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le Vendredi 7 octobre 2005 0:00 Francophonie

Au tour de L’Aquilon

Au tour de L’Aquilon
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Les Éditions Franco-Ténoises/L’Aquilon, qui publie ce journal, sont un demandeur dans le procès qui oppose depuis le début septembre la Fédération Franco-Ténoise (FFT) et les gouvernements fédéral et territorial. Le 30 septembre, le directeur et éditeur de cette société, Alain Bessette, a donc à son tour témoigné pour appuyer la preuve présentée par la FFT.

L’Aquilon affirme que le gouvernement des TNO a omis à plusieurs reprises, au cours des dernières année,s de faire publier en français des publicités parues en anglais dans d’autres journaux des TNO. Selon la maison d’édition, conformément à la Loi sur les langues officielles des TNO, le gouvernement a l’obligation d’effectuer ses communications publiques dans toutes les langues officielles et que cela suppose qu’une publicité publiée dans un journal anglophone doit aussi paraître en français dans un journal francophone, si un tel journal existe.

En 1999, la première plainte formelle déposée par la FFT contre le gouvernement territorial relativement à cette poursuite concernait d’ailleurs des publicités publiées en anglais seulement.

« J’ai fait appel à la FFT pour qu’ils épaulent politiquement le journal », a raconté Bessette au tribunal. Il a ajouté qu’à ce moment, cela faisait « plusieurs années » qu’il faisait pression sur l’organisation francophone territoriale pour obtenir un appui dans le dossier des publicités unilingues.

Pour les Éditions Franco-Ténoises, ces manquements présumés à la Loi ont un impact de taille : la vente d’espaces publicitaire est la première source de financement de cette société.

De 1994 à 2002, L’Aquilon a compilé toutes les publicités qui auraient été publiées dans l’hebdomadaire News/North, mais pas dans L’Aquilon. Selon les chiffre présentés à la Cour, durant ces neufs années plus de 800 000 dollars de revenus publicitaires auraient échappés à la société.

« Pour chaque annonce qui passe, il y en a une qui ne passe pas », a déclaré l’éditeur.

Qualité

Selon Bessette, moins le gouvernement territorial respecte ses obligations en matière de publicité en français, plus la qualité de son journal, le seul média d’informations locales francophone des TNO, en souffre.

Durant les pires années de disette publicitaire, a souligné le témoin, il devait produire seul le journal, car la situation financière des Éditions Franco-Ténoises lui interdisait d’embaucher un journaliste. À cette époque, estime-t-il, la piètre qualité de l’information publiée dans L’Aquilon nuisait à l’épanouissement de la communauté francophone. « Je ne suis pas un journaliste », a indiqué Bessette.

D’après le témoin, pour que la qualité du journal soit à la hauteur des attentes du lectorat, il est préférable qu’au moins deux journalistes permanents soient à l’emploi du journal, en plus de l’éditeur. « Avec deux employés [l’éditeur compris] c’est dur mais c’est possible », a-t-il précisé. Au fil des ans, le nombre de journalistes à l’œuvre dans la salle de presse de L’Aquilon a fluctué corollairement à la quantité de publicités traduites et publiées par les institutions territoriales. Ainsi, en 2000, l’année étudiée où le nombre de publicités francophones non publiées aurait été le plus bas, L’Aquilon embauchait deux journalistes. Un poste a par la suite été coupé en 2002 alors que, selon l’expression du témoin, les institutions reprenaient « de mauvaises habitudes ».

Depuis mars 2005, a indiqué le témoin, la situation a été largement corrigée et même certaines institutions qui n’avaient jamais fait publier de publicités en français ont commencé à le faire. Il a d’ailleurs déclaré qu’il étudiait la possibilité d’embaucher un second journaliste.

De faibles revenus publicitaires peuvent aussi nuire à la mission pédagogique et communautaire du journal francophone, a indiqué Bessette. Ainsi de 1995 à 1999, le journal n’a pas publié de « page des jeunes », une page de jeux en français imprimée aux frais du journal. C’est « la situation financière » du journal qui forçait cette interruption, a signalé l’éditeur.

Communiqués

L’Avocat des demandeurs, Me Roger Lepage, a demandé au témoin si le gouvernement envoyait ses communiqués de presse officiels en français à L’Aquilon. Alain Bessette a répondu que cela arrivait parfois, mais que c’était, somme toute, très rare.

« En 15 ans, si j’ai reçu 10 communiqué de presse [en français], je serais étonné », a-t-il dit.

Cela, a-t-il ajouté, force parfois l’équipe de rédaction à inventer des traductions pour les titres des postes ou des programmes. « Nous faisons de la traduction sans être traducteurs », a-t-il commenté.

Interprétation

Lors du contre-interrogatoire de Bessette, l’avocat du gouvernement territorial, Me Maxime Faille a demandé si la prétention du journal était que toute publicité produite par le gouvernement devait être traduite en français. « Oui », a répondu sans hésiter le témoin. La défense, pour sa part, avait une interprétation différente des obligations du gouvernement en matière de publicité francophone. Selon elle, seules les publicités ayant une incidence dans les zones désignées bilingues – Fort Smith, Hay River, Yellowknife et Inuvik – doivent être traduites.

Me Faille a demandé à l’éditeur si le concept de zone désignée avait été employé pour recenser les publicités non traduites. Ce à quoi le témoin a répondu par la négative.

Plus tôt durant son témoignage, Bessette avait soutenu que le concept de zone désignée était réducteur de droit.

Tout sur le

dossier de la preuve

dans le prochain numéro.