L’Assemblée générale annuelle (AGA) du Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO) a été très mouvementée, le 6 décembre, avec de nombreux débats et l’élection d’un nouveau président.
C’est le président actuel de la Fédération franco-ténoise (FFT), Fernand Denault, qui a recueilli le plus de votes parmi les quatorze membres présents pour ainsi accéder à la présidence du CDÉTNO dans une course à trois candidats. Le président sortant, Jean-François Pitre, et l’administrateur au CDÉTNO depuis deux ans, Simon Lamoureux, étaient les deux autres membres qui ont sollicité le poste.
Membre régulier du CDÉTNO en tant que représentant de la firme apparentée Boréal Consultants, qui est reliée avec la FFT, Fernand Denault, avait la possibilité d’être candidat. « J’ai de l’intérêt pour le développement économique communautaire. J’en ai toujours eu. C’est un aspect que j’ai travaillé dans plusieurs domaines. Et puis, je sentais le besoin de faire quelque chose d’un peu différent », a-t-il invoqué, pour expliquer sa décision de se présenter.
M. Denault n’a cependant pas voulu commenter si cette manœuvre se voulait un désaveu du travail de la précédente administration et de son président Jean-François Pitre.
Lorsqu’on lui demande si le retour du CDÉTNO dans le réseau associatif de la FFT était une des principales raisons de se présenter, Fernand Denault répond simplement qu’ « il y a plusieurs éléments qui ont motivé ma décision ».
Aussitôt terminée l’étape des élections, le nouveau président a d’ailleurs fait une proposition en ce sens lors du varia. Dans le débat qui a suivi, il a fait valoir que le départ du CDÉTNO s’était fait sans consultation de ses membres et qu’aucun effort n’a été fait lors de l’AGA pour corriger la situation. « Si on veut agir de façon démocratique, c’est bon de consulter ses membres », a-t-il déclaré.
Des membres du CDÉTNO comme Patrice Lapointe et Donald Violette se sont cependant questionnés s’il était pertinent de discuter de ce point lors de l’Assemblée préférant que la question soit discutée lors du prochain conseil d’administration (CA). Finalement, aucun vote n’a été procédé sur le sujet, car le quorum n’était plus atteint à ce moment et l’AGA a dû être ajournée selon les statuts et règlements de l’organisme.
« Un conflit d’intérêts »
À défaut d’être réélu président, Jean-François Pitre se retrouve maintenant sur le CA du CDÉTNO en compagnie de George Cornelissen, Pierre LeBel et Pierre Lepage.
Le président, qui était en poste depuis la fondation du CDÉTNO par la FFT en 2003, s’est dit déçu de la tournure des événements et du fait que peu de membres étaient présents. « C’est un takeover qu’il voulait. Il avait amené son monde et ils votaient tous en bloc. […] Les autres, nous n’étions pas assez », a indiqué Jean-François Pitre, qui croit que le résultat aurait été bien différent avec la présence de plus de membres.
Il remet en question la présence de Fernand Denault comme président du CDÉTNO en raison de la situation de conflit d’intérêts engendrée par sa position de président de la FFT. Il donne l’exemple de la proposition de réintégrer le réseau associatif de la FFT lors du varia de l’AGA. « C’est un conflit d’intérêts total. Tu es président d’une autre association et c’est toi-même qui fait la demande. […] Pour tous les dossiers qui ont à faire avec la Fédération et ses membres, il est en conflit d’intérêts », a déploré M. Pitre.
L’ex-administrateur du CDÉTNO Simon Lamoureux partage le même avis. « Il est président de la FFT et il veut ramener le Conseil sur la FFT. Je ne sais pas ce que je peux dire de plus. Un plus un égale deux », a-t-il indiqué.
M. Lamoureux a noté le ridicule de la situation lors de l’AGA en parlant des communications éventuelles entre les deux organismes. « Il faut croire que le nouveau président va s’écrire des lettres à lui-même », a-t-il lancé devant les membres.
Fernand Denault réplique qu’il ne s’agit pas d’un conflit d’intérêts et qu’il est tout à fait légitime pour lui d’être président du CDÉTNO, car il est membre en bonne et dû forme. Jean-François Pitre a aussi questionné le fait que le nouveau président ne provienne pas du secteur de l’économie. « Ça ne me dérange pas qu’il vote, mais quelqu’un qui est président du CDÉTNO et qui n’est pas dans la business, je ne comprends pas ça. Il est appointé [à Boréal Consultants], ce n’est pas à lui la business », a-t-il affirmé.
Le président réplique qu’il n’est pas néophyte dans ce domaine. « Il fait grande erreur. Je suis président fondateur du CDÉTNO. J’étais aussi le président du comité d’orientation qui a créé la coopérative Yellowknife Direct Charge Co-op. Aujourd’hui, ça dessert 58% de la population de Yellowknife. De dire que je n’ai pas d’expérience dans le secteur économique, c’est un peu méconnaissant », a raconté M. Denault. « C’est vrai que je n’ai pas géré d’entreprise à profit personnel, mais j’ai géré des entreprises au bénéfice général, et ça, c’est aussi important. Le développement économique communautaire est aussi important et a même plus d’impacts durables », a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, Simon Lamoureux trouve dommage cette « ingérence » de la FFT alors que le CDÉTNO était sur une belle lancée depuis un certain temps. « Quand quelque chose va super bien, pourquoi aller se présenter? Ça fait deux ans qu’on travaille comme des fous. On a une belle équipe, les projets vont de l’avant et tout le monde est content. Puis là, lui il arrive. Je n’en reviens tout simplement pas; les bras nous sont tombés par terre », a-t-il révélé.
De l’action à prévoir
En début de semaine, la direction générale du CDÉTNO a confirmé que l’AGA serait reprise le 20 décembre à 19h à la salle de réunion de la bibliothèque municipale de Yellowknife. Jean-François Pitre et Simon Lamoureux ont dit que la soirée risquerait fort bien d’être fertile en débats. « Le varia est complètement ouvert. N’importe quoi peut-être remis sur l’AGA. Il y a des choses qui peuvent changer encore », a soutenu M. Pitre.
Les deux n’excluent pas la possibilité que des élections soient reprises, considérant le peu de membres présents lors de la première rencontre. « Ça pourrait. Légalement, tu aurais le droit. Je ne dis pas que ça va arriver, mais on verra dans le varia », a souligné M. Pitre. « C’est une possibilité », a renchéri M. Lamoureux
De son côté, le président nouvellement élu est resté incrédule face à cette éventualité. « Reprendre les élections? C’est fait! », a réagi M. Denault.