Lors de la dernière réunion du conseil d’administration de la Fédération Franco-Ténoise (FFT), le 17 février, il a été résolu que la FFT sera co-demandeur dans une éventuelle poursuite judiciaire contre le gouvernement des TNO portant sur le respect du droit à l’éducation des francophones de Yellowknife.
Cette menace de poursuite lancée à l’initiative de l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY) a pour objectif d’assurer aux étudiants de l’École Allain St-Cyr un accès à des infrastructures scolaires égales à ce que l’on retrouve dans les écoles anglophones. Parmi les besoins les plus criants identifiés par l’APADY mentionnons un gymnase, un laboratoire de science, une cafétéria et l’ajout de nouvelles salles de classe pour les élèves du secondaire.
« Il faut s’assurer que le gouvernement des TNO cesse d’appliquer une politique qui prive nos écoles démunies d’outils élémentaires et de la capacité d’accueillir nos étudiants dans un service de qualité égal aux écoles de la majorité anglophone. C’est primordial », commente le président de la FFT, Fernand Deneault.
Ce dernier se souvient que c’est dans un esprit de compromis que la communauté avait accepté les infrastructures scolaires qu’on juge aujourd’hui insuffisantes. Ces infrastructures, indique-t-il, devaient permettre aux étudiants francophones d’étudier dans une véritable école et non plus dans des portatives « avec des toits qui coulaient », précise le président.
« Il y avait un besoin qui était immédiat, les gens ont senti le besoin de faire des compromis. C’est pourquoi les gens ont été limités quant à l’espace et toutes ces choses et ça a créé des faiblesses sérieuses », commente M. Denault.
Mendicité
Selon M. Denault, ce que pourra briser une poursuite judiciaire, c’est « le cycle de dépendance mendiante » des écoles francophones. Par là, il entend l’obligation qu’ont les écoles francophones de compter sur la générosité des autres établissements scolaires pour offrir aux élèves des heures de gymnase ou d’autres services de ce genre.
Cette situation est, selon lui, intenable surtout compte tenu d’une réceptivité des écoles anglophones qui semble toujours s’amenuiser. Ainsi, depuis cette année les étudiants de l’École Allain St-Cyr n’ont plus accès au gymnase de l’école William Macdonald et doivent se rendre à l’aréna Multiplex pour se dégourdir. À cela s’ajoute la récente adoption d’une politique du « pour nos élèves seulement » par l’Autorité d’éducation du district de Hay River qui empêche toute collaboration entre l’École Boréale et les établissements scolaires anglophones de Hay River.
En outre, le président affirme que supporter cette cause esten accord avec le mandat de la FFT puisque l’éducation en français des jeunes Franco-Ténois est la clef de l’enracinement de la communauté. « Lorsque l’on peut dire qu’une communauté est permanente, c’est quand nous avons des familles, quand nous avons des enfants, quand nous avons une base stable. Le premier pas pour assurer ça, c’est de sécuriser l’éducation aux enfants de ces familles », dit-il.
Si le besoin de nouvelles infrastructures scolaires fait assez largement consensus au sein de la communauté francophone de Yellowknife, la nécessité d’une poursuite judiciaire, elle, nourrie les débats. Pourquoi est-ce que la FFT opte pour cette option plutôt qu’une approche d’abord diplomatique ? Parce que c’est le moyen le plus efficace, répond du tac au tac Fernand Denault.
« Il semble que nous avons des politiciens faibles qui ont de la misère à prendre des décisions responsables sans avoir la menace de la Cour ou son ordonnance. C’est triste, mais les parents, jusqu’à présent, n’ont rien obtenus sans cette menace. Et ça a l’air que c’est le patron qui se poursuit », note-t-il.
Au moment où ces lignes sont écrites aucune poursuite judiciaire n’a été intentée contre le gouvernement des TNO relativement à cette affaire. « C’est du travail préliminaire, conclue M. Denault. Les troupes se rassemblent. »