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le Vendredi 29 avril 2005 0:00 Francophonie

L’APADY intente un recours

L’APADY intente un recours
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Le procureur général et le commissaire des TNO ont reçu une lettre d’avocat en français, le 22 avril. Une coalition de citoyens de Yellowknife menée par l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY) poursuit le gouvernement territorial pour non-respect du droit à l’éducation des enfants dans la langue de la minorité.

Outre l’APADY, la coalition de demandeurs est constituée de la Garderie Plein Soleil, de la Fédération Franco-Ténoise et de deux parents dont les enfants fréquentent l’école Allain St-Cyr, Claude St-Pierre et Yvonne Careen qui est également présidente de l’APADY.

Les demandeurs considèrent que les infrastructures scolaires francophones de Yellowknife ne conviennent pas aux besoins des parents ayants droit et que, de ce fait, le gouvernement des TNO contrevient à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Cet article, qui porte sur la l’instruction dans la langue de la minorité, stipule que les citoyens canadiens, répondant à certains critères, ont le droit de faire instruire leurs enfants, aux niveaux primaire et secondaire, dans leur langue. Et de surcroît que ce droit « comprend, lorsque le nombre de ces enfants le justifie, le droit de les faire instruire dans des établissements d’enseignement de la minorité linguistique financés sur les fonds publics. »

La président de l’APADY, Yvonne Careen, explique la démarche entreprise par la coalition de demandeurs. « Quand le nouvel édifice [l’actuelle école Allain St-Cyr] a été construit on a vu une grande augmentation dans les inscriptions et, depuis ce temps là, on voit une baisse à chaque année. Il y plusieurs raisons pour ça. Avec la Commission scolaire, nous avons fait une étude, en juin 2003, pour cerner les besoins d’espace et de ressource parce que c’était de ce côté-là que l’on recevait beaucoup de plaintes de parents. »

Quatre besoins ont été identifiées par cette étude : 1) instaurer un niveau secondaire complet, 2) garantir l’égalité avec les services offerts aux parents d’élèves anglophones de Yellowknife, 3) que l’école fasse partie d’un centre scolaire-communautaire où l’on retrouverait notamment les bureaux de la commission scolaire francophone afin d’assurer le développement identitaire dans un milieu fortement minoritaire et 4) assurer la présence de la garderie et du niveau prématernel dans l’école. Ces besoins recoupent, presque mot pour mot, les demandes exprimées par la coalition dans sa poursuite contre le GTNO.

Selon les évaluations du ministère de l’Éducation, le bâtiment qui abrite actuellement l’école Allain St-Cyr pourrait accueillir plus d’une centaine d’élèves, c’est-à-dire beaucoup plus que le nombre d’élèves actuellement inscrits. Mais cela ne désarçonne pas du tout Mme Careen qui maintient que l’espace actuel est insuffisant.

« Le problème avec le site actuel c’est que nous n’avons pas l’égalité avec les anglophones. Nous n’avons pas de gymnase, nous n’avons pas de salle dans laquelle nous pourrions offrir de la programmation spéciale comme les sciences au niveau secondaire, il n’y a pas de cafétéria, il n’y a pas d’endroit de rassemblement », affirme la présidente de l’APADY.

En tant que parent francophone, Mme Careen se considère brimée quand elle voit tout ce qui est offert aux parents dont les enfants fréquentent les écoles de la majorité. « Mon fils doit marcher pour se rendre dans un gymnase, il perd ainsi énormément de temps académique. Il fait son cours d’éducation physique puis il doit revenir à l’école à pied. Les enfants peuvent se réunir dans la Rotonde, mais ça ne se fait pas souvent parce qu’alors ils dérangent les classes du secondaire qui sont placées dans l’autre moitié de la Rotonde. Il n’y a pas d’espace pour faire des activités comme des cours de guitare, par exemple. Tout doit se faire dans la Rotonde ou sinon ça ne se fait pas du tout. […] Alors non, je ne considère pas qu’il a accès à des services équivalents à la majorité anglophone. »

Les défendeurs pour la poursuite ont jusqu’à la fin mai pour déposer une défense ou un acte de comparution au greffe de la Cour suprême des TNO. Il n’a pas été possible de rejoindre le ministre de l’Éducation avant la tombée du journal.

Centre scolaire communautaire

Un des objectifs du présent recours judiciaire est d’offrir la possibilité d’établir un centre scolaire communautaire.

Étant donné que la communauté francophone de la capitale, et plus précisément l’Association franco-culturelle de Yellowknife, n’a pas encore donné son aval à un tel projet, Yvonne Careen affirme qu’un simple agrandissement de l’école Allain St-Cyr pourrait aussi être envisagé. « On a laissé l’option ouverte : soit un agrandissement de l’école et de la garderie, soit la construction d’un centre scolaire communautaire. »

si la communauté de Yellowknife décide qu’elle veut aller dans cette direction », dit-elle.

Pour faire la promotion de l’option scolaire-communautaire, l’APADY invite, par ailleurs, les francophones à une conférence qui portera sur ce genre d’infrastructure. David Fréchette, directeur d’un centre scolaire-communautaire situé à Legal en Alberta, répondra aux questions du public ce mardi, à la Rotonde de l’école Allain St-Cyr, à 19 h.