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le Vendredi 23 novembre 2001 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Francophonie

« Le français est pratiquement inexistant dans le monde du travail des Étude sur le marché du travail aux T.N.-O.

« Le français est pratiquement inexistant dans le monde du travail des Étude sur le marché du travail aux T.N.-O.
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Selon Sylvie Francoeur, consultante pour la firme Nadeau, Beaulieu et Associé.e.s, le français est pratiquement inexistant dans le monde du travail des Territoires du Nord-Ouest. Dans son rapport de 70 pages, Mme Francoeur parle de caractéristiques enviables pour les francophones, mais que leur réussite individuelle est due « à leurs qualités personnelles, à leur détermination, à des efforts et des sacrifices dont le coût ne saurait être quantifié ».

Dans l’étude commandée par la Fédération Franco-TéNOise, Mme Francoeur dit constater que la population francophone des T.N.-O. est composée de personnes jeunes, éduquées, occupant des emplois de cols blancs qui leur procurent un bon revenu. Cependant, même si la plupart des employeurs reconnaissent qu’avoir un employé bilingue peut constituer un atout, « on pense que la maîtrise d’une langue étrangère souvent parlée par les clients s’avère plus utile que le français ». Cet état de fait explique donc « le peu de ressources consacrées à l’enseignement du français aux employés », selon Mme Francoeur.

Pour effectuer son étude, Mme Francoeur a rencontré, au cours des derniers mois, des francophones de Fort Smith, Hay River, Yellowknife et Inuvik. Celle-ci a aussi effectué une étude auprès des employeurs, tant du secteur public que du secteur privé. À la lumière de ces rencontres, Mme Francoeur constate que ce n’est pourtant pas par manque d’intérêt que la demande de services en français se montre si faible, « c’est tout simplement que ces services ne sont pas connus », écrit-elle.

Dans son rapport, Mme Francoeur ajoute que « la place négligeable du français sur le marché du travail entraîne des conséquences néfastes pour les individus d’abord, mais aussi pour la communauté ». Selon elle, comme la plupart des francophones sont originaires du Québec, ils doivent rapidement apprendre l’anglais pour se tailler une place sur le marché du travail, ce qui demande du temps et des efforts et « ralentit leur promotion professionnelle ».

Les affaires

Selon Mme Francoeur, « l’activité économique étant perçue comme une réalité anglophone, elle devient un lieu d’assimilation par excellence. L’engagement des francophones porterait presque exclusivement sur les dossiers de la langue et de la culture. « Le français est considéré comme une langue de développement personnel et de loisir plutôt qu’une langue de promotion professionnelle. Il n’est donc pas étonnant que l’indice de continuité linguistique relevé dans cette région ne soit que de 0,43 ». Stratégie d’intervention

La stratégie d’intervention définie par Mme Francoeur dans son rapport se résume en trois points : la promotion du français, l’accès aux services en français et l’appui aux entrepreneurs francophones.

Pour la promotion de la langue, Sylvie Francoeur propose la mise en place de services d’information sur les programmes et services des gouvernements territorial et fédéral, de services de traduction et d’interprétation au profit des entreprises et d’un programme de recrutement de personnel. « Cette banque de personnel pourrait être offerte aux entreprises et aux gouvernements », ajoute-t-elle. Le rapport propose également la mise sur pied d’un programme de promotion du bilinguisme en affaires.

Le rapport de Mme Francoeur fait aussi état de la mise sur pied de services favorisant l’intégration et la participation des francophones au marché du travail. Pour ce faire, Mme Francoeur propose l’accès à des équipements de bureau, à un centre de ressources en français et à des conseils personnalisés en orientation professionnelle. Un service d’accueil et d’orientation pour les nouveaux arrivants à Yellowknife, des cours d’anglais et la création d’une banque de ressources humaines ayant la capacité d’offrir des ateliers et des cours en français feraient aussi partie des objectifs à atteindre, selon Mme Francoeur.

Enfin, comme mesures d’appui aux entrepreneurs, il faudrait un programme de micro prêt à risque. « De plus, la FFT devrait continuer à faire du lobbying auprès de Diversification économique de l’Ouest dans le but de faire inclure les T.N.-O. dans son mandat », d’ajouter Mme Francoeur. Enfin, l’accès à un centre de ressources en français sur l’entreprenariat devrait être favorisé, tout comme l’accès à des services de réseautage local, régional, national et international pour les entrepreneurs.

Mode de livraison des services

Comme mode de livraison des services, Mme Francoeur propose que tout se fasse à un seul endroit, sous forme de guichet unique ayant son bureau central à Yellowknife. « Les services seraient également disponibles sur l’ensemble du territoire par l’entremise d’une ligne téléphonique sans frais, d’équipement pour vidéo conférence et d’un site web », de préciser Sylvie Francoeur. Cette dernière propose aussi que les trois autres communautés francophones soient visitées régulièrement, notamment, pour offrir des ateliers de formation et des services spécialisés aux entrepreneurs.