Le terrain convoité par le Comité de mise sur pied d’un centre communautaire à Yellowknife, situé sur la 53e rue, sera vendu à une compagnie de construction de la capitale. C’est ce qu’a appris le comité, le 15 mai dernier, soit trois jours après avoir déposé une offre d’achat formelle pour le terrain de 1500 pieds carrés.
La présidente du comité, Line Gagnon, refuse cependant de baisser les bras. Des lettres ont déjà été envoyées aux personnes susceptibles d’intervenir en faveur des francophones et de faire renverser cette décision. « Nous faisons les efforts nécessaires, mais nous ne savons pas si c’est une décision irréversible ou non. Je dirais qu’il y a du potentiel. Comme il faut que toutes les ventes immobilières du gouvernement soient approuvées par le ministre de la Justice, nous croyons qu’il y a quand même des recours », dit-elle.
Le ministre Cauchon a donc reçu une lettre provenant du Comité de mise sur pied du centre communautaire, tout comme son patron, Jean Chrétien. Le président du Conseil privé de la Reine, Stéphane Dion, la ministre du Patrimoine canadien, Sheila Copps, la députée de Western Arctic, Ethel Blondin-Andrew, et la commissaire fédérale aux langues officielles, Dyane Adam, font aussi partie des nombreux intervenants ayant reçu une lettre au cours de la dernière semaine.
« Nous faisons valoir que, d’un côté, le Conseil du trésor injecte des millions de dollars pour l’épanouissement des communautés en milieu minoritaire et, de l’autre, le gouvernement ne veut faire que des profits, aussi minimes soient-ils. Nous parlons aussi de constitutionnalité, à savoir que cette mesure nuit au développement et à l’épanouissement des collectivités francophones en milieu minoritaire », d’expliquer Mme Gagnon, qui considère comme contradictoire le fait que « d’un côté le gouvernement fédéral se dit engagé envers les communautés linguistiques, alors que de l’autre, il enlève les opportunités à une collectivité francophone minoritaire ».
Celle-ci ne cache cependant pas qu’au départ, le Comité était conscient qu’il entrait en compétition avec le secteur privé pour l’achat de ce terrain. « D’après ce que l’on nous a dit, le fait d’être un organisme à but non lucratif ne pèse pas lourd dans la balance », de déplorer Line Gagnon, qui croit que cette nouvelle donne pourrait changer toute l’approche adoptée pour l’obtention d’un centre communautaire.
En bout de ligne, si la décision n’est pas renversée, Mme Gagnon croit que ce sera à la communauté de réfléchir à une alternative ou à une nouvelle stratégie. « Il faudra se regrouper et c’est ce que l’on va faire, mais il est présentement trop tôt pour être fataliste », conclut-elle.