaines président du Conseil des jeunes sur les changements climatiques, consulté pour le Plan d’action 2025-2029. La nature et les médecines traditionnelles font partie intégrante de sa vie. « J’ai vu beaucoup de choses que le climat a changées, souligne-t-il, citant comme exemples le bas niveau de l’eau, des changements du paysage, la raréfaction des bleuets. Je vois beaucoup d’écoanxiété chez les gens qui ont à peu près mon âge. Ils ne connaissent peut-être pas le mot, mais ils ont des préoccupations à propos de la nature. »

Pour s’adapter aux changements climatiques, la population du Nord, particulièrement touchée, a selon lui besoin de choses comme des routes quatre saisons, mais elle doit aussi changer plus généralement d’attitude. « Nous devons prendre conscience de comment nous pouvons grandir avec ça […] comment nous devons nous adapter. […] Il y avait un buisson de petits fruits là et il est parti. […] Nous devons l’accepter, mais ça ne veut pas dire qu’il a complètement disparu. Nous sommes encore en connexion avec la nature. Si elle change, il faut se défaire de nos anciens schémas, sinon nous allons ressentir plus d’anxiété. »

Selon le président, les médecines traditionnelles sont aussi une piste de solution.

Un atelier en préparation ?

Le directeur général du Réseau Santé TNO, Christian Hirwa, relève que l’écoanxiété est de plus en plus présente dans les discours, et pas seulement dans son domaine. « On en entend parler un peu partout dans les différents services de la Fédération franco-ténoise. C’est sûr que ça vient nous interpeler. On envisage d’ailleurs un atelier pour aider les jeunes ou les familles […] à trouver l’expertise requise afin de développer quelque chose. Idéalement, on serait capable d’offrir, au moins un début de solution, […] cette année. »

Tout en spécifiant qu’il n’est pas un expert, Christian Hirwa pense qu’il faut montrer aux personnes souffrant d’écoanxiété l’impact qu’elles peuvent avoir par l’implication ou le bénévolat. 

La mobilisation est effectivement une voie de thérapie préconisée par plusieurs intervenants, notamment la Commission de la santé mentale du Canada ou le dialogue et le recours aux ressources en santé mentale.

Médias Ténois a sollicité sans succès les commentaires de diverses commissions scolaires ténoises.