le Mardi 10 juin 2025
le Vendredi 7 janvier 2005 0:00 Francophonie

« À l’aide! », crie la radio

« À l’aide! », crie la radio
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Mercredi, l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY) a fait parvenir une lettre à la ministre du Patrimoine canadien, Liza Frulla, afin de l’informer de « la situation précaire d’un projet qui est d’une grande importance pour la communauté francophone et francophile de Yellowknife : la radio communautaire CIVR Radio Taïga 103,5 FM. »

« La radio est sur le point de fermer », peut-on lire dans la lettre dont L’Aquilon a obtenu copie. L’AFCY demande, ni plus ni moins, une aide d’urgence à Patrimoine canadien pour garder sa station communautaire en onde. « Nous avons besoin de l’appui financier continu du ministère pour nous aider à payer les frais d’opérations tels que la location d’antenne à la Société Radio-Canada qui s’élève à près de 7 000 $ par année, les frais de loyer, d’entretien technique, et surtout le salaire d’une personne qui peut coordonner les bénévoles, leur formation, la mise en onde des émissions et les bris techniques. Malgré le travail acharné des bénévoles au niveau du prélèvement de fonds, nous n’arriverons jamais à amasser le montant nécessaire pour payer toutes les dépenses opérationnelles d’une radio communautaire en milieu minoritaire », constate amèrement l’AFCY.

Des affirmations que tempère, toutefois, le président de l’AFCY, Martin Dubeau. « Ce n’est pas notre intention [de fermer la radio] et ça ne sera pas la semaine prochaine non plus, dit-il. L’idée derrière cette lettre, c’est de dire ce qu’est la réalité. C’est-à-dire que nous avons des bénévoles et des gens qui sont intéressés à faire et à écouter de la radio, mais qu’une radio de cette ampleur ça coûte des sous. »

De l’argent, la radio en a de besoin. Les seuls frais d’opérations de la radio s’élèvent à environ 20 000 $ par année, selon l’administratrice bénévole, Sylvie Francoeur. Un montant que ne peut acquitter seule la communauté francophone de la capitale. « En milieu minoritaire on ne peut pas s’attendre à ce qu’une radio prélève un minimum de 20 000 $ par année en publicité », d’expliquer Mme Francoeur.

À cette somme il faudrait ajouter le salaire d’un employé, ce qui manque le plus à la radio en ce moment, selon la bénévole. En ce moment, affirme-t-elle, les bénévoles de la radio sont en train de s’épuiser. « Il y a un gros dynamisme au niveau de l’animation. Mais ce sont les bénévoles qui s’occupent coordonner tout ça et de s’assurer que les équipements fonctionnent qui s’épuisent, dit-elle […] C’est là que ça risque de péter »

Programme

Quand CIVR a été mise en onde, en 2001, elle a bénéficié de l’aide de Patrimoine canadien et de son Programme des radios communautaires. Le ministère avait alors investi 140 000 $ dans la station francophone. Ce programme offre une aide pour l’implantation des stations communautaires en milieu minoritaire, mais ne comprend pas de volet pour maintenir leur opération.

Radio Taïga compte sur une refonte du Programme des radios communautaires pour se sortir du bourbier. En ce moment, explique une porte-parole de Patrimoine canadien, Catherine Gagnaire, le ministère est en train de revoir « les mécanisme de collaboration avec les radios communautaires ». Cela pourrait signifier qu’un volet pour le financement des opérations des radios soit ajouté au programme. Mais, ajoute-t-elle. « En ce moment, rien n’est arrêté. »

Sans employé depuis le mois de mai 2004, Radio Taïga ne fonctionne, depuis ce temps, que grâce au travail acharné de ses bénévoles.