le Dimanche 20 avril 2025
le Vendredi 13 octobre 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Francophonie

Au Nord ton père et ta mère!

Au Nord ton père et ta mère!
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Avez-vous réalisé qu’un des grands drames de notre époque a été provoqué par…un manque de connaissance de la langue. En effet, dès le plus bas âge, les enfants apprennent de grandes leçons de leurs parents, grands-parents, à l’école, etc. Et l’une de ces premières leçons, est « Honore ton père et ta mère ». Mais par les temps qui courent, avec l’écriture au son et autres choses du genre, les jeunes ont tout simplement cru que ç’était Au nord, ton père et ta mère. Donc, la leçon était assez facile à appliquer, quand, par bonheur, on demeure déjà dans le Nord. Donc, cette leçon a totalement passé à côté de la plaque pour une raison…d’orthographe, en français du moins.

La rectitude politique (politically correct) a engendré toute une dédale de comportements, plus ou moins acceptables, sous prétexte qu’il fallait laisser vivre. Je ne suis pas certaine que les méthodes utilisées soient toujours à l’avantage des enfants qui grandissent. En effet, les enfants ont leur mot à dire dans bien des cas, mais la décision finale ou le droit de trancher ne leur revient pas toujours. Certains parents se délestent peut-être ainsi de responsabilités essentielles au détriment des enfants. Je ne suis pas certaine qu’un enfant de six ans puisse décider qu’il peut aller se coucher quand bon lui semble (ou presque), parce qu’il a le libre arbitre de ce faire. Je ne suis pas certaine qu’un enfant décide toujours de ce qu’il va manger, car ce sont ses goûts. Les parents ne privent-ils pas alors leurs jeunes de toute une découverte qui peut se faire du côté culinaire, saveurs, textures, etc. Ce n’est pas à 16 ou 17 ans que cela s’apprend, mais tout jeune. Il y a tout un volet qui s’apprend à la maison, pour le plus grand bonheur des petits découvreurs.

Quand j’étais jeune, les règles du jeu étaient bien définies, tant à la maison qu’à l’école. Nos droits se limitaient à l’apprentissage, ou peu s’en faut. Pour ce qui est de décider ce qu’on allait manger aux repas, la décision ne nous revenait tout simplement pas : on mangeait ce qu’il y avait dans les assiettes. Pas question de faire les difficiles, de regimber. Si on ne mangeait pas ce qu’il y avait là, c’est simple, il n’y avait rien d’autre. Cela n’empêchait pas les mères de cuisiner, à l’occasion, les repas les plus appréciés des petits, cela va de soi. Mais pas question de toujours avoir exactement ce qu’on voulait, quand on le voulait.

Moi, j’ai eu le malheur (et la chance également) d’être pensionnaire. Alors là, si les règles étaient strictes à la maison, elles semblaient bien douces par rapport à celles qui sévissaient dans les pensionnats. Un ensemble de codes régissaient la vie tout entière, y compris la bouffe, en plus de tous les éléments périphériques entourant les repas, huile de foie de morue en tête.

Je ne dis pas qu’il faille être tyrannique avec les enfants, les obliger à manger du foie tous les jours et les priver de nourriture s’ils ne mangent pas leur assiette. Il s’agit là de méthodes passéistes d’un temps bien révolu. Mais il y a des façons de s’y prendre pour au moins se donner la peine d’aider les enfants à découvrir certains plaisirs de la table qui ne viennent pas automatiquement. C’est tellement plus facile de ne rien dire, de baisser les bras et de faire un sandwiche au beurre d’arachides.

Mais je me rends compte que les parents aussi se sont peut-être laissés méprendre par ce Au Nord ton père et ta mère. On y est déjà, dans le Nord, donc la job est faite. Pas si certaine de ça. Je plaisante bien sûr, mais jusqu’à un certain point. Bien évidemment, ce n’est pas pire dans le Nord qu’ailleurs au Canada ou aux États-Unis. Mais c’est peut-être pire qu’en Europe ou qu’ailleurs dans le monde. Je crois que cette rectitude politique (qui est en recul présentement) a pris une telle ampleur, sans nuances, qu’elle ne laisse place à la moindre autorité, quelque saine et équilibrée qu’elle soit. L’autorité des parents est en voie d’extinction au profit d’une génération montante qui ne connaît pas de frontières. Il va sans dire que je parle ici en général : tous les parents ne sont pas sans autorité, et tous les enfants ne sont pas des détracteurs de leurs parents. Dieu merci! Mais le phénomène existe tout de même à un degré tel qu’il est flagrant.

Et pour revenir à mon Au Nord, peut-être faudrait-il corriger cette faute une fois pour toutes et bien déterminer l’orthographe. Cela pourra-t-il aider? J’en doute, mais on ne perd rien à essayer.

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