Reste-t-il encore de l’espace sur le mur à trophées du restaurant L’Héritage/Le Frolic ? Le 22 octobre, l’entreprise du chef Pierre Lepage et de Julia Tate a reçu une autre distinction.
Le chic restaurant français de Yellowknife est un des quatre lauréats du gala des Lauriers de la PME qui récompense des entreprises francophones canadiennes.
C’est avec le Laurier du secteur touristique que les entrepreneurs franco-ténois sont repartis.
Pour se mériter le prix, les finalistes nominés par leur Réseau de développement économique et d’employabilité local (ici le CDÉTNO) devaient se distinguer tant par leur performance économique que par leur engagement communautaire.
Selon le directeur général du CDÉTNO, L’Héritage avait le profil du gagnant. « L’Héritage/Le Frolic est une excellente entreprise, un exemple concret de ce qu’il faut faire pour demeurer compétitif, tout en restant impliqué dans la communauté, prélevant des fonds pour des groupes comme l’hôpital et l’Association franco-culturelle », dit celui qui est lui-même un bon client du resto de la 49e Rue.
Lepage a ouvert ce restaurant coté quatre diamants par le CAA en 1999. « Les mines de diamants ouvraient, j’ai vu une nouvelle clientèle, qui portait la cravate », explique-t-il.
b Il est heureux de cette nouvelle récompense qu’il dédie à son personnel. En accord avec le directeur du CDÉTNO, il indique que ce prix est encore plus salutaire qu’il est remporté par une entreprise au Nord du soixantième parallèle. « Lorsqu’on est à Yellowknife, à la fin du monde, tout aide. »
Recevant son trophée de verre, il a invité les convives à aller faire un tour dans le Nord. «Nous avons tout ce que vous n’avez jamais vu avant! »
Lepage et Routhier ont profité de ce moment de gloire pour mettre un peu de pression sur le gouvernement des TNO pour qu’il investisse plus activement dans le secteur touristique.
« Cette reconnaissance est bonne pour l’industrie touristique des TNO. C’est une visibilité gratuite. Mais lorsqu’on compare nos budgets de marketing touristique avec ceux des autres provinces et territoires canadiens, c’est difficile pour nous de concourir. En tant qu’entrepreneur nous avons une certaine responsabilité, mais nous ne pouvons pas le faire seul. Nous avons besoin d’aide de notre gouvernement », affirme le chef.
D’autres gagnants
Il y avait 30 finalistes, provenant des 10 provinces et des trois territoires.
Dans le secteur économie du savoir, où il y avait six finalistes, le Laurier a été attribué à Assessement and Intelligence Systems (AIS), de Winnipeg au Manitoba. Cette firme se spécialise en évaluation de besoins en soins de longue durée.
Son président, Gérald Labossière, a déclaré que de gagner le Laurier de la PME donnerait plus de crédibilité à la compagnie. « Cela provient d’une organisation nationale, cela a une certaine importance. Quand une compagnie est reconnue ainsi, n’importe quand, c’est positif. »
Dans le secteur du développement rural, l’entreprise MQM Manufacturier Qualité s’est mérité le Laurier de la PME. Cette firme de Tracadie-Sheila, au Nouveau-Brunswick, dessine et construit des charpentes et des structures d’acier et a développé des marchés dans tout l’est du pays ainsi qu’au nord-est des États-Unis.
« C’est important, pour les francophones, de se tenir », a dit Léopold Thériault, l’un des trois propriétaires de MQM Manufacturier Qualité, lors de son discours. Par la suite, il a confié que le trophée appartenait à tout le groupe, à tous les employés. « Le succès d’une entreprise, ce sont ses employés ». MQM Manufacturier Qualité en compte 75, dont les trois enfants de M. Thériault et leurs conjoints. Normand Haché, de Caraquet, était avant 1996 employé de MQM Manufacturier Qualité. Il a par la suite lancé son entreprise de dessins d’atelier pour structures d’acier, Haché Services Techniques. Cette entreprise, dont la moitié des 10 employés ont moins de 35 ans, a gagné le Laurier de la PME, secteur Intégration des jeunes dans le développement économique. Recevoir un tel honneur, a déclaré M. Haché, trophée dans la main, « c’est motivant. Cela fait un an que nous avons entendu parler de ce concours, et la compétition était très forte. » Le jury ne pouvait accorder que quatre prix, mais il a toutefois donné une mention « Coup de cœur » à La Maison des bouteilles, de Cap-Egmont, à l’Île-du-Prince-Édouard. C’est un geste qui a touché la propriétaire, Réjeanne Arsenault, qui a mentionné que l’entreprise célébrait 25 années d’exploitation.
Les 300 convives qui ont assisté à ce gala, à Ottawa, ont eu l’occasion d’échanger au sujet de faire des affaires, en français et en milieu minoritaire. Comme l’a remarqué la présidente sortante de RDÉE Canada, Claire Bélanger-Parker, « nous célébrons l’excellence dans le monde des affaires francophones. Célébrons ce réseau. » Elle a traité de stratégies axées sur les résultats et a mentionné que la valeur des entreprises francophones était démontrée.
André Routhier du CDÉTNO renchérit. Le prix remporté par L’Héritage/Le Frolic, dit-il, « c’est un aboutissement du discours qu’on tient depuis longtemps : le bilinguisme en affaire est une valeur ajoutée. »