C’est à la suite de pressions soutenues que l’Association franco-culturelle de Yellowknife a fini par se rallier au projet de centre scolaire-communautaire.
Le 15 octobre, l’AFCY a d’abord convoqué une réunion avec cinq autres organismes communautaires francophones de la capitale.
« On soupçonnait que l’association arrive avec une décision », indique Yvonne Careen de l’Association des parents ayants-droit.
En effet, depuis qu’elles ont entamé un recours judiciaire pour obtenir une plus grande école, l’APADY, la Garderie plein soleil et la Fédération Franco-Ténoise pressent l’Association de trancher si elle veut prendre part à un centre scolaire-communautaire. Forts de l’appui de la Commission scolaire francophone de division, ces organismes insistent pour dire qu’il faut profiter de l’agrandissement éventuel de l’école Allain St-Cyr pour doter la francophonie de nouveaux espaces qui seraient greffés à l’école. Et d’après toutes les personnes présentes à la réunion qui ont été contactées aux fins de cet article, l’Association a, à nouveau, été fermement intimée de se brancher.
Cependant, l’AFCY, qui maintient depuis plusieurs mois qu’elle n’est pas en mesure de prendre position dans ce débat, a répété sa position ambivalente à la réunion qu’elle avait convoquée.
« Il n’y a pas vraiment eu de consensus », indique le directeur de la Commission scolaire francophone de division, Gérard Lavigne. « L’AFCY était encore indécise mais se rendait compte de l’urgence [de prendre position] », précise-t-il.
Selon Lavigne, il semble inéluctable qu’un agrandissement de l’école Allain St-Cyr aura lieu. « Au minimum il doit y avoir deux nouveau locaux », rappelle-t-il, en référence à la décision rendue en juin par le juge Ouellette. La Commission scolaire et l’Association des parents doivent présenter prochainement le projet à leur bailleur de fonds, Patrimoine Canadien.
Si, à ce moment, l’AFCY tournait encore autour du pot, «les autres partenaires, poursuit le directeur, étaient univoques. » L’option retenue par le groupe serait un centre scolaire-communautaire issu d’un agrandissement de l’actuelle école Allain St-Cyr.
André Routhier du Conseil de développement économique confirme. « En ce moment c’est notre meilleure option », affirme le directeur qui précise qu’il n’a pas discuté cet avis avec son conseil d’administration.
Toujours selon Routhier, le projet de centre communautaire que proposait l’AFCY dans un plan développé par le CDÉTNO ne tient plus la route maintenant que l’aréna Gerry Murphy n’est plus à vendre.
« On a besoin de nouveaux espaces. C’est vrai pour le Conseil et pour tous les organismes », ajoute-t-il. Un peu narquois, il note que depuis qu’elle a créé un nouveau poste d’agent supérieur de projet, la FFT a re-localisé son agent de la Santé dans le hall d’entrée du CDÉTNO.
À son avis, il serait bête de « répéter la même erreur qu’en 1999 », quand l’AFCY avait refusé de se joindre à un précédent projet de centre scolaire-comunautaire qui coïncidait avec l’érection de l’école Allain St-Cyr.
Si l’intérêt de l’APADY, de la Garderie et de la FFT pour le projet de centre scolaire-communautaire n’est plus à établir, Lavigne, pour sa part, soutient que la Commision scolaire « ne fait pas la promotion active du centre scolaire-communautaire ». Mais c’est quand même lui qui a été mandaté pour promouvoir le projet auprès du conseil d’administration de l’APCY, lundi dernier.
Et il faut croire qu’il l’a bien fait, car au lendemain de cette réunion, l’AFCY a annoncé qu’elle « se rallie à la position de la majorité », selon l’expression employée par le vice-président, Gaspard Kabanga.
« Nous ne voulons pas bloquer le dossier indéfiniment », affirme Kabanga qui précise que c’est en l’absence d’un projet viable de centre communautaire que l’association accepte l’invitation.
Dans une lettre envoyée cette semaine aux organismes francophones de Yellowknife, l’AFCY demande de former un comité chargé de préciser davantage la nature du projet. Des questions comme le partage de la gestion entre le côté scolaire et le côté communautaire y seraient abordées.
À brûle pourpoint, Yvonne Careen estime que l’APADY se joindrait à un tel comité. « C’est ce qu’on attend depuis longtemps », dit-elle.
À la Commision scolaire, Gérard Lavigne indique simplement que « plus les projets se grefferont rapidement, le mieux ce sera pour une planification harmonieuse. »
Parmi les parties que l’AFCY invite aux négociations figure le journal L’Aquilon qui utilise aussi l’espace communautaire francophone de Yellowknife. À chaud, le directeur de L’Aquilon, Alain Bessette, se dit favorable à la proposition.
« On a été engagé dans ces dossiers depuis le tout début, que ce soit dans le milieu des années 1990 quand on parlait de centre scolaire-communautaire ou au début de l’an 2000 quand l’AFCY pilotait le projet de centre culturel communautaire », note Bessette. Il juge, en outre, qu’il était temps que le projet fasse, pour ainsi dire, consensus. « On en parle depuis près de 20 ans. Il est temps que ça bouge. »
Pour sa part, André Routhier affirme qu’il attend une décision du conseil d’administration du CDÉTNO pour afficher ses couleurs. Il suggère, néanmoins, que la participation de son organisme à l’élaboration du projet pourrait se faire à l’intérieur de son champ de compétence. Cela pourrait vouloir dire travailler à la promotion du projet ou concevoir le plan d’affaires, par exemple.
«Pour moi, il s’agit d’une excellente nouvelle où la communauté, dans ses composantes démocratiques de Yellowknife, dégage un consensus unanime vers la mise en place d’un centre scolaire-communautaire. Une démarche de concertation remarquable et porteuse d’une énergie super constructive», a pour sa part commenté le directeur général de la FFT, Léo-Paul Provencher.